Review : The Possibilities Are Endless – un film émouvant sur la vie d’Edwyn Collins

Présenté à la sélection officielle du London Film Festival, le film The Possibilities Are Endless retrace l’incroyable histoire d’Edwyn Collins qui tente de retrouver peu à peu ses facultés après des mois de convalescence suite à une grave hémorragie cérébrale. Une histoire d’amour, de courage. En somme une histoire humaine.

 

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Ce vendredi 10 octobre, nous avions rendez-vous sur Soho, non pas dans une salle de concerts mais cette fois au cinéma pour la projection destinée à la presse de The Possibilities Are Endless. Ce film-documentaire retrace la lutte du musicien Edwyn Collins à retrouver ses facultés après sa double hémorragie cérébrale survenue en 2005 qui le laisse dans l’incapacité de pouvoir parler ou se mouvoir correctement ; encore moins de jouer de la musique.

Le travail des réalisateurs Edward Lovelace and James Hall est tout à fait extraordinaire ; un film-documentaire visuellement magnifique et émotionnellement bouleversant vous plonge dans l’univers touchant et intime d’Edwyn Collins.
Le film s’ouvre sur des vidéos d’archive de concert avec A Girl Like You en fond sonore et d’interview où l’on voit un Edwyn Collins brillant, heureux, drôle. Puis tout s’arrête. Ecran noir. Des films de souvenirs de vacances puis de très longs plans sur les magnifiques paysages du nord de l’Ecosse, l’eau, la terre, l’air ; on se trouve embarquer dans l’esprit d’Edwyn qui se sent comme un enfant qui lutterait pour remonter à la surface de l’eau ; « Que m’arrive-t-il ? », « Qui suis-je ? ». Edwyn a quasiment perdu l’usage de la parole. A son réveil suite à son accident il ne peut plus dire que « Grace » (nom de son épouse bien-aimée) et « The possibilities are endless » (les possibilités sont sans fin) qu’il répète comme un mantra. La mémoire d’Edwyn est désormais fragile ; pour lui les émotions et les souvenirs sont trop précieux, ce sont les seules choses qui lui restent. Pour les préserver et les faire revivre, il a désormais besoin de retourner sur les lieux qu’il a connu jadis pour rassembler ses souvenirs, reconstruire sa vie. Et pour cela il y a Grace. Grace Maxwell, sa femme, sa vie, sans qui Edwyn se serait peut-être perdu à jamais. Mais elle est là, à ses côtés. Nous sommes accompagnés par le chant des mouettes, le bruissement des herbes, le grincement des balançoires et ce piano lourd et élégant à la fois qui tente de nous ramener à la lumière, à la vie (cf. One Note Wonder). La bande-son qui accompagne les images est profonde, immaculée. On se sent à la fois prisonnier et libre que les arbres d’une forêt ou les oiseaux de mer.
Puis on arrive soudainement à Londres, à Plympton Road, chez les Collins. Grace nous explique qu’Edwyn ne pouvait plus parler, comme si il n’était plus connecté à lui-même. Edwyn n’a qu’un désir, vivre. Sa lutte continue ; chez lui il se passe des vidéos de ses anciens concerts, un thérapeute l’aide dans sa quête à retrouver ses capacités à s’exprimer où l’on voit un homme perdu dans les dates qui demande de l’aide, puis il essaie de reprendre le dessin et de faire retravailler ses doigts, toujours encouragé par Grace qui lui suggère de dessiner des oiseaux. Puis la musique devient plus légère, le piano plus souple. Grace et Edwyn se baladent, partagent une bière et Edwyn chantonne. Le couple est heureux d’être ensemble, simplement heureux de pouvoir (re)partager les moments simples de la vie qui leur offre une seconde chance. Puis vient le temps de reprendre le chemin du studio et de l’enregistrement. Edwyn l’a fait. L’album Home Again a été mis au monde dans la douleur, l’espérance et la joie. Désormais Edwyn ne veut qu’une chose : ne pas regarder en arrière, mais continuer à aller de l’avant.
Tout le monde est de plus en plus détendu et l’humour revient chez les Collins où la complicité entre Grace et Edwyn est sans appel. Mais c’est sans compter sur William, leur fils unique, qui n’est jamais très loin non plus surtout lorsqu’il s’agit de déconner avec son père. Et ses amis et musiciens, son complice Sebastian Lewsley et son disciple Carwyn Ellis, celui qui a beaucoup appris d’Edwyn et se retrouve désormais à ses côtés et l’aide dans sa création musicale.

The Possibilities Are Endless est l’histoire d’un musicien de talent et avant tout d’un homme miraculé mais pas uniquement. C’est aussi l’histoire d’une femme à la force de caractère impressionnante, aimante et dévouée à son époux qu’elle sauvera. C’est l’aventure d’une vie de deux êtres qui du jour au lendemain se sont retrouvés coupé du monde, qui ont du vivre dans leur univers avant de refaire surface entourés de leurs proches. Le travail de Lovelace et Hall est un témoignage magnifiquement émotionnel, totalement captivant où larmes et rires se retrouvent mêler. Nous sommes face à une tendre histoire, une vraie histoire, de courage, de volonté et d’amour. Une belle leçon de vie. Aimer, être heureux. Des choses qui paraissent simples et évidentes mais lorsque l’on s’arrête un moment et qu’on prend le temps d’y réfléchