31 Jan La déesse rock Anna Calvi embrase la salle Pleyel
De nombreux mois après son formidable Hunter, la renversante Anna Calvi était ce soir sur la scène de la salle Pleyel pour un live incandescent. Récit.
Riffs de guitare abrasifs, chant virtuose et aérien, batterie implacable, claviers majestueux; quand Anna Calvi monte sur la scène de la salle Pleyel à 21h tapantes, l’excitation est palpable. Hunter, tiré de son éponyme dernier album, démontre en quelques mouvements l’ampleur sonique de ce trio scénique au son impressionnant. Performeuse confirmée, la guitariste sait dans un premier temps ménager ses effets.
C’est ainsi dès le vénéneux second morceau, Indies or Paradise, que Mme Calvi s’avance, guitare en main, sur le long d’une avancée traversant quasiment toute la longueur de la fosse. L’occasion de privilégier le contact avec les fans présents au premier rang, avec des échanges de regards passionnés et des contacts intimes et émouvants.
Petit aller-retour le temps d’un As a Man fidèle à sa version studio, tout en puissance retenue. La chanteuse s’amuse alors à tenir la salle en entière en haleine avec un simple riff, une simple note, suspendant la respiration de chaque membre de l’audience; prélude d’un Wish assourdissant et renversant de maîtrise, sublimé par un jeu de lumières ample et éclatant. Anna Calvi, facétieuse, insatiable, parcours et s’effondre sur l’avancée, se servant de son micro comme de mediator larger than life, le fracassant avec vigueur contre sa six cordes. Solo sur solo, sans rien perdre de son charisme naturel, la musicienne achève le titre sous les applaudissements d’un public à sa merci.
Il est alors temps de faire redescendre à la température. D’abord en solo, Anna Calvi prend le temps d’accorder sa guitare avec quelques harmonies vocales d’une élégance folle avant de proposer un Eden purement sublime. Rejointe par ses deux acolytes, la musicienne propose maintenant les élégants Away et Swimming Pool; oui, mieux valait connaître Hunter sur le bout des doigts pour ce soir.
Retour aux classiques; sous les cris du public, ravi de ce retour aux sources, la guitariste déterre le puissant Suzanne and I et l’éclatant I’ll Be Your Man. De rythmique énervée en solos maîtrisés du bout des doigts, bottleneck toujours à portée d’annulaire, miss Calvi ne fait aucun faux pas, délivrant quelques brefs mais sincères remerciements entre deux morceaux.
Retour à Hunter et aux riffs hautement inflammables; Don’t Beat the Girl Out of my Boy, suivi de très près par le mémorable Alpha, achèvent d’affirmer le talent d’Anna Calvi et de ses musiciens. Alors que les ultimes notes résonnent, la chanteuse s’effondre au sol, achève ses riffs allongée par terre, ne frôlant jamais la fausse note, sous le regard de premiers rangs admiratifs. Quelques prétendus ultimes remerciements surgissent; mais personne n’est dupe.
De nouveau seule, Anna Calvi s’empare de sa guitare. « Cette chanson est pour vous ». Entre alors la surprise Jezebel, titre à l’origine de Frankie Laine ensuite repris par Édith Piaf, et donc ici interprété en français dans le texte par la chanteuse avec un accent à tomber par terre. Y a-t-il quelque chose qu’elle ne sait pas faire?
L’ouverture Hunter paraît maintenant bien loin, et le set de lady Calvi touche à sa fin. La fan favourite Desire résonne sous les acclamations du public, et le trio conclut le concert sur Ghost Rider, reprise épileptique, ténébreuse et infernale du titre de Suicide. Ancrée à l’avancée, la guitariste s’abandonne à son art, fracassant son instrument au sol avec élégance et rage, sous le regard de ses deux comparses et du public, épaté et amusé. C’est sous une pose théâtrale et poussant à l’acclamation que la musicienne récolte ses lauriers et s’éclipse, cette fois pour de bon. Grâce et férocité, technicité et ferveur: Anna Calvi a livré un set volcanique et mémorable, avec une aisance déconcertante. On est toujours sous le charme.
Setlist Anna Calvi @ Salle Pleyel (30/01/2019)
Hunter
Indies or Paradise
As a Man
Wish
Eden
Away
Swimming Pool
Suzanne & I
I’ll Be Your Man
Don’t Beat the Girl Out of my Boy
Alpha
–
Jezebel
Desire
Ghost Rider
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