Trampolene – Swansea To Hornsey

Trampolene partagent une collection de chansons et de poèmes à tomber par terre.

 

 

Si vous ne les connaissez pas, Trampolene se sont trois Gallois de Swansea. Au chant et à la guitare, Jack Jones, à la basse, Wayne Thomas et à la batterie, Rob Steele. Le groupe existe depuis plusieurs années déjà et s’est déjà doté d’une petite fanbase très réactive. À l’image du groupe en fait, car Trampolene n’ont cessé de produire de nouveaux titres et de les partager. Car oui, qu’est-ce qu’on l’avait attendu cet album ! Après une flopée d’EPs, que Trampolene regroupaient sous le nom de « Pocket Album », leur chemin parcouru depuis vient se couronner avec la sortie d’un premier album intitulé Swansea To Hornsey. Et avec tant de matière concoctée au préalable, beaucoup de titres présents sur l’opus ne sont pas une découverte. Qu’importe, le passage des EPs aux albums est nécessaire dans le monde de la musique et voir Trampolene franchir le pas signifie peut-être qu’ils sont prêts à aller plus loin. Enregistré à Londres, l’album fait d’ailleurs référence à ce chemin parcouru : de Swansea, leur ville natale, à Hornsey, le quartier londonien où se situe le studio d’enregistrement.

Pour ceux qui connaissaient déjà le groupe, ce qu’on entend ne sera donc qu’une demie surprise. Il y a tout de même des nouveautés, et nous les évoquerons plus tard, qui s’inscrivent dans la continuité de ce que le groupe proposait auparavant mais aussi plusieurs chansons qui ont été réenregistrées. Découvrons donc cet opus.

Malgré le style rock assumé par la bande, c’est d’une manière on ne peut plus calme que s’ouvre cet album : Jack Jones, leader du groupe, s’offre dès le début un poème intitulé Artwork Of Youth. C’est une façon efficace pour nous faire rester car on reste suspendu aux lèvres de Jack Jones qui dégaine sa poésie et ses textes. On boit ses paroles et sa diction est intrigante. On se doit de l’écouter jusqu’à la fin. Une telle expérience est encore plus frappante sur scène.

Le deuxième titre est l’un des morceaux phares du groupe puisqu’il s’agit d’Imagine Something Yesterday, subtil hommage aux Beatles dans l’intitulé. Et là, déjà, il est agréable de constater et de découvrir qu‘Imagine Something Yesterday est une nouvelle version. Problème, je le trouve moins puissant que l’original, notamment sur le fameux pont « It’s not who I am, it’s who I’m gonna be ». On dirait une version assagie de la chanson. Seul point positif du côté instrumental : la chanson s’est enrichie d’une outro d’une minute. En revanche, la qualité des textes de Jack Jones est toujours présente, en témoignent les « Your knowledge is not power, it just makes you more dower » et autres « It’s not just a bad day, it’s a bad decade. »

Toujours est-il que c’est parti : Trampolene nous emmènent dans leur royaume rock avec un trio des plus efficaces guitare-batterie-basse. Si l’album est agrémenté de quelques poèmes, la majorité s’avère être du type garage-rock énergique avec Alcohol Kiss, Dreams so rich, life so poor, You Do Nothing For Me et bien d’autres. La liste est longue. Trampolene proposent des titres agressifs, taillés pour le live avec des riffs accrocheurs, et ce sont ces titres qui font leur force sur scène. Les poèmes font leur originalité. Le mélange des deux leur identité.

 

Entre quelques morceaux arrivent des périodes d’accalmie. Pour ce faire, Trampolene procèdent de deux manières. Soit ils proposent des ballade lancinantes comme The Gangway, soit ils laissent le chanteur Jack Jones, à la voix si singulière et si agréable, nous réciter un poème accrocheur et déprimant dont il a le secret. Il faut en effet avoir à la fois le talent pour écrire mais aussi le talent pour réciter. Il semblerait que le chanteur ait les deux. L’un des atouts du groupe est indéniablement cette capacité versatile – dans le bon sens du terme – à proposer plusieurs types de morceaux et à les utiliser à bon escient. En fait, chacun y trouvera son compte. De l’amateur de rock au mordu de poésie, en passant par le mélancolique à la recherche du calme.

L’album se compose de 14 titres – c’est déjà beaucoup – et il fallait donc nécessairement choisir quels titres présents sur les précédents EPs allaient avoir le privilège d’être de nouveau présents sur cet album. On peut alors regretter que certaines beautés comme I’m On My Own, Camden Mannequins ou No One’s Got Love Like We Got soient absentes de Swansea To Hornsey.

Du côté des nouveautés, on retiendra surtout The Boy That Life Forgot, un titre splendide et émouvant à souhait. Mêlant avec brio acoustique et électrique, ce single est l’un des piliers de l’opus tant il est puissant. Primrose Hill – 5th Remember, gros titre rock avec des airs de heavy-metal est intéressant mais ce n’est pas celui qui me marquera le plus au final. Quant à Already Older Than I Dreamed I’d Be, sa structure est intéressante car les deux premières minutes nous plongent dans un tel calme qu’on reçoit le solo de guitare comme une claque en pleine figure. La quatrième et dernière nouveauté – même si elle a déjà été jouée sur scène – s’intitule Storm Heaven où, une fois de plus, un rock plein de distortion nous attend. Le contraste avec la piste qui suit – la dernière – Pound Land, poème, est saisissant mais il reflète bien l’identité du groupe.

Swansea To Hornsey est donc un album convaincant. Un concentré du meilleur de Trampolene – enfin presque si on déplore l’absence certains titres comme ceux évoqués plus haut. C’est la récompense après quelques années d’activité et de créativité de la part du groupe et la cerise sur le gâteau après des EPs de qualité. En plus, la fin de l’année ne peut qu’être belle pour le trio : après la sortie de leur premier album (qui reçoit déjà de bonnes critiques), les trois compères s’apprêtent à tourner avec The Libertines et Liam Gallagher. Quand on aspire à être un groupe de rock connu sur la scène britannique, difficile de faire mieux ! Qu’ils profitent de cette belle fin d’année et que 2018 soit aussi belle pour eux.

 

Tracklist :

Artwork of Youth
Imagine Something Yesterday
Alcohol Kiss
Dreams so rich, Life so poor
The Gangway
Ketamine
You Do Nothing For Me
Primrose Hill – 5th Remember
The Boy That Life Forgot
Beautiful Pain
Already Older Than I Dreamed I’d Be
Blue Balls & A Broken Heart
Storm Heaven
Pound Land

Nos titres préférés : The Gangway, Beautiful Pain, The Boy That Life Forgot, Pound Land

LA NOTE : 9/10
 

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