04 Déc Wet Leg et Baxter Dury en concert pour Arte
En ce dernier mardi de novembre, on s’est rendus au YOYO, à quelques pas de la Tour Eiffel, afin d’assister à l’enregistrement de l’émission Echoes, présentée par Jenny Beth — ex-Savages — et diffusée sur Arte en mars 2022. Émission dédiée à la scène indépendante anglo-saxonne, on a pu assister à trois concerts de qualité : les new yorkais de GEESE, les anglaises de Wet Leg ainsi que le crooner confirmé Baxter Dury.
Escapade new yorkaise
Sur Sound of Brit, on parle uniquement des artistes britanniques, c’est un choix éditorial, c’est dans le nom, très bien. Mais on va faire une exception en parlant du concert incroyable des jeunes GEESE et en profiter pour soulever une question : pourquoi est-ce que les français sont incapables de danser dès lors qu’ils ne connaissent pas un.e artiste/les paroles des chansons ? À croire que danse et chant sont indissociables.
On avait pu assister au concert de GEESE à l’International une semaine auparavant, dans une ambiance de folie avec des pogos qui avaient commencé dès la première note. Mais que ce soit à cause des caméras intimidantes d’ARTE, des masques qu’on est obligés de garder ou du lieu privilégié dans lequel est enregistré l’émission, on assiste au concert de GEESE en se demandant pourquoi les gens ne dansent pas ?! Vraiment, si vous avez une réponse, n’hésitez pas à nous en faire part. C’est malheureusement souvent le cas lors des premières parties, où un groupe va donner tout ce qu’il a et cinq spectateurs lèveront le bras ou hocheront la tête avec des applaudissements polis.
Mais les jeunes de GEESE n’ont même pas 20 ans, un album incroyable sorti quelques semaines plus tôt, une aisance délirante pour un groupe qui débute la scène. Le guitariste n’hésite pas à glisser sur l’avant-scène pour gratter sa guitare avec les baguettes de batterie avant de les lancer dans le public, laissant au chanteur le soin de glisser pour récupérer ladite guitare, lui qui a déjà bien galéré à démêler les fils de son micro — mais au moins cette fois il est branché, il avait oublié de l’allumer la semaine précédente… Le chanteur tente quelques phrases en français, s’excuse de ne pas être bilingue, mais c’est toujours plus que les « bonjour » et « merci » auxquels on a parfois à peine le droit avec des artistes étrangers.
Certes, ça n’aide pas qu’il y ait quelques problèmes de sons : on entend à peine la voix de Cameron Winter, le chanteur, qui donne tout ce qu’il a aussi bien au chant qu’au clavier, et on passe à côté de son potentiel strokesque-julian casablanquesque. Promis, on ne dit pas ça juste parce qu’ils sont de New York : il joue avec sa voix d’une façon terriblement mature pour son âge, et on sent vraiment les influences des Strokes, de Television, de tous ces groupes mythiques de la scène new yorkaise, mais également d’autres artistes anglais, dans la lignée des plus récents shame,squid et tutti quanti. On a qu’une hâte, c’est de retourner écouter leur album « Projector », l’un des albums de l’année de Rough Trade (et le nôtre, par la même occasion).
Wet Leg, ou comment assurer avec seulement deux chansons sorties
S’en suit alors le concert des anglaises de Wet Leg, Rhian Teasdale et Hester Chambers, originaires de l’île de Wight. Les deux jeunes femmes sont accompagnées sur scène d’un guitariste, un bassiste et un batteur. Et on est très curieux de les voir, parce que jusqu’à lundi dernier, elles n’avaient sorti que deux chansons (Chaise Longue, Wet Leg), deux de plus désormais (Too Late Now et Oh no). Pas d’EP, rien.
