The Cure ou le concert qui marque la renaissance de Rock En Seine

Après une édition très compliquée l’an dernier et une transition toujours en marche, Rock En Seine renaît de ses cendres avec un concert exceptionnel des Cure.

Rock En Seine 2019 était une édition attendue par les habitués de la porte de Saint Cloud. Après un millésime 2018 qui a laissé un goût amer à plus d’un, le mythique festival parisien a annoncé une affiche bien plus alléchante cette année. Avec en particulier The Cure en headline pour ce premier soir, complet. Une éternité que le festival n’avait pas guichet fermé. Les organisateurs peuvent remercier les fans du légendaire groupe britannique, venus en masse.

Avec un budget limité, compliqué d’ajouter beaucoup de middle name à côté des Cure. Cependant, on est impatient de fouler à nouveau la pelouse du parc de Saint Cloud, on se dirige donc vers 16h à l’entrée du festival pour apercevoir une partie du set de la germano-britannique Alice Merton. Une entrée parfaite sur la scène de la Cascade en milieu d’après midi sous un soleil de plomb. Souriante, la chanteuse exhibe sa très belle voix devant le public parisien. Un set de 45 minutes aussi ensoleillé que le temps parisien lance cette journée. Et évidemment la clôture avec le super tube No Roots réveille un peu le public parisien.

Ce sont les belges de Balthazar qui ouvrent la Grande Scène de cette nouvelle édition de Rock En Seine. Venus pour présenter leur dernier opus Fever paru dans l’année, Balthazar est un habitué du festival parisien. Ce concert marque en effet leur 3ème apparition à Saint Cloud. Et les sets de Balthazar sont toujours aussi équilibrés. Entre délicatesse et puissance, le live est précis. De l’ancien Bunker aux nouveaux Entertainment et Fever, Balthazar offre un très beau concert, encore une fois parfaitement adapté à l’ambiance de l’après midi.

Choc des générations

Rock en Seine, c’est aussi le point de rencontre des passionnés de musique parisien. On profite donc d’une petite pause pour aller à la rencontre de nombre de connaissances ! Et puis, c’est au tour de Let’s Eat Grandma de démarrer sur la scène Firestone. Maintenant à la place de la scène de l’Industrie suite à la restructuration du site. Choix étonnant voire incompréhensible vu la programmation et la taille de la scène mais qu’importe. Le (très) jeune duo britannique enchaine les morceaux de pop expérimentale. Les voix édulcorées des 2 jeunes femmes bercent une petite audience massée devant la scène. Pleines d’énergie, l’une des chanteuses descendra même danser dans la foule ! Un groupe qui a déjà 6 ans ! Les jeunes femmes ont commencé la musique à 13 ans, elles ont aujourd’hui 19… Une très belle promesse !

Et, pour que la journée soit complète, les programmateurs de Rock En Seine ont voulu faire revivre à ses festivaliers le clash The Smiths / The Cure. Le deuxième groupe est en headline aujourd’hui. Le guitariste du premier est lui programmé sur la plus petite scène du festival, choix là aussi assez difficilement compréhensible. Après un set sur la Main Stage du Sziget en demi teinte. Johnny Marr revient avec de meilleurs intentions à Saint Cloud. Plus tranchant, le légendaire guitariste fait vibrer son public grâce aux tubes des Smiths. Avec Bigmouth Strikes Again le set est lancé et pendant une heure, Johnny va se laisser emporter dans son set jusqu’aux sublimes This Charming Man et There is a Light That Never Goes Out. Excellente mise en bouche avant l’arrivée du groupe de Robert Smith pour le dernier concert de la journée.

Cure de jouvence

On file sur la Grande Scène pour la grosse pointure de cette édition 2019 de Rock en Seine. Bien évidemment, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée et la plaine est archi-comble pour accueillir la formation de Robert Smith – on a rarement vu un tel monde se réunir pour un artiste. C’est donc loin de la scène et, par conséquent, avec un son un peu faiblard que nous assisterons à la dernière date de la tournée de The Cure. Et pourtant, cela ne nous empêchera pas d’être scotchés par la prestation de ce groupe légendaire, encore ce soir à la hauteur de sa réputation.

Ce soir, le mastodonte de l’ère post-punk était bien décidé à ravir un Rock en Seine tout entier. Cela commence par une setlist truffée de tubes, presque sans temps mort, mais ce n’est pas tout. La tête d’affiche était au meilleur de sa forme pour impressionner aussi bien les fans de la première heure que les curieux. La voix de Smith, unique en son genre, n’a toujours pas perdu une once de son éclat, à l’image du « again and again and again… » déchirant dans le poignant A Forest. Gallup à la basse nous bluffe tout autant, en témoigne son toucher sauvage sur Fascination Street et assurément sur le morceau mentionné précédemment.

Tous les éléments sont donc réunis que toute la plaine du festival plonge dans l’univers de The Cure, sans avoir à se mouiller la nuque. Évidemment, c’est l’enchainement In Between Days/Just Like Heaven qui remue le plus l’assistance qui, même au dernier rang, est aux anges. Après un Disintegration parfaitement exécuté, le groupe quitte la Grande Scène, mais pas pour très longtemps.

Rappelés par un public déjà plus que satisfait, Smith et sa bande ont gardé le meilleur pour la fin : cela commence par un doux Lullaby, sublimé par le live, avant d’enchaîner sur des titres plus pêchus : l’enjoué Caterpillar, l’électrique The Walk, les incontournables Friday I’m Love et Close To Me (qui bien-sûr font vaciller davantage l’assemblée) et le festif Why Can’t I Be You, où le chanteur, d’un naturel timoré, se permet même de s’avance sur la jetée. Il fallait bien ça pour une dernière date de tournée. Toutes les bonnes choses ont une fin et The Cure n’a plus qu’à dégainer son tube parmi les tubes – Boys Don’t Cry – pour une dernière liesse.

Après 2h15 de show, les cinq héros de la soirée peuvent quitter la scène le sentiment du devoir accompli. Ils auraient pu se contenter de recracher leurs tubes, mais ils ont fait bien plus : par leur passion et leur application, ils sont parvenus à transmettre l’émotion de chaque titre à la quasi totalité de la forêt humaine qui se dressait face à eux. Pour ceux qui se demandent pourquoi, plus de 40 ans après leur formation, un groupe comme The Cure figure toujours au sommet de l’affiche, il suffit de les voir en live pour constater qu’ils sont toujours au sommet de leur art.

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