Red Rum Club - The Hollow Of Humdrum

Review : Red Rum Club – The Hollow Of Humdrum

Un poil western, un brin fanfare : le nouvel album euphorisant des excellents Red Rum Club, sorti il y a un mois déjà, nous a convaincus. On vous explique pourquoi il n’est pas trop tard pour se jeter dessus.

Comme si on avait compressé un festival sur un 10-pistes

Décrit par le groupe sur ses réseaux sociaux comme « un endroit dans lequel s’évader ou révéler ses vices et vertus »,  The Follow Of Humdrum est une porte de sortie bienvenue à la morosité de cette année 2020 qui nous aura tous (pardonnez nous le terme), essoufflés.
Du souffle, Red Rum Club n’en manque pas. La trompette soliste est triomphante en personnage central de ce court-métrage de 29 minutes à peine. Alors que l’été 2020 nous a privés de festivals et de ses moments chaleureux de rondes entre inconnus, le charme festif de Red Rum Club est délicieux à retrouver avec ce second album. Si la recette reste la même — une cuisine fusion, où se mélangent guitares électriques et cuivres étincelants façon sucré-salé, sauce salsa latino, supplément western spaghetti ; le son se veut plus clair et le style plus varié que sur leur premier album. 

Quand le bruit de l’amour est celui d’un tweet

Passage obligé quand on fait de l’indie britannique, l’album explore le thème des relations amoureuses. Le filtre rose que l’on met sur ses relations passées (le mariarchi-esque ‘Dorado’), l’ambivalence des amitiés with benefits (le sublime ‘Favourite Record’), ou encore l’amour d’une vie (l’insouciant ‘Eleanor’), tout y passe. Avec un traitement neuf : le groupe oberve beaucoup dans cet opus la place que prennent les technologies digitales sur (entre autres) nos comportements amoureux.

Le triomphal premier morceau de l’album, ‘The Elevation’, tente par exemple de faire le parallèle entre les lettres d’amour d’antan et les notifications digitales d’aujourd’hui — évoquant la même montée d’endorphine qui les caractérise.
Musicalement, c’est une pépite brute qui devrait vous convaincre à lui seul de l’intérêt de tout cet album. Avec ses lignes de basses profondes, sa guitare au style « apache », son tapis cuivré qui monte en puissance, et sa mélodie entêtante et eurphorisante bien construite, c’est un morceau dansant, quasi disco, donc on ne peut plus se passer après la première écoute. 

Kids Addicted’ est la première chanson écrite pour cet album, et en donne le ton : elle évoque la perpétuelle recherche d’acceptation par ses pairs sur les réseaux sociaux. L’angsty ‘Vivo’ de son côté pointe le doigt sur la boulimie numérique, un des maux de toute une génération selon Red Rum Club. Le titre est propulsé par une section rythmique pressante, ponctuée par des claviers qui rappellent le son d’un appareil éléctronique quelconque. Il emprunte à Alex Turner son procédé d’écriture en caligramme : peut être inspirée par ‘She Looks Life Fun’ d’Arctic Monkeys, l’écriture hachée des paroles (« money, power, sex, excess (…) solitude, well-reviewed, five-star meal of plastic food ») rappelle le switch brut d’un sujet à un autre, comme lorsqu’on scrolle de publication en publication sur un réseau social comme Instagram ou TikTok. 

Une écriture à la Turner

On retrouve d’ailleurs beaucoup des Monkeys dans la détonnante et bouleversante avant-dernière chanson, ‘Brando’. La langueur presque sensuelle de ses accords, qui dialoguent avec les avances non-déguisées des paroles de Francis Doran (« I wanna be your Brando »); rappelle sans conteste l’incontournable ‘I Wanna Be Yours’ d’Arctic Monkeys. ‘Brando’ raconte la convoitise d’une personne passionnée de grand cinema qui rêve de romances torturées comme dans les films d’Hollywood ou les chansons de Lou Reed.  « You can be my Aldrin, I’ll be Your James Dean » : on retrouve aussi beaucoup du charme pressant du titre ‘Is This What You Wanted’ de Leonard Cohen, dans l’intention et les paroles (« You were Marlo Brando, I was Steve McQueen » chez Cohen). La chanson vous donnera une dose supplémentaire de frissons avec l’entrée grave et juste de la trompette, qui offre ici un des plus beaux solos de l’album. 

Votre prochain groupe préféré

Avec ce deuxième long effort, Red Rum Club montre une plus grande palette de styles, passant de balades acoustiques tendres (‘Favourite Record‘) aux hymnes festifs disco (‘Ballerino‘) sans difficulté. L’allégresse historique du groupe (‘Eleanor‘) se frotte à des sonorité nouvelles plus troublées (‘Brando‘) qui réussissent particulièrement au sextet tarantinesque.
Le charme festif de Red Rum Club qui nous avait bluffés dès leurs débuts continue d’opérer, en mariant les guitares électriques à des cuivres aussi brillants que leurs paroles. Ce magistral deuxième album installe le groupe dans la durée et fera de Red Rum Club probablement un de vos groupes préférés sur scène comme en studio !
En attendant leur passage en France, vous pouvez apprécier un livestream le 18 novembre prochain à 20h30. Le groupe jouera l’album The Hollow Of The Humdrum dans son entièreté au Palm House Sefton Park, avant de proposer une session question-réponses live avec leurs fans. Pour plus d’informations et prendre vos tickets, c’est par ici.

Tracklist:

  1. The Elevation
  2. Kids Addicted
  3. Vivo
  4. Ballerino
  5. Favourite Record
  6. Eleanor
  7. Dorado
  8. Girl Is A Gun
  9. Brando
  10. Holy Horses

LA NOTE: 9/10

Nos titres préférés : The Elevation, Kids Addicted, Favourite Record, Brando

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