14 Mar Deaf Havana à la Maroquinerie : ça s’annonçait catastrophique
Deaf Havana mardi 12 mars 2019 : « C’est littéralement la pire chose qui pouvait nous arriver et on ne l’a su que deux minutes avant de monter sur scène. »
Un début de concert compliqué
Mercredi 13 mars annonçait le retour de Deaf Havana a Paris, seulement quelques mois après leur concert avec Nothing But Thieves. Les conditions étaient optimales pour accueillir le groupe de Norfolk : la météo était correcte, les fans étaient au premier rang et la salle était assez remplie sans être étouffante. Optimales a un détail près. Il est 20h40, la première partie, Flèche¸ vient de terminer de jouer et les techniciens s’affairent à préparer la scène pour la tête d’affiche. Assez vite les visages semblent soucieux. A 21h21, James Veck-Gilodi, le chanteur, arrive enfin sur scène une guitare sèche à la main. Il explique qu’ils ont un problème technique et que de fait, ils sont incapables de réaliser le concert qu’ils avaient prévu. Tous leurs arrangements électroniques sont inaccessibles et ils n’arrivent pas à régler ce problème. On sent que James est frustré par cet aléa et bien qu’il joue un premier morceau en voix / guitare, il n’est pas totalement dedans. Heureusement le public est là pour le rassurer. Les fans sont contents d’être là et soutiennent leur groupe préféré peu importe les conditions. Des premiers accords de guitare jusqu’à la dernière note du concert, le public n’a pas cessé une seule fois de chanter avec Deaf Havana.
James présente donc deux chansons en acoustique avec sa guitare, puis avant d’entamer sa troisième, toujours embêté par ce problème technique, il demande le soutien de son frère, guitariste du groupe : « J’ai besoin de mon frère là ». Toujours en acoustique, les deux sont alors ensemble pour les deux chansons avec Matthew (le frère de James) au tambourin. Matthew est sincèrement heureux de voir la réaction du public et de partager ce moment avec eux. Le groupe entier arrive finalement sur scène à partir de la quatrième chanson, le guitariste déclare à ce moment-là : « [Cette situation] signifie que c’est vous et nous et qu’on s’amuse ensemble ».
L’esprit rock’n’roll reprend le dessus
A partir du moment où Lee Wilson et Tom Ogden, le bassiste et le batteur, arrivent aussi sur scène, l’ambiance change totalement. Du concert intimiste en guitare voix dans une petite salle cosy, on passe à un show de rock pur. Ils expliquent eux-mêmes avoir l’impression d’être de retour à leurs débuts. Il y a une cohésion incroyable entre le groupe et leur public, ce dernier est là pour célébrer leur musique et le groupe fini par s’amuser de ce désagrément. Les membres du groupe restent quand même déconcertés et ne savent pas tellement quoi jouer. De fait, ils prennent des requêtes directement du public en précisant avant presque toutes leurs chansons « Ce sera peut-être horrible », « On n’est pas sûr de savoir encore la jouer ». Lorsqu’ils s’accordent sur les chansons à jouer les visages ne sont jamais convaincus, James rappelle des accords à son frère, Tom demande comment il doit commencer le morceau, etc. Ils ne peuvent pas présenter leurs derniers morceaux qui demandent une partition enregistrée au clavier indisponible. Ils jouent donc des anciens morceaux ou des arrangements différents, d’où leur inconfort. Leur passion prend néanmoins le dessus et ils jouent presque jusqu’au couvre-feu de la salle offrant une heure trente de musique.
Le concert aurait pu être catastrophique, pourtant il a fini par être splendide. Deaf Havana est passionné et malgré les problèmes, ils aiment jouer leur musique. Le public était grandiose à soutenir ce groupe qu’il aime tant et à lui transmettre son amour inconditionnel. Enfin, cet imprévu a permis de prouver une nouvelle fois que Deaf Havana est un groupe complet : tous les membres maitrisent leur instrument, ils s’adaptent rapidement, ils savent créer de l’énergie à partir de presque rien et ils s’harmonisent avec une facilité sans nom. Surtout, les guitare-voix ont mis en exergue la beauté de cette dernière. James Veck-Gilodi a magnifique timbre qui est parfois cachée par la richesse des pistes instrumentales. A la Maroquinerie il a montré que sa voix est un instrument qu’il maitrise tout aussi bien que sa guitare (si ce n’est mieux).
Si tous les concerts pouvaient être au moins aussi bien que celui-là, pourtant loin d’être idéal (selon les dires du groupe), on serait toujours heureux.
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