03 Juin Office Politics, ton univers impitoyable : l’interview de The Divine Comedy
Neil Hannon discute avec nous de son album Office Politics qui dresse un portrait pertinent de notre société moderne, codifiée et méchamment aseptisée.
Sound of Brit : A nouvel album, nouvel univers. Ici, nous sont décrites les relations souvent difficiles qui régissent la vie de bureau, prenant place dans cette société moderne favorisant la connexion digitale plutôt qu’humaine. Quelle a été votre source d’inspiration ? Avez vous déjà officié dans un bureau ?
Neil Hannon : J’ai en effet mes deux frères qui travaillent dans des bureaux. Pour ma part, musicien a toujours été mon travail ! Mais nous vivons tous dans le même monde, regardons les mêmes programmes, lisons les mêmes livres et journaux. Je me conduis à l’aéroport, je prend l’avion et le métro sans être reconnu (ou rarement), je peux donc observer la vraie vie sans problème. Je ne suis pas Rihanna ! Ce qui me frappe le plus lorsque j’observe les employés de bureau c’est cette cohabitation forcée qu’ils subissent. Aimez-vous cette personne ? La connaissez-vous vraiment ? Seul le fait de partager le même job réunit ces gens.
Sound of Brit : Y’a t-il alors un message dans votre album destiné à votre public qui se sentirait concerné, un avertissement à ne pas agir de la sorte ?
Neil Hannon : Selon moi, Office Politics (traduction : règlements intérieur) est un moyen de décrire de façon légère la façon dont sont reliées les choses ensembles. Les thèmes vont plus loin que la simple vie de bureau. J’ai voulu l’appeler ainsi car notre point de départ était la situation d’une majorité de gens, et de là nous observons comment petit à petit des pouvoirs plus sombres les affectent, les mènent dans des endroits étranges.
Sound of Brit : La description narrée dans cet album parlera-elle à votre public plus jeune, les millenials qui ne connaissent que ce type d’environnement et de relations ?
Neil Hannon : La chose que je me suis dite en écrivant cet album c’est que je ne recherchais pas à identifier une part du public en particulier. Je pense que les gens aiment simplement ma façon de décrire les choses, de les raconter.
Sound of Brit : Votre description est très pertinente, comme dans le titre Psycological Evualation. Incitez-vous vos fans à prendre du recul face à cette réalité ?
Neil Hannon : Je n’ai jamais souhaité inciter qui que ce soit à changer de vie. Je ne veux pas que les gens quittent subitement leur travail à cause de moi ! (rires)
Sound of Brit : Surprendre votre public à chaque album est-il un de vos principe ?
Neil Hannon : Je ne veux pas devenir prévisible, mais je ne souhaite pas non plus faire de la musique extravagante. S’il me vient l’envie d’utiliser des instruments classiques, des violons, des harpes, je le fais car c’est ainsi que je m’exprime.
Sound of Brit : Avez-vous déjà craint de devenir ennuyeux tout au long de votre carrière ?
Neil Hannon : Oui ! Parfois je me demande pourquoi les gens continuent d’écouter ma musique. Mais j’essaye de ne pas trop me poser cette question.
Sound of Brit : Musicalement, cet album est richement orchestré. Comment faire rentrer tout ce panel de différents instruments sur scène ?
Neil Hannon : Je ne sais pas encore comment je vais jouer cet album en live. Nous devons nous réunir et évoquer cette question sérieusement. En fait, j’ai très peur d’ennuyer le public lors des concerts. Je ne me contenterai pas comme beaucoup de jouer simplement le nouvel album de A à Z et rien d’autre.
Sound of Brit : S’agissant des set listes lors des concerts, votre public se compose de fans de longue date guettant les raretés et d’autres moins initiés attendant les titres les plus connus. Comment faites-vous votre choix ?
Neil Hannon : Les concerts tout au long des années ont de moins en moins vocation à promouvoir le dernier album. C’est pourtant ainsi que cela devrait fonctionner. Mais je suis une créature d’un autre temps ! Le choix de la liste se fait en trois temps : il y a les chansons que vous ne pouvez pas ne pas faire, qui marchent si bien telles Our Mutual Friend, A Lady of a Certain Age, Songs of Love. Ou National Express qui est si drôle à faire sur scène. Il y a les nouveaux morceaux, qui ne peuvent être tous joués mais qui doivent tout de même être présents afin que les gens s’y habituent et aient envie de les entendre la fois d’après. Et enfin il y a les morceaux que vous avez envie de jouer à ce moment là. Vous piochez dans le catalogue en cherchant des titres qui pourraient bien accompagner les nouveaux morceaux, afin que tout cela se complète.
Sound of Brit : Pas de place à l’improvisation ?
Neil Hannon : Nous sommes 5 sur scène, je me vois mal arrêter le groupe en disant « Stop ! On fait celle là ! » Cela ne leur plairait pas vraiment. (Rires)
Sound of Brit : Notre dernière question est simple : comment avez-vous pu tuer Billy Bird ? (ndlr : en référence au titre Opportunity Knox où l’on apprend qu’un certain Knox convoite le poste de Billy Bird – cf Absent Friends et le titre Come Home Billy Bird – et que ce dernier semble être étrangement porté disparu.)
Neil Hannon : Ça n’est pas moi, c’est Monsieur Knox ! Il n’y a cependant pas eu de procès, il n’a pas été déclaré coupable. Quand j’ai chanté cette chanson à ma manageuse, cette dernière s’est écriée « Mais que va devenir Billy junior ? Il est orphelin ! ». Je suis très impatient de jouer ce morceau, je pourrais créer à cette occasion un tee-shirt » I shot Billy Bird ».
Propos recueillis par Laetitia Mavrel. Photographies par Lauren Debache. Chronique de Office Politics à retrouver ici
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