Simple Minds @ Les Eurockéennes

INTERVIEW – Simple Minds suit la direction du coeur avec un nouvel album

Quatre ans après Walk Between Worlds, les Écossais de Simple Minds reviennent avec un album intitulé Direction of the Heart. Rencontre avec Jim Kerr, membre fondateur du groupe en 1977, qui a répondu à nos questions avec toujours autant de passion palpable pour la musique.

Sound of Brit : Quatre ans après votre dernier album, vous êtes de retour avec Direction of the Heart ; qu’est-ce qui a déclenché le processus de création ?

Jim Kerr : Nous n’avons jamais cessé d’écrire, quand nous ne sommes pas en tournée. La musique et l’écriture de chansons sont toujours autant un mystère pour nous. C’est amusant, c’est dur, mais c’est un nouveau chapitre à écrire dans l’histoire de Simple Minds. Il était temps que nous l’écrivions. La période était inhabituelle car nous avons écrit pendant la crise du Covid… Aujourd’hui tout cela fait partie de nos vies mais c’était si intense ! Mon frère vit à Paris et il me montrait des photos des rues désertes ! C’était aussi intense de voir ces derniers mois où le monde s’est remis à voyager, à utiliser les ascenseurs, à s’asseoir ensemble… Ce qui était incroyable pour nous c’était qu’en tant qu’artiste tu pouvais finalement t’échapper dans ton propre monde, et notre propre monde c’était la musique.

SOB : Tout cela vous a semblé être une véritable bouffée d’air frais finalement ?

Jim Kerr : C’est drôle que tu dises ça parce que c’était littéralement frais ; nous travaillions à mi-chemin d’une montagne en Sicile. La vue était si belle et le temps incroyable. On se sentait chanceux. Ces moments étaient merveilleux, c’était comme échapper à la réalité.

SOB : La plupart des titres ont été écrits en Sicile. Cela a-t-il eu un impact sur le genre musical des morceaux ou, au contraire, l’album reste-t-il résolument Écossais/Britannique ?

Jim Kerr : Le lieu de composition n’a pas de réel impact sur l’album. Où tu te sens bien, où tu te sens stimulé, où tu te sens positif, si tu es dans cet dynamique là, cela va avoir des conséquences sur ton travail. On n’a pas besoin d’être dans des magnifiques endroits pour faire du bon travail, on s’est déjà retrouvés dans des horribles sous-sols, dans des affreuses salles malpropres et on y a fait de la belle musique. Ce qui compte, c’est l’énergie qu’on ressent je pense.

SOB : Diriez-vous qu’il y a une certaine continuité avec les albums précédents, ou, au contraire, une forme de rupture ?

Jim Kerr : Chaque album est un arrêt sur image dont l’ADN reste inchangé.

Cherisse Osei aux Eurockéennes de Belfort, 2022
© Claire Desfrancois

SOB : L’album ne comporte pas de chanson éponyme. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Jim Kerr : Le titre semble résumer une période faite de contradictions. Personne n’était capable de dire ce qu’il se passerait ensuite, les experts ne pouvaient pas se mettre d’accord sur tout ce qui concernait la pandémie. Serait-ce terminé dans six mois ? Dans deux ans ? Tout ce que tu pouvais faire c’était te fier à ta voix intérieure. Notre voix à nous disait simplement : tourne-toi vers la musique, ce truc passera. C’est une manière poétique de dire qu’on a suivi notre propre direction.

SOB : Malgré des étapes d’écriture isolées, le disque est cohérent. Vous avez qualifié l’album d’electro-rock feel good ; était-ce un but conscient ou juste un heureux hasard ?

Jim Kerr : C’est toujours heureux ! C’était un doux repère pour nous. On a une tendresse particulière pour nos jeunes années electro/hard rock mais on ne peut pas revenir en arrière, c’est du passé ! Nous étions des enfants sans expérience mais avec de l’imagination et une folle énergie, et on a voulu montrer un peu de tout ça.

SOB : Vision Thing, Who Killed Truth? et Solstice Kiss sont des titres que j’ai particulièrement appréciés et qui rappellent l’euphorie des premiers albums, êtes-vous d’accord avec ce constat ?

Jim Kerr : Je suis ravie qu’ils t’aient plu ! J’adore Vision Thing ! Quand je l’entends je me sens juste bien ! Cette intro… Elle a des airs tristes et un rythme joyeux. Je l’ai écrite en pensant à mon père qui est tombé gravement malade, il m’avait dit : « va donc écrire de la musique ! Ne laisse pas cette situation te dominer. » Donc j’écrivais une chanson sur un fait triste, mais j’en faisais quelque chose de joyeux. Je ne pense pas à tout ça lorsque je l’écoute, je me sens bien !

SOB : À qui faites-vous référence dans Human Traffic ?

Jim Kerr : Elle ne concerne pas une personne en particulier mais le monde dans son mouvement… Comment et pourquoi les gens bougent. Parfois ce n’est pas de leur propre chef. J’essayais d’écrire une chanson pop sympa à propos d’un sujet sérieux. Pourquoi faire ça ? Pourquoi inverser ? Je me souviens en 1989, Prince avait écrit Sign ‘O’ the Times. Dans cette superbe chanson il parlait de choses horribles qui se passaient dans le monde, mais il les rendait si romantiques, si optimistes, qu’on voulait avancer. Human Traffic est un morceau de pop entraînant, mais quel genre de morceau dit « je suis défoncé par la fumée et la misère » ?

SOB : La première fois que j’ai écouté Solstice Kiss, je me suis dit qu’elle pourrait être une musique de film…

Jim Kerr : Tu ne vas pas le croire, mais Solstice Kiss a été écrite pour un film. C’est un film fait par les Whisky McCallums. En résumé, quand le créateur de ce célèbre whisky est mort, on a dit à sa femme : « vous devez vendre parce que les femmes ne font pas dans le business ». Elle était donc sur le point de signer les documents pour la vente quand elle a décidé de ne pas le faire. McCallums a fait un beau court-métrage sur cette femme et nous a demandés d’écrire une chanson, donc on a écrit Solstice Kiss.

SOB : Quels artistes aimez-vous écouter en ce moment ?

Jim Kerr : On a fait un show à la BBC il y a deux jours et Christine and the Queens était là. Ça m’a époustouflé ! La performance était incroyable…

Direction of the Heart est disponible le 21 octobre. Précommande disponible juste ici !

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