Signées sur Domino records, le célèbre label indépendant qui nous a notamment fait découvrir Franz Ferdinand et Arctic Monkeys, elles ont annoncé leur premier album pour le 8 avril 2022. C’est donc tout naturellement qu’elles ont joué en exclusivité des extraits de leur album à venir, mais comme on a dit, en France, si on ne connaît pas … On ne danse pas. C’est faux, Wet Leg parvient un peu plus à faire bouger le public, qui reste quand même très sage et poli. Le comble pour une programmation plutôt punk et rock.
Les filles, en robe de petite fille sage pour l’une, jupe longue pour l’autre, guitares serrées contre elles deux, tentent de faire bouger le public, avec toujours le même problème qu’avant : on entend assez peu les micros. Déjà qu’on ne connaît pas la plupart des chansons, ça devient un exercice compliqué. Les deux filles, qui rencontrent un succès incroyable avec à peine quelques titres donc, ont l’air assez impressionnées par l’endroit et la scène. Le groupe s’échange des regards d’encouragement, raconte des blagues. On sent qu’elles ne font pas ça depuis des années, comme l’indique la guitare de la chanteuse par exemple, où on peut voir sur le manche qu’elle a noté les cases afin de se repérer. En plus des problèmes de son, elle a par exemple des problèmes pour régler la hauteur de son micro, et assomme avec le manche de sa guitare le pauvre technicien qui était venu l’aider. Le bassiste a des problèmes avec sa basse, elle oublie les paroles d’une chanson et ils sont obligés de recommencer … Bref, tout ce qui aurait pu mal se passer arrive, et les filles prennent ça avec le sourire, dans la bonne humeur, et le public rigole également. Ce n’est pas grave, on recommence et on danse.
A côté de tous ces problèmes d’ordre technique, les deux anglaises assurent et nous, on a hâte d’écouter leur album, qui a l’air aussi bon que tous les titres déjà sortis jusque-là. Elles terminent bien évidemment leur concert par Chaise Longue, que le public réclame depuis quelques chansons déjà, et l’ambiance est enfin à la hauteur de son potentiel. On a hâte de retourner les voir.
Baxter Dury ou Bruce Lee ?
Pour terminer la soirée, la tête d’affiche c’est Baxter Dury, venu célébrer ses 20 ans de carrière. Pas de problème d’ambiance, de micro ou autre cette fois-ci, la majorité de la salle est là pour le voir lui. Fils du musicien britannique Ian Dury, auteur notamment de la phrase « Sex, drugs & rock’n’roll », on se dit que Baxter a dû passer les cinquante dernières années à appliquer cette maxime à la lettre — sans jugement bien sûr.
Il arrive d’abord seul sur scène, avant d’être rejoint par ses musiciens en costume ou combinaison à paillettes. Lui porte un jogging vert et commence par nouer une écharpe autour de sa tête avant d’enchaîner les mouvements inspirés des arts martiaux tandis que sa claviériste chante les refrains/chœurs de ses chansons. Il se déplace avec la nonchalance de celui qui est chez lui sur scène, et ne cesse de répéter à quel point son public a pu lui manquer et qu’il aime Paris. Il chante notamment la célèbre Cocaine Man, ou encore I’m Not Your Dog.
L’ambiance est plutôt psychédélique, propre à l’artiste, entre sonorités 80s électro et voix de crooner. Baxter Dury échange le temps d’un instant son écharpe de karateka pour un béret rouge — pourquoi pas après tout, Emily in Paris revient bientôt sur Netflix.
Pour ce dernier concert de la soirée, l’ambiance est bon enfant, le public s’amuse et tout le monde sur scène a l’air de s’éclater. Certains restent pour assister aux interviews de Jenny Beth, les autres repartent le sourire aux lèvres, tout le monde est ravi et en profite pour prendre une photo de la Tour Eiffel au passage.
SETLISTS :
GEESE
WET LEG
- Too Late Now
- It’s Not Fun
- Ur Mum
- Wet Dream
- Supermarket
- I Don’t Wanna Go Out
- Loving You
- Obvious
- Oh No
- Being in Love
- Angelica
- Chaise Longue
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