21 Juin Bastille – Doom Days
Deux ans après le (trop) généreux Wild World, le projet de Dan Smith patine malheureusement dans la redondance et provoque, à notre plus grand regret, l’ennui tant redouté
C’est comme si tout était écrit d’avance. En 2013, nous découvrions Bastille comme un vent nouveau dans le paysage pop-rock britannique avec Bad Blood, un premier disque fédérateur et produit avec une certaine finesse. Un peu comme à l’image (plus à l’international) d’un groupe comme Imagine Dragons – le projet de Dan Smith s’est rapidement perdu dans le rouleau compresseur de sa propre formule. Wild World, sorti près de trois ans plus tard, a engendré ce qui reste à ce jour la plus grosse tournée de Bastille. Mais s’offrir le monde ne suffit pas. Tout ce que proposait cet album semblait déjà poussé à son maximum ; la production, l’écriture des morceaux, la structure. N’arrivant pas à la hauteur du premier opus, l’album s’est vite perdu dans dans la maudite comparaison. Même si quelques titres demeurent franchement réussis (ce qui nous a poussé, plus que jamais, à vouloir profondément continuer à aimer Bastille), Wild World a invoqué, avec le recul, comme un sentiment de lassitude. Qui perdure d’autant plus aujourd’hui.
Comme ils nous l’avaient confié lors d’un détour au Zénith de Paris en 2017, Bastille préparait déjà son troisième album, à peine sorti du précédent. On tient déjà peut-être là le premier souci de Doom Days – c’est qu’il marche bien trop dans les pas de ses prédécesseurs, sans vraiment proposer quelque chose de nouveau. « Bad Decisions », « Million Pieces », ou encore « The Waves »… Les 11 morceaux qui composent ce troisième chapitre ne dessinent rien de bien neuf à l’horizon, si ce n’est la confirmation (encore une fois ?) du talent d’écriture de Smith – qu’on aime une fois de plus appuyer, même si ça ne suffit pas. À cela peut-on noter le ton toujours aussi chavirant du musicien, dont la voix sait toujours autant porter le projet. Mais une fois ces meubles sauvés, que reste t-il ? Si ce n’est la dimension « conceptuelle » du projet (chaque album est crédité comme un long métrage) respectée ici avec un disque qui retracerait le déroulement d’une nuit. Visuellement, les clips sont toujours aussi léchés, l’esthétique globale du disque est dans la parfaite lignée deux précédents. Mais en choisissant de ne pas vraiment innover, le groupe se complait dans une facilité instrumentale mainstream qui est de plus en plus déconcertante – malgré quelques moments au-dessus du lot, entre autres l’effervescence trap « Doom Days » ou l’élégant « 4AM » (starring l’apparition d’un saxophone, enfin une belle idée). Dans un dernier instant lumineux (« Those Nights », suivi de « Joy » et ses chœurs élégiaques), le disque se termine sur une note certainement optimiste pour le groupe – mais toujours aussi triste pour nous. Doom Days, jours sombres.
Nos + : « 4AM », « Doom Days »
La note : 4/10
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