13 Déc INTERVIEW — Cardinals, un Éire de famille
Quelques heures avant leur premier concert parisien à l’occasion du festival They’re gonna be big du Supersonic, on a discuté avec Cardinals, la nouvelle sensation indie rock venue de Cork, en Irlande.
Pouvez-vous vous présenter et nous dire comment vous vous êtes rencontrés ?
Euan : Finn est mon frère et Dara est un cousin. Nous sommes donc tous des Manning. C’est comme ça que nous nous connaissons. J’ai rencontré les gars à l’école, on était dans la même classe mais on a commencé à jouer ensemble vers 16 ans, juste tous les trois. On n’avait pas vu Dara depuis un moment, mais on l’a croisé à un baptême et il étudiait la batterie à l’université. Il était plus dans le genre jazz avant-gardiste, il jouait dans pas mal de fanfares, mais il s’intéressait de plus en plus au rock and roll, alors il a commencé à jouer avec nous aussi il y a deux ans.
Finn : Moi, je suis arrivé un jour avec mon accordéon et je suis resté.
Vous n’avez pas commencé par jouer de l’accordéon en famille ?
Euan : Finn et moi on jouait de la musique ensemble, mais on se disputait souvent quand on était enfants à propos de la musique. Il était plus Tupac et moi plus Biggie.
Alors comment avez-vous décidé d’inclure l’accordéon dans un groupe de rock ?
Euan : Je ne sais pas. On a écrit Roseland et ça sonnait comme une évidence avec l’accordéon.
Finn : Ils m’ont demandé d’ajouter l’accordéon et j’ai aimé cette texture, ce son. C’est comme l’accordéon parisien, j’adore la bande originale d’Amélie Poulain. C’est un instrument romantique, traditionnel, mais joué dans un style quelque peu contemporain. Ça rappelle aussi un peu la façon dont on a commencé à jouer de la musique, je suppose.
Si vos influences étaient Tupac et Biggie, comment en êtes-vous arrivés aux Cardinals et à l’accordéon ?
Euan : On a essayé le rap, on n’était pas très bons, donc on a préféré le rock and roll ! Je pense que c’est parce qu’on a découvert Nirvana. C’est drôle parce que les chansons de Tupac et Biggie et Nirvana vous font ressentir la même chose dans un sens. C’est un peu angoissant, énervé, l’attitude est là. Donc, on a tiré à pile ou face un jour et on a choisi le rock.
Quelles sont les autres influences dans votre musique aujourd’hui ?
Cardinals : C’est différent pour chacun d’entre nous. Nous nous inspirons toujours du cinéma en particulier. On aime The Velvet Underground, ce genre de choses. Ce sont des groupes très influents, mais je suppose que nous aimons aussi la musique irlandaise. À Cork, il y a Rory Gallagher et puis d’autres groupes irlandais, comme Thin Lizzie ou encore des écrivains comme Shane McGowan [The Pogues], toute cette scène musicale littéraire, c’est vraiment important. L’histoire de l’Irlande, j’imagine !
Pourquoi pensez-vous qu’il y a autant de groupes irlandais qui viennent en Europe en ce moment ?
Cardinals : Nous en parlions plus tôt, ils ont toujours été là. On est des gens très artistiques par nature ! Mais pas tellement au-delà des frontières. Peut-être qu’il est désormais plus facile pour les groupes irlandais de quitter l’Irlande et de se lancer dans le monde. Il y a toujours eu de la bonne musique en Irlande. Je pense que les gens sont peut-être simplement attirés par elle maintenant, surtout au Royaume-Uni. Il semble y avoir une sorte de fétichisation de la culture irlandaise dans une certaine mesure, l’effet post-Fontaines D.C. ! Mais ils nous le doivent bien. Je pense que c’est certainement la raison pour laquelle il y a un boom en ce moment. L’Irlande a toujours été pleine d’auteurs brillants. Mais on est obligé d’exporter notre art hors d’Irlande parce que le pays est trop petit. Il n’y a pas non plus d’industrie en Irlande, pas de financement des labels, pas beaucoup de managers ou quoi que ce soit. Avant, tout tournait autour de la pêche et de l’agriculture et maintenant, c’est Facebook, Google et Apple. Mais c’est ce qui rend la musique irlandaise si authentique, parce qu’il n’y a pas d’industrie, donc tous ceux qui le font le font juste pour eux-mêmes. Au moins, il n’y a pas cette fausse scène qu’on trouve à Londres. On ne trouve pas ça en Irlande, pas vraiment en tout cas. Mais peut-être que l’industrie arrive en Irlande. Certaines personnes arrivent d’Angleterre à la recherche de chair fraîche irlandaise !
Vous avez sorti un EP puis un single, travaillez-vous déjà sur un deuxième EP ou un album ?
Cardinals : Oui, on écrit en ce moment, quelque chose de plus grand et d’encore mieux. Un album est la première grande déclaration d’un artiste. Avec un EP, on se lance, mais écrire un album et le voir comme un projet à part entière, une œuvre d’art, c’est un tout autre niveau pour nous. C’est un processus gratifiant jusqu’à présent ! Mais on en est encore au tout début.
Vous faites votre premier concert en France ce soir. Avez-vous déjà des projets pour de futurs concerts en France ?
Cardinals : On reviendra c’est sûr, on adore cet endroit, Paris est magnifique ! On a l’habitude de jouer en Angleterre et en Irlande, donc c’est sympa de venir sur le continent et dans une ville aussi géniale. Les fans sont aussi beaucoup plus enthousiastes en Europe. Nous sommes arrivés hier matin et nous avons pu nous promener et c’est tellement beau ! Nous avons mangé des escargots hier soir, des huîtres aussi.
Avez-vous des recommandations musicales à faire à nos lecteurs ?
Cardinals : Theater, un groupe irlandais avec lequel on a joué récemment. Ils n’ont encore rien sorti !
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