Damon Albarn, enchanteur à la Philarmonie de Paris

C’est au cœur de l’impressionnante salle Pierre Boulez, habituée à recevoir des concerts symphoniques, que Damon Albarn a captivé pendant deux jours l’attention du public parisien. Et c’est à celui du vendredi 4 mars que nous nous sommes rendus.

Une série de concerts attendue donc, puisque la salle était comble pour entendre en live The Nearer the Fountain, More Pure the Stream Flows. Le petit livret qui nous est distribué à l’entrée le confirme : initialement prévues en 2020 dans cette même salle, les sessions devaient consister en un mélange de compositions et d’improvisations. C’est le mélange entre le retrait du compositeur en Islande au début de la pandémie et la préparation de ces concerts qui a abouti à l’album que nous connaissons aujourd’hui. La boucle est enfin bouclée, donc, conférant un charme nouveau à ce que nous nous apprêtons à voir.

Le public s’installe petit à petit, et des vocalises en provenance de la scène nous plongent dans l’ambiance en nous laissant le temps d’apprécier l’architecture particulière du lieu. Les lumières s’éteignent et les derniers retardataires s’installent à la lumière de leur flash. Silence. Damon entre sur scène, seul face au micro. S’ensuit une séquence aussi improbable que fascinante lors de laquelle il se met à réciter un long texte en islandais, auquel se mélange parfois de l’anglais, et commence à imiter des cris semblables à ceux d’oiseaux avant de souffler longuement dans un instrument qu’il était difficile d’identifier de loin. Silence de nouveau, les lumières se coupent. Les musiciens (un ensemble de cordes, un saxophone et clavier, une batterie, une guitare et une basse) entrent en scène et Albarn s’assied à son piano, sans oublier d’enfiler ses lunettes de soleil.

Damon Albarn à l’Auditorium de Lyon

Les deux premiers morceaux sont joués quasiment intégralement dans le noir ; la lumière n’apparaîtra progressivement que lors des chansons suivantes. On peut d’ailleurs féliciter l’éclairage qui, tout en étant simple et épuré, sublime l’atmosphère planante de la musique.

La setlist suit l’ordre des morceaux de l’album, qui est donc joué intégralement, à l’exception du final qui est une cover du titre Strange News From Another Star de Blur. On retrouve l’équilibre déjà présent entre sons très doux et d’autres très entraînants, plus proches du jazz. De courts interludes d’improvisation entrecoupent d’ailleurs le déroulé de la tracklist. Les musiciens sont très bons et on sent une vraie synergie entre eux et le chanteur. Ils semblent à ce propos dans leur bulle, un peu loin de nous par instants : aucune interaction avec le public à l’exception d’un « merci beaucoup » prononcé le mieux possible malgré l’accent. Malgré tout, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un concert symphonique ; on peut donc comprendre qu’il ne fallait pas s’attendre à un grand dialogue avec nous. Nous sommes emportés dans ce petit univers le temps d’un concert, et c’est une très chouette expérience.

Damon Albarn à l’Auditorium de Lyon

La salle est conquise et l’acoustique du lieu renforce les bruits des applaudissements et encouragements, portant ainsi la belle performance qui nous est proposé. Les lumières se rallument et, tandis que nous reprenons nos esprits, on peut entendre les spectateurs autour de nous chuchoter qu’ils auraient aimé deux ou trois morceaux de plus. C’est peut être le seul bémol qu’on peut émettre : le concert dure une petite heure et demi, pas plus. Dommage ; face à une telle performance, on souhaite forcément que ça dure ! Il n’y a plus qu’à retourner écouter les multiples autres projets de l’artiste prolifique. D’ailleurs, plusieurs personnes derrière nous confessent qu’elles n’avaient jamais écouté ce que Damon Albarn produisait en solo (compréhensible tant ces projets sont restés relativement confidentiels) mais qu’elles ont réellement apprécié la diversité de moment. Un événement à vivre, donc !

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