You Me At Six

Interview – Les détails de TRUTH DECAY, le nouvel album de You Me At Six

On a rencontré Max et Chris, les deux guitaristes de You Me At Six lors d’un jour de promo à Paris. L’occasion d’aborder les details de leur nouvel album, la vie en tournée et leur relation spéciale avec La France.

Sound of Brit: Comment allez vous ? Vous venez tout juste de finir une tournée américaine, comment ça s’est passé ?  

Max : C’était plutôt sympa. Depuis le COVID et la pandémie, c’était la tournée la plus longue que l’on ait faite. On était aux USA pendant 5 semaines, et ça fait plaisir d’être enfin en dehors des frontières. Depuis la crise sanitaire, on a pu faire quelques petites tournées en Angleterre, mais pas du tout à l’international. C’était donc vraiment bien et on a aussi pu tester de nouvelles chansons.

Pour votre nouvel album, TRUTH DECAY, vous avez dit vouloir revenir aux sons des premiers albums. D’où est venue l’envie ? C’était une intention particulière ou le constat est arrivé en studio, après les premières compositions ?

Chris : C’était vraiment l’intention de départ. On est entré en studio avec l’envie de tester de nouvelles choses, comme d’habitude. Après, avec l’atmosphère actuelle de résurgence de la musique pop punk, emo et rock, on baignait dans cet univers musical et les idées se sont développées naturellement. Pendant la pandémie, on a aussi eu le temps de se replonger dans les souvenirs des premiers albums, et de se nourrir de cette nostalgie sonore.

Côté composition, est-ce que vous écrivez de nouvelles chansons en ayant déjà les concerts en tête ? Ou arrangez-vous dans un second temps les morceaux pour le live, sans trop s’en préoccuper pendant le processus de création ? Est-ce que la vie en tournée a changé votre façon de faire ?

Max : Pour moi, l’inspiration peut venir de n’importe quoi : pendant le sommeil, tu te réveilles et tu as une soudaine envie d’écrire quelque chose ou d’enregistrer une voix. Je pense qu’il faut juste être préparé à accueillir l’inspiration quand elle vient, ne pas la bloquer, et ça peut évidemment venir des superbes moments que l’on passe en tournée : on voit, on entend plein de choses. C’est plutôt à propos de cette capacité à capter l’inspiration quand elle arrive. Cela fonctionne un peu comme un robinet : quand on ne l’utilise pas pendant un moment, il est rouillé. Plus on l’utilise, plus ça devient facile. Pour nous, l’inspiration, parfois, c’est juste prendre une guitare, essayer deux-trois riffs et jouer, tout simplement. Quelque chose d’intéressant pourrait en sortir et il faut juste être prêt à le capter.

Chris : Cela nous arrive aussi de nous poser certaines questions pendant la création d’une chanson : « Est-ce que c’est trop lent, Est-ce que les gens peuvent sauter sur cette chanson ? » Parfois, on les modifie aussi légèrement en pensant à la foule pendant les concerts.

Ce nouvel album aborde la question de la santé mentale, alors que c’est aussi une question qui est soulevée de plus en plus dans l’industrie musicale, en ce moment. De votre côté, comment prenez-vous soin de votre santé mentale pendant les tournées, lorsque les dates de concerts s’enchainent de façon intensive ?

Chris : Cela a toujours été une question importante pour nous, et lorsque que l’on est loin de la maison pendant un long moment, la santé morale de tous les membres du groupe est importante, quel que soit le problème, si tu traverses une mauvaise passe, si quelque chose te pèse, si tu as le mal du pays…. On veut continuer de porter le message qu’il ne faut pas hésiter à en parler, à aider les copains, et faire attention aux uns et aux autres. Il n’y a pas de tabou.

Max : Cela vient aussi de la crise sanitaire liée à la pandémie. On était tellement habitué à jouer tous ces concerts, et d’un coup, tout s’est arrêté, tu n’es plus autorisé à faire ce que tu faisais normalement depuis 15 ans. Ca a forcément donné du temps d’introspection aux gens, pour prendre du recul sur comment mieux prendre soin de soi. Je pense que c’est important de communiquer, communiquer avec des amis. Personnellement, pendant la pandémie, j’ai réalisé que je buvais du vin avant de monter sur scène, et que peut-être, je n’offrais pas le maximum de ce que je pouvais offrir au public. J’ai donc changé mes habitudes en revenant. On doit pouvoir être capable de tirer des choses positives des moments difficiles. Quand tu fais quelque chose depuis si longtemps, c’est tellement facile de développer des mauvaises habitudes. Dans ces moments compliqués, j’essaie de me rappeler de l’expression connue « Rome ne s’est pas faite en un jour ». A partir du moment où tu fais des petits progrès dans la bonne direction, tout va bien. Tu t’améliores.

Les gens ont changé leurs habitudes de consommation, le public favorise les singles par rapport aux albums complets. Est-ce que ces changements ont influencé votre façon de composer et sortir votre musique ?

