18 Avr Interview – Enter Shikari
Entre deux dates d’une tournée colossale, nous avons fait le point avec Enter Shikari sur leur rapport au live, leurs projets futurs et leur épatante longévité.
Vous êtes de retour dans la capitale française, la dernière fois était il y a un et demi ; comment vous vous sentez par rapport à Paris ?
Rou Reynolds (chant, guitare, claviers) : Quand on y a joué la première fois ça nous a paru être une lutte, jusqu’à ce qu’on joue au… Trabendo ? Il y a 7 ans ? C’est une salle rectangulaire au plafond très bas, il faisait putain de chaud ! Pour des raisons qu’on ignore ce show était fou, on avait deux fois plus de public que d’habitude, on était là genre « wow, ça y est, on a Paris ! » [rires]
Liam Rory Clevelow (guitare, chant) : Ce sont des souvenirs précieux !
Qu’est-ce que ça vous a fait de revenir au Trabendo pour la tournée The Mindsweep ?
Rou : … Je ne suis même pas sûr que ce soit cette salle en fait ! [rires] Je vais jeter un coup d’œil, voir à quoi ça ressemble ! [Finalement, Rou n’eut jamais une réponse définitive quant à cette brûlante question]
Rory : Je suis nul à ça, mais je me souviens qu’il y a eu un vrai tournant à Paris, on pensait qu’on nous détestait et finalement pas du tout !
Vous tournez toujours pour The Spark, sorti fin 2017 ; qu’est-ce que ça fait d’être constamment en tournée, de jouer des concerts si souvent ?
Rou : Cette séries de concerts s’est bien passée ! Il y a des moments où t’es genre « merde », t’es épuisé… Je parle pour Rory et les autres qui ont leurs familles, ça doit être très dur… Mais je me sens plutôt frais, plutôt bien en ce moment !
Rory : Si tu prends soin de toi ça va, si tu fais trop la fête tu commences à être fatigué… Je n’en fais pas trop, ça tombe bien !
Qu’est-ce qui vous donne la force d’être aussi énergiques chaque soir ?
Rou : On adore ce qu’on fait ! La musique, la foule, ça nous donne toute l’énergie supplémentaire dont on a besoin ! Si notre musique n’était pas si énergique on n’aurait pas autant d’énergie sur scène, ça nous nourrit ! Il y a des moments où je ne trouve pas l’énergie, que ce soit à cause d’un manque de sommeil, d’anxiété, quelque chose me bloquera ! Mais ça se produit beaucoup moins, ce n’est pas arrivé depuis longtemps. Ça m’arrive souvent aux États-Unis ! On ne fonctionne pas trop là-bas, les européens nous comprennent mieux j’ai l’impression… En tout cas ça n’arrivera pas ce soir !
Un souvenir particulier, très fort, de vos shows récents ?
Rory : Pour moi, c’est… L’autre soir, c’était un genre de flash mob, 20 personnes ont brandi des feuilles avec une photo de Rob affichée tirée du clip de Live Outside où il fait une tête bizarre ! C’était si bizarre, si absurde, ça m’a tué !
Rou : Le côté aléatoire de la chose…. D’où les gens sortent ça ? [rires]
Vous avez cette année sorti 2 albums live simultanément ; pourquoi ce processus ?
Rory : On avait ce live de Moscou depuis un bout de temps et on se disait qu’il était temps de le sortir ! Pour le live à Alexandra Palace c’était une coïncidence, on s’est dit qu’avec l’autre ça pouvait former les deux facettes d’un même médaillon, d’avoir ce contraste entre les deux expériences live !
Rou : On a fait nos plus grosse tournée en Russie, 8 concerts, on voulait garder un peu ça avec nous ! Le public en Russie est génial, et ç’a toujours été une expérience forte pour nous. La première fois qu’on y est allés on ne savait pas à quoi s’attendre, il n’y avait pas encore toute cette approche des réseaux sociaux, l’essor d’Instagram ou de Twitter, donc c’était difficile de savoir si des gens étaient excités de nous voir ou pas, de savoir si on allait même avoir un public ou pas ! [rires] On s’est pointés et il y avait 2000 personnes totalement folles donc c’est toujours un plaisir d’y aller.
La foule la plus folle, toutes tournées confondues ?
Rory : Les Russes je pense. Définitivement les russes ! [rires]
Revenons un peu sur The Spark, avec une approche moins heavy que sur vos précédents albums ; comment avez-vous décidé de cette évolution ?
Rou : Cet album était une décision consciente ; se concentrer plus sur la mélodie, essayer de faire quelque chose de plus minimal, se concentrer sur le songwriting ! Je pense beaucoup au post-punk avec cette démarche ; dans les années 80, au nveau de la scène punk, quand tout était contrôlé, tu devais ressembler à ça, être habillé comme ça, c’est ça qui a donné naissance au post-punk, un acte de libération ; « outpunking the punks ! » [rires] On se sentait un peu comme ça, écrasés, définis comme un groupe bruyant, de post-hardcore, ou quelque étiquette que ce soit. On pensait avoir plus à montrer, plutôt que d’être définis comme juste un groupe agressif, genre « ils crient et c’est tout ». Ce n’est jamais ce qu’on a fait ! On a toujours essayé de fournir un spectre très large d’émotions et d’influences musicales, et on a voulu se concentrer là-dessus.
Une idée de la direction d’un potentiel nouvel album ?
Rou : [soufflant] Hum, non… On a littéralement juste commencé, ou décidé de commencer à écrire de nouvelles choses, on n’en est pas encore là… On joue tout de même un nouveau morceau en live, Stop the Clocks, mais qui ne sera pas sur un futur album, juste un titre à part !
Rou, tes paroles sont toujours très engagées et parlant de sujets très variés ; comment choisis-tu ces thèmes ?
Rou : Depuis The Spark c’est beaucoup plus organisé ! J’ai un document avec une liste de thèmes et d’idées, de choses que je veux dire. Je peux y écrire certaines paroles que je trouve cools. On écrit la musique, on trouve un sens de ce que la musique me fait ressentir, comment ça sonne, et j’essaie de voir quels thèmes fonctionnent avec tout ça ! C’est important pour nous de faire passer ces messages. Ce n’est pas à moi de dire si toute musique doit être politique, mais pour moi c’est naturel. Quand tu regardes l’histoire de notre espèce et l’utilisation de la musique, ça a toujours été une force unificatrice. La musique a toujours servi à célébrer quelque chose, unir les gens ensemble, comme dans les mariages, les enterrements, les célébrations… La musique n’a jamais été une chose clivante, utilisée pour diviser ! La musique est unificatrice de base, donc elle est politique de base ! J’ai l’impression qu’on se sert de la musique comme une force unificatrice, comme si on passait le flambeau en quelque sorte ! Ça me parait donc normal de faire ça !
Enter Shikari approche tranquillement de la vingtaine ; comment vous vous sentez-vous face à cette longévité ?
Rou : Je suis très reconnaissant ! Il y a beaucoup de parties du monde où on grandit encore ; on est passés à Lille et Strasbourg pour la première fois sur cette tournée, et il y avait tellement d’énergie positive ! Les shows en région ont toujours été difficiles pour nous, la scène musicale y est moins importance que sur les capitales, et on n’est pas vraiment un groupe de metal, on est dur à classifier et à digérer, donc on a toujours beaucoup lutté ! Mais là même si les salles n’étaient pas complètes les gens étaient passionnés, c’était super encourageant ! C’est un plaisir de pouvoir toujours être là et de continuer à grandir !
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