Jake Bugg – Hearts That Strain

Prolifique. Le musicien Jake Bugg, qui ne pose jamais vraiment sa guitare, propose son quatrième album. Mélancolique et pictural, cet opus bouillonne d’émotions qui semblent avoir mûries bien trop longtemps. 

Un album de Jake Bugg, c’est toujours une surprise. Après avoir sorti son troisième effort de britpop On My One l’an dernier, le musicien ose traverser l’Atlantique et aborde cette fois-ci les terres arides de l’Amérique. De l’Arkansas au Montana, ce nouvel album, Hearts That Strain, déroge aux sonorités habituelles de Bugg. S’il s’ouvre docilement avec les ballades How Soon The Dawn et Southern Rain, la production frappe pourtant davantage que les précédentes oeuvres. Les guitares, ponctuées avec discrétion par un harmonica, posent un décor totalement rafraîchissant. Il ne faudra pas compter sur une structuration musicale ultra-complexe, non, juste une poignée de jolis morceaux qui vous accompagneront mains dans la mains, on l’espère, pendant cette demi-heure d’écoute.

Du très Dylanien This Time à la lettre d’adieu Every Colour In The World, la vibe s’étire et se ressent amplement. Ce voyage initiatique se perd dans des contrées étonnantes. Parfait exemple qu’est la collaboration avec Noah Cyrus (qui, il faut l’avouer, à la même voix que sa soeur Miley), reprend les codes jazzy qu’Amy Winehouse avait su appréhender avec avant sa disparition. Un saxophone, vraiment ? La maîtrise demeure, parallèle à la surprise. In The Event Of My Demise, single en puissance, possède cette force étrange. Jake Bugg adopte ici une voix plus aiguë, très semblable à Jake Bagshaw de Temples. Le psychédélisme, pourtant, est laissé de côté (pour le prochain album ?).

Jake Bugg a toujours été bercé par les slows. The Man On Stage, suivie de l’éponyme, cultivent un agréable minimalisme. Les instruments savent se doser, construisant de très belles mélodies. S’en suivent les plus pêchues Burn Alone et Indigo Blue, deux pépites rock-folk qui aborde la country avec inventivité. À mi-chemin entre les plus belles heures des Fleetwood Mac, Jake Bugg sait aussi rester dans propre sillon en bâtissant des morceaux prenants, aux refrains suffisamment fédérateurs. Le cahier des charges est rempli, en tout cas, bien qu’expédié. Pas un morceau de plus 4 minutes, juste 11 titres soufflés d’efficacité et, en plus, d’inspiration. On est encore loin du chef-d’oeuvre, mais c’est irrésistible. Un effort salué.


Tracklisting

How Soon The Dawn

Southern Rain

In The Event Of My Demise

This Time

Waiting (feat. Noah Cyrus)

The Man On Stage

Hearts That Strain

Burn Alone

Indigo Blue

Bigger Love

Every Colour In The World

Nos morceaux favoris : How Soon The Dawn, Waiting, The Man On Stage, Indigo Blue…

La note : 8/10

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