Chris : Ca ne change pas forcément la façon dont on écrit de nouvelles chansons, mais la stratégie de sortie d’un album a peut être un peu changé. Avant, on pouvait sortir seulement un ou deux singles puis sortir l’album rapidement. Maintenant, il y a plus de temps entre le premier single et l’album, on sort donc plus de singles. Avec celui là [TRUTH DECAY], c’est l’un des plus longs albums que l’on ait fait depuis longtemps. Cela nous ait arrivé avec les albums précédents, de n’avoir que 5 ou 6 titres inédits au moment de la sortie de l’album, à cause des 4-5 singles précédents. Cette fois-ci on s’est adapté, avec encore 10 inédits à la sortie de TRUTH DECAY. Après, en tournée, on écrit de nouvelles chansons dans tous les cas, on a toujours des chansons en cours, on ne s’arrête jamais.

Comment s’est déclenchée la collaboration avec Rou Reynolds d’Enter Shikari ? Comment vous-êtes vous rencontrés ?

Max : Et bien, on connaît les gars d’Enter Shikari depuis longtemps, dès le début du groupe. En 2005-2006, Enter Shikari commençait à monter en Angleterre. A ce moment, nous jouions dans des petites salles de 100, 200 personnes. On se croisait souvent dans les festivals, on a maintenu notre amitié ainsi. On aime s’amuser ensemble, boire un coup, discuter et prendre des nouvelles de chacun.

A propos de la chanson, on était en studio, on avait la base sonore du titre, les paroles étaient assez anxiogènes et ça ne se reflétait pas dans l’instrumentation. Finalement, on s’est lancé dans la collaboration avec Rou parce que Josh s’est dit « J’aimerais beaucoup envoyer ça à Rou, je pense qu’il pourrait vraiment améliorer la chanson ». On ne s’est pas dit qu’on allait collaborer avec Enter Shikari parce que c’est Enter Shikari, mais parce qu’on pensait que ça servirait bien la chanson, avant tout. Rou a vraiment apporté la touche Enter Shikari en termes de production, c’était une collaboration vraiment cool. C’était quelque chose qu’on avait pas fait depuis les premiers albums, et on avait hâte de refaire une si belle collaboration.

A propos de votre relation avec La France, avec les fans français, est-ce que vous aimez jouer en France ? On se souvient en particulier d’un concert bouillant à La Maroquinerie en 2019 !

Chris : Les fans français sont toujours un peu fous. Je sais que tout le monde le dit, mais vraiment, à Paris, c’est toujours comme ça. Le public devient explosif.

Max : Si je me rappelle bien, il y a avait pas mal de crowdsurfing ce soir là. On a vécu ça comme une célébration. Les fans avaient l’air de bien apprécier, et c’est vraiment la motivation de tous nos concerts. C’est censé être une opportunité pour se laisser aller, de s’échapper pendant un temps du monde extérieur, de s’échapper du bruit et de la négativité. Les concerts, normalement, sont un lieu sécurisé, où l’on peut s’amuser, rencontrer de nouvelles personnes et chanter les titres que l’on adorent. Je sais que beaucoup des concerts où je suis allé ressemblaient à ça. Paris a toujours été spécial pour nous, parce que nous avons joué notre premier concert international ici, à La Cigale, avec Fall Out Boys. On a de superbes souvenirs ici, du coup ! On n’est pas le plus gros groupe de la Terre, mais vraiment les fans sont sacrés pour nous. Et ça nous fait aussi énormément plaisir de les voir grandir avec nous.

A Sound of Brit, on aime découvrir de nouveaux artistes, est-ce que vous avez des recommandations, de nouveaux groupes que l’on devrait connaître ?

Max : J’ai entendu parler d’un groupe, October Drift.

Oh oui, le premier album était vraiment cool.

Max Oui, vraiment ! Je les ai découvertes récemment, seulement. Je trouve qu’il y a un peu de grunge, un peu des vibes Biffy Clyro dedans, j’ai beaucoup aimé.

ChrisKid Kapichi

Ah oui, ils ont ouvert pour Frank Carter and the Rattlesnakes en France.

Max : Je mentionnerai aussi Cody Frost. On a fait une collaboration avec elle sur l’une des dernières chansons de l’album. Elle est au tout début de sa carrière, mais pour moi il faut garder un œil sur elle. C’est une artiste incroyable, elle a une super voix et surtout beaucoup de choses à raconter. Evidemment, il y a Cassyette aussi, elle est actuellement en tournée avec Simple Plan et Sum 41. C’est une de nos amies, on la connaît depuis un moment, et on a l’impression qu’elle va bientôt décoller. Les gens ne la connaissent pas encore, allez la découvrir avant qu’elle ne soit trop connue !

Question bonus: est-ce que vous écoutez des artistes français ?

Max Récemment, et je ne sais pas si c’est à cause des Arctic Monkeys, mais j’ai regardé une interview d’eux où ils évoquent une playlist en particulier. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de musique française dessus, et j’ai beaucoup aimé. J’ai ensuite réécouté le dernier album des Arctic Monkeys, et j’ai reconnu pas mal de cet univers musical, dans le style des musiques des cafés français, et c’était intéressant. J’ai aussi écouté Gotan Project, c’est français, il me semble.

TRUTH DECAY sortira le 10 Février 2023
Interview par Claire D.
Propos modifiés pour clarté

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