L’incandescent rock de Royal Blood embrase le Zénith

Royal Blood étaient attendus au tournant pour cette date au Zénith, stratégiquement calé pour défendre leur deuxième opus. Alors, pari gagné? Récit.


Double déferlante rock ce soir sur le Zénith: nos protégés Black Honey ouvrent ainsi pour les désormais titanesques Royal Blood, indéniables rois de l’ascension fulgurante ayant l’audace de remplir un Zénith par la seule force de leurs 2 instruments. Impossible de refuser cette affiche composée spéciale UK, et c’est quand les lumières s’éteignent dans l’enceinte du Zénith que les premiers cris retentissent.

20h pile, le quatuor Black Honey s’avance sur scène. Plus prêts que jamais, les musiciens attaquent d’entrée avec un All My Pride ultra-efficace. Force est de constater que 2 mois après leur retentissant set au Supersonic, le groupe ne perd rien de son énergie dans un (beaucoup) plus grand cadre: la salve rock est fulgurante, et si les structures sont quelques peu convenues, le tout est relevé par un plaisir communicatif, un contact parfaitement dosé et des riffs implacables. Peut en témoigner le superbe Somebody Better, détonnant.

« Notre album arrive l’année prochaine, voilà notre nouveau single ». Le groupe déploie RIP, plaquant un riff dantesque en fin de course résolument décoiffant. Changement d’ambiance avec Spinning Wheel, dont les guitares nous propulsent en pleine course-poursuite dans les grands horizons américains, nous ramenant directement au générique de Pulp Fiction. Un Corrine de conclusion, un lever de verres général tandis que le public (plutôt apathique) est remercié, et le groupe claque une ultime droite au Zénith, chauffant une ambiance un peu tiède. Simple mais efficace et réjouissant, la formule Black Honey donne évidemment envie d’en entendre plus; l’épreuve du live, elle, est passée sans souci.

Fin des préliminaires. Rock star sympas, les deux potes de Royal Blood montent sur scène à 21h pétantes, tandis que l’impressionnante structure lumineuse mise en place s’allume d’épileptique manière. Accompagné de 2 choristes, chargées d’apporter la touche chœurs féminins nécessaire, le duo lâche un show How Did We Get So Dark? de haute volée, justement ouverture de leur éponyme 2ème album. Le public se chauffe un peu, les deux musiciens non; déjà chauds comme la braise, ils balancent une ligne d’outro renversante dévergondant enfin cette bien trop sage foule. La machine est lancée.

Fonctionnant quasi-systématiquement par tirs groupés, le duo alterne entre nouveautés de leur deuxième album et valeur sûres de leur désormais presque culte premier éponyme album. Les singles Where Are You Now? et Lights Out sont envoyés en éclaireur, pour mieux balancer en une seule transition Come On Over et You Can Be So Cruel, titres bien-aimés bénéficiant même d’une (première des nombreuses) extended outro. Les premiers rangs se chahutent, se percutent, se soulèvent, font résonner l’enceinte du Zénith. Les premiers courageux crowd-surfers tentent leur chance coûte que coûte, finissant généralement les pieds en l’air, la tête frôlant le sol. Aucun doute: c’est rock.

Et le rock ce n’est pas que la musique, mais aussi l’attitude. Le génialement monolithique Ben Thatcher gère ses effets pour mieux stimuler la foule au moindre signe de sa part, tandis que Mike Kerr, sa basse en main, invective la foule avec un minimum d’un « fuck » « fucker » ou « fucking » par phrase. Inimitable. Le chaos reprenant avec le remarquablement bien accueilli I Only Lie When I Love You, les compères font preuve d’une technicité impeccable, qu’ils maintiendront tout du long de leur heure et demie de set. Imparable.

Le tandem She’s Creeping et Look Like You Know viennent faire redescendre la température, l’occasion de profiter d’honnêtes compositions du second album du tandem; avec une mention spéciale pour le deuxième morceau susnommé, au refrain diablement émouvant. Mais il est l’heure de dynamiter les choses: le très heavy Hook, Line & Sinker vient se glisser entre un Little Monster du feu de dieu, enrichi d’un inimitable solo de l’ami Thatcher, et l’électrique slow Blood Hands. Le duo est roi dans son domaine, ne se détachant jamais d’un regard d’assurance total; même quand un tom doit être changé entre deux morceaux.

Petite baisse de régime au moment de Don’t Tell, composition la moins inspirée de How Did We Get So Dark?. La conclusion dudit album Sleep vient secouer un peu l’audience, pour mieux enchaîner avec le ténébreux Hole In Your Heart et son bienvenu clavier. Tout cela avant l’ultime enchaînement qui marquera le début du titanesque climax de ce concert. Le riff de Loose Change vient faire trembler le Zénith, presque immédiatement suivi de celui de Figure It Out; ou comment brasser 2 de ses meilleurs compositions en un même époustouflant geste sonique venant renverser le public. Le duo s’absente; pour une très courte durée.

L’impeccable light show nous éblouissant toujours autant, Royal Blood lâchent un furieux Ten Tonne Skeleton sous tension. Puis silence complet: Mike Kerr soulève la foule sans un mot, avec seulement quelques mouvements de bras épaulés par le constamment éblouissant light show. Lâcher prise total: Out of the Black vient secouer une ultime fois le Zénith. Traditionnel bain de foule pour sir Thatcher, et le tout s’achève dans un chaos jouissif de ligne de basse monstrueuse et de batterie énervée. Les gars de Royal Blood ont du mal à croire ce qui vient de leur arriver; et c’est pareil pour le public, des premiers aux derniers rangs.

Évidemment, tout ceci n’est appréciable que si une formule rock assourdissante vous convient, et si vous êtes adeptes d’attitude scénique ridiculement outrancière. Et si la recette Royal Blood commence à montrer ses limites en studio, force est de constater que l’épreuve du live leur est totalement acquise, transformant de très bon titres rock en hymnes titanesques appréciés de tous; il suffisait de voir la réponse du public à Little Monster, Figure It Out et surtout Out of the Black dans le Zénith ce soir. Reste à voir si le duo tiendra sur la durée; pour le moment, les deux potes tirent le meilleur de leur vie de rock-star, et nous le rendent bien.

________________________________________________________________________________

Setlist Royal Blood @ Zénith de Paris

How Did We Get So Dark?

Where Are You Now?

Lights Out

Come On Over

You Can Be So Cruel

I Only Lie When I Love You

She’s Creeping

Look Like You Know

Little Monster

Hook, Line & Sinker

Blood Hands

Don’t Tell

Sleep

Hole In Your Heart

Loose Change

Figure It Out

Ten Tonne Skeleton

Out of the Black

No Comments

Post A Comment