Peter Doherty & Frédéric Lo – The Fantasy Life of Poetry & Crime

Doherty fait partie de ces artistes qui ont beaucoup vogué. Artistiquement tout d’abord, alternant entre divers groupes (les Libertines, les Babyshambles ou plus récemment les Puta Madres) et projets solos, mais aussi entre divers lieux de vie. Après une vie de voyages, il alterne aujourd’hui entre l’Angleterre et la Normandie, la région qui a vu naître son nouvel album. Après toutes ces escales, le poète flâneur a-t-il enfin pu trouver le repos ?

Les fans espéraient une suite patiemment, sachant pertinemment qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre avec ce britannique prolifique. Après un retour inattendu des Libertines en 2015 et un album sobrement intitulé Peter Doherty & The Puta Madres, c’est avec un nouvel acolyte, Frédéric Lo, qu’il nous revient. Ce dernier nous raconte la genèse de l’album : c’est après avoir interprété à Peter un morceau initialement composé pour Daniel Darc que la collaboration est née. Tous deux vouaient un respect mutuel pour les compositions de l’autre, et c’est suite à ce coup de cœur que le duo s’est attelé à l’écriture de l’album.

The Fantasy Life of Poetry & Crime est en quelque sorte un condensé des diverses périodes musicales de Doherty. Lo cite d’ailleurs Grace/Wastelands (le premier album solo de Peter, sorti en 2009) comme une référence dans sa composition, et cela se sent. Là où son opus de 2019 avait étonné par son énergie et la multiplication des instruments, il revient ici à ses premières amours: une voix, une guitare acoustique et pas grand chose de plus.

L’album s’ouvre sur le single éponyme, ballade efficace, bilingue et entêtant accompagnée de violons qui nous rappellent sa précédente formation. L’efficacité du mélange entre sa voix et les cordes n’est plus à prouver ; bref, un single qui a su attiser la curiosité à sa sortie. Le second, You Can’t Keep Me Forever, a un peu plus divisé au départ : on a pu lui reprocher d’être un peu « facile », manquant peut-être des sonorités typiques qui font la marque de fabrique de Doherty. En revanche, le dernier son sorti en radio, The Epidemiologist, a réconcilié tout le monde: mélodie catchy au piano entrecoupée de segments plus lyriques, de violons et d’une voix qui n’a jamais changé en vingt ans.

Au fil de ses douze nouveaux morceaux, Peter reprend les thématiques qu’il affectionne tant: la poésie bien sûr, mais aussi ces paysages mystiques qu’il décrit longuement, ses vieux acteurs d’un Hollywood des années 20 ou encore l’amour; tout ce qui compose son bestiaire artistique depuis les premières heures des Libs. Lors de cette balade aux allures un peu fantasmées, on navigue entre chansons douces et mélancoliques (Yes I Wear A Mask, Abe Wassenstein, ou la très belle The Glassblower qui nous rappelle beaucoup I Am The Rain de son premier opus), morceaux plus énergiques proches de certaines productions des Babyshambles (Rock & Roll Alchemy, Invictus) et projets plus ambitieux (The Ballad Of, Far From The Madding Crowd).

Tout ne saute pas toujours à l’oreille et si une partie de la tracklist rentre instantanément en tête, d’autres titres prendront sans doute plusieurs écoutes pour être réellement appréciés. Certains seront peut-être un peu déçus d’un « retour en arrière » après ce renouveau qu’était les Madres et qui lui avait permis de convaincre une nouvelle partie du public; et on les comprend. Malgré tout, The Fantasy Life of Poetry and Crime sonne plutôt comme une somme de deux décennies de carrière et d’expérimentations, glanant ça et là des sonorités des albums précédents.

Doherty reste égal à lui-même : un artiste un peu à part, poète un peu paumé qui en séduit certains autant qu’il en indiffère d’autres. Une chose est sûre : le quadragénaire semble s’être définitivement éloigné des tabloïds et de ses anciens démons, et ça fait du bien.

Si vous souhaitez le voir, Peter se produira avec Frédéric Lo le 8 avril à Rennes, le 5 mai au Trianon, le 5 juin au Festival Art Rock et le 24 octobre au Zénith de Paris avec les Libertines pour la tournée anniversaire de Up The Bracket.

TRACKLIST :

The Fantasy Life Of Poetry & Crime

The Epidemiologist

The Ballad Of

You Can’t Keep It

Yes I Wear A Mask

Rock & Roll Alchemy

The Monster

Invictus

The Glassblower

Keeping Me On File

Abe Wassenstein

Far From The Madding Crowd

LA NOTE DE LA REDACTRICE : 8,5/10

Ses morceaux favoris : The Fantasy Life of Poetry & Crime, The Glassblower, Far From The Madding Crowd

Les autres notes :
Fabien : 7/10. Un brin d’énergie supplémentaire n’aurait pas été de refus, mais on s’en passera.
Augustin : 7,5/10. Un album trop calme mais loin d’être inintéressant !
Diane : 7/10. On adore Peter Doherty dans ce registre, un peu de douceur ça fait du bien.

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