06 Mar Bloc Party se met le Trianon dans la poche
En dépit de l’accueil mitigé pour leur dernier album, Bloc Party n’a pas perdu de sa superbe en live.
Après un court hiatus de deux ans, la bande de Kele Okereke était de retour avec un cinquième album, HYMNS, décidément plus électro que son prédécesseur. De quoi s’attirer les foudres des fans de la première heure, qui s’attendaient sans doute à un come back dans la veine rock d’un Silent Alarm. Néanmoins, une chose est sûre, le charismatique frontman, malgré un démarrage assez poussif, a mis tout le monde d’accord sur scène au Trianon.
On commence la soirée de la manière la plus étrange qui soit avec Oscar, qui, avec une dégaine aussi originale que ridicule (le combo veste Mickey – marinière, ça ne laisse personne indifférent), n’a pas à trop se forcer pour amuser la galerie. Grand sourire et quelques mots bredouillés en français : le chanteur remplit le contrat niveau communication. Au niveau de la musique, avec sa voix caverneuse, il ne s’en sort pas trop mal non plus, sans pour autant sortir un son révolutionnaire. Dans la salle, l’ambiance n’est malheureusement pas au rendez-vous : la bonne volonté du monsieur ne semble pas vraiment atteindre les fans de Bloc Party.
Même pour Kele et son groupe, les premières minutes sont assez compliquées. Only He Can Heal Me, tiré du dernier album, n’a pas l’air d’emballer une grande partie du public, tout comme Octopus. La frustration se lit sur les visages du groupe et le frontman, légèrement désabusé, essaye tant bien que mal de galvaniser l’assemblée. Pire encore, il est obligé d’interrompre Virtue pour réprimander quelques éléments perturbateurs glissés dans la masse, « ça me déçoit de voir qu’on ne passe pas un bon moment à nos concerts », ajoutera-t-il à la fin du morceau. Message reçu par le Trianon, qui commence à se défouler sur Waiting For The 7.18 puis sur Song For Clay. En diesel, Okereke trouve progressivement ses marques pour exploiter à fond son énergie et décrisper sa communication. Et la machine sera définitivement enclenchée sur le cultissime Banquet : le plancher de la salle oscille enfin.
La mécanique est désormais bien graissée et la lumière salvatrice de Banquet ne faiblira pas. Que ce soit sur du Silent Alarm (Positive Tension) ou du HYMNS (Different Drugs), le leader du groupe parvient à tout faire passer, mis en confiance par un public enfin conquis. On remarque que tout le monde, que ce soit sur scène, dans la fosse ou dans les gradins, prend du plaisir et est bien décidé à passer un excellent moment. Même le mystique The Love Within obtient les faveurs de l’assemblée. Mieux : avec l’énergie de Kele, il se révèle terriblement efficace en live. C’est sur cette belle lancée que Bloc Party décide de quitter la scène, évidemment pour se faire rappeler et de nouveau fouler les planches quelques minutes plus tard.
L’instant émotion de la soirée est fourni par un joli hommage à David Bowie sur Heroes, interprété de fort belle manière. Histoire d’enfoncer le clou, l’imparable Helicopter déchaîne de nouveau les foules. Pour conclure ce set de très bonne facture, Bloc Party nous fait encore vibrer avec Ratchet avant de nous offrir les derniers frissons sur l’envoûtant This Modern Love. La formation salue chaleureusement un public aux anges avant de retourner dans les loges. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas les dernières compositions d’Okereke, une chose est sûre, ce sera toujours compliqué de passer un mauvais moment quand Bloc Party est sur scène.
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