12 Nov Frank Carter & The Rattlesnakes à Feyzin : Frankie, c’était si bon !
Les anglais ont encore une fois démontré tout leur amour pour la France en terres lyonnaises, à l’Épicerie Moderne.
20h30, les hostilités commencent. La tâche n’est pas des plus évidentes d’ouvrir ce genre de concerts. Tee-shirts noirs de rockeurs et chemises Fred Perry sont de sortie pour relever le défi. Et les regards déterminés dès l’arrivée sur scène ne trompent pas. Kid Kapichi, c’est deux guitaristes chanteurs qui se répondent idéalement, une basse lourde bien montée et un batteur qui maîtrise parfaitement ses prises de risques avec des rythmes que bien d’autres n’auraient osés poser.
Remerciements chaleureux à Frank et aux Rattelsnakes pour l’invitation, ainsi qu’à nous pour être venus avant l’heure pour les applaudir. Le bassiste est de plus en plus déchaîné, le frontman déborde de charisme par sa simplicité, le guitariste nous fait drôlement penser à Sergio Pizzorno tandis que le batteur ne cesse d’user de sa serviette tant il se donne.
Ce n’est pas souvent que le public est autant conquis par un groupe inconnu pour la plupart. Les lumières sont idéales, le son plus que bon, c’est une première partie bien plus qu’adéquate pour commencer la soirée. Le quatuor couvert de tatouages transmet une énergie débordante au public qui regrette déjà de ne pas avoir laissé sa veste dans la voiture. Le classique pour un artiste anglais « fuck Brexit and fuck Boris Johnson » est énoncé, avant de reprendre de plus belle.
Le groupe nous fait découvrir ses nombreuses facettes au fil des chansons, et autant dire qu’on en redemande. La disposition met la batterie au cœur de la scène, pourtant à même le sol. La maîtrise est indéniable, nous poussant à croire qu’il faudra compter sur ces quatre dans les années à venir. Les trente minutes sont passées à une vitesse folle, espérons qu’on les retrouvera très vite sur les routes. Les chansons de leur dernier EP, Sugar Tax, sont superbement percutantes. Autant dire qu’on attend leur premier album avec une grande hâte.
Les Rattelsnakes arrivent alors tous en noir, puis Frank surgit, tout sourire et dévoilant ses petits pas. Tee-shirt Satan et Adidas aux pieds, la fête peut commencer sur Tyrant Lizard King. Le guitariste Dean Richardson ne cesse de s’approcher du public, et reprend Morello idéalement. Un enchaînement Kitty Sucker / Trouble va déclencher les premiers pogos. Prendre des notes à ce moment-là, c’est un peu comme envoyer un texto avec des gants de boxes… Le bassiste Tom ‘Tank’ Barclay est de plus en plus chaud, et le second guitariste fait plus que bien le taf.
Un mosh pit réservé aux filles est annoncé, la batterie de Wild Flowers retentit, puis les garçons finissent par s’inviter. De belles paroles philosophiques sont dites, « for everyone who lost someone« , et arrive Anxiety. Les mots brûlent les lèvres d’une grande partie du public. Frank démontre qu’il ne sait pas que bourriner, et peut être véritablement bouleversant. Le tambourin ajoute quant à lui une plus-value indéniable. Les dernières paroles ne sont pas toutes chantées, peut-être du fait de l’émotion.
Surgit alors Acid Veins. Le petit rouquin est déchaîné, et nous offre une superbe voix comme à son habitude. Les lumières offrent une ambiance idéale, tandis qu’un parfum de transpiration hante l’air. Le batteur Gareth Grover dévoile toute sa technique et donne le véritable rythme de la soirée. Puis, Latex Dreams vient démontrer la réussite qu’est le dernier album du punk rockeur.
Frank fait rire toute la salle avec son humour, étonnant pour un anglais. On ne va pas vous rapporter tous ces propos, on risque de se faire censurer du référencement Google. « J’ai vu des choses folles, et cette fois je veux voir un slow sur la prochaine » : le cadre de Love Games est idéalement posé, même si les pas de danse sont à revoir pour les lyonnais…
Carter se lance alors dans des propos magnifiques qui rendent muette la salle, incitant chacun à aider son prochain. Les applaudissements n’ont pas le même goût que ceux habituels, cette fois si terriblement sincères. Impossible de ne pas s’attacher au chanteur tant il a cette faculté incroyable de transmettre des émotions.
Angel Wings continue ce set, avec sa montée en puissance qui prend aux tripes. Le public est invité à taper dans ses mains, et un bien joli bordel se reforme sur Snake Eyes. Les dernières bières renversées finissent par trouver preneurs, et la furie reprend de plus belle. Les lumières sont soudainement centrées sur le batteur qui nous offre un superbe solo, et les premiers crowdsurfings apparaissent enfin.
Le tube Lullaby pète dans les enceintes, et donne des ailes : un spectateur saute sur la scène, pour plonger sans tarder dans la foule. Les derniers timides finissent par se lâcher, et la température de la salle ferait rougir le Sahara. Enchaînement direct avec Vampires, autant dire que la pression n’est pas prête de redescendre. Les pogos forment un bien beau bordel, comme une kermesse pour adultes hors de contrôle.
Les 5 musiciens se donnent corps et âme, et les sourires s’absentent rarement des visages. Encore une montée sur scène, avec à la clé un crowdsurfing jusqu’à la régie s’il vous plaît ! Supervilain vient tranquillement apaiser, et permet aux objets perdus de retrouver leur propriétaire. Son refrain explosif, grande force de Carter, offre des sensations si difficiles à exprimer.
Un petit crachat en l’air à la Idles, une dédicace à la première partie Kid Kapichi et un grand remerciement à toutes les équipes de l’Epicerie Moderne viennent calmer ce beau monde. Satan et son tee-shirt sont ôtés, mais reste parmi nous avec Devil Inside Me. La guerre n’est pas terminée. Pas de trêve : la superbe Crowbar apparaît, à la saveur si particulière.
L’excité frontman s’offre souvent le luxe de ne pas finir ses phrases, afin d’admirer le public s’en charger admirablement. Usant une dernière fois de son micro rouge pour nous dire encore une fois merci, I Hate You vient idéalement clôturer ce superbe set. Les paroles ont bien été révisées par la foule, sûrement mieux qu’à la date parisienne… Les musiciens sont chaleureusement remerciés, et on est quelque peu triste de voir le phénomène Carter nous quitter.
Avant de partir, Frank arrache les setlists (Juggernaut n’a pas été jouée mais était dessus !!), et file les donner aux fans. Un petit Eminem avec Lose Yourself vient clôturer la soirée, et la petite photo habituelle est faite. Les dernières bouteilles d’eau sont données par les techniciens aux fans assoiffés, et le stand merchandising est pris d’assaut.
On lui pardonnera de ne pas avoir sauté dans la foule comme à son habitude, même si on espère le revoir prochainement dans la fosse. Nous avons eu devant nous un homme sincère, qui ne triche pas, et si bien entouré par ses Rattelsnakes. Durant 1h20, L’Epicerie Moderne nous a offerts un des meilleurs concerts de cette année sur Lyon, et a prouvé que ça vaut très souvent le coup de venir jusqu’à Feyzin.
L’ensemble des photos est à retrouver juste ici.
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