À Lyon, James Blunt n’a délaissé aucune émotion

Le 2 mars dernier, James Blunt a brillamment pris possession de la Halle Tony Garnier de Lyon, dans le cadre de sa grande tournée française.

Un jour après son concert à Marseille, et jusqu’à la dernière minute, la potentialité d’une annulation a inquiété l’événement, après l’interdiction par le Gouvernement de tous les rassemblements de plus de 5000 spectateurs en milieu confiné. Si le concert a été maintenu, les jours suivants nous prouveront que ce sursaut n’était, en réalité, que le début d’une crise sanitaire inédite en France. Et même si les spectateurs pressentaient que ce concert serait sans doute le dernier avant plusieurs semaines, cela n’a pas découragé les fans de l’artiste, parfois venus de loin, à l’image d’un couple de retraités rencontré devant la salle, arrivé de Besançon et impatient de consommer le cadeau qu’ils s’étaient mutuellement faits à Noël.

Voilà près dix ans, donc, depuis la fameuse tournée Some Kind of Trouble en 2011, que le chanteur n’avait pas fait une aussi grande tournée en province. Il faut dire que, si James Blunt a traversé les années en se réinventant sans cesse et avec une aisance parfois relative -on se souvient du virage électronique pris par le chanteur dans son album The Afterlove-, celui-ci fait partie de ces artistes que l’on ne se lasse pas d’écouter, parfois en secret de peur de subir les railleries de notre entourage. Car l’ancien militaire en est conscient et s’en amuse : sa musique attire autant qu’elle divise. A l’image de sa mise en garde, adressée quelques minutes après son entrée sur scène aux couples présents dans la salle : « vous pensez que vous allez passer une soirée romantique, dansante, mais vous allez écouter ma musique, rentrer et pleurer« .

Et c’est assez ironiquement, au contraire, que l’artiste a proposé un spectacle tantôt intimiste et solennel, assenant avec un talent inchangé les classiques de ses premiers albums, tantôt festif, jusqu’à inviter les spectateurs frustrés d’être assis à se lever. Un concert d’une rare intensité, donc, n’hésitant pas à projeter les photographies des membres de la tournée accompagnés de leurs pères sur Monsters, composée pour son père malade, ou d’une étonnante synergie avec le public avec des titres comme Stay The Night.

Une simplicité sur scène et dans ses échanges avec le public, également, à la hauteur de l’homme et de ses engagements, ainsi que de sa relation avec la chanteuse Lea Paci, qui avoua en pleurs qu’elle n’aurait jamais osé imaginer que publier une reprise sur les réseaux puisse la conduire à assurer la première partie de l’artiste.

Visiblement heureux de se produire ailleurs que dans une salle parisienne James Blunt a fourni pendant 1h45 un spectacle maîtrisé, certes manquant parfois de spontanéité si on le compare à celui joué un jour plus tôt à Marseille, mais qui a su rendre nostalgique la totalité du public, ayant rapidement oublié qu’il était censé rester assis. Finalement, les spectacles de l’artiste sont à l’image de sa musique et de son créateur : un éloge de la sensibilité et de la fête, mais aussi de l’humilité, ne délaissant aucune émotion.

Alors comme Vladimir Poutine, mais aussi Donald Trump, Boris Johnson ou encore Greta Thunberg qui étaient également affichés avant le début du concert, nous aussi, choisissons Blunt.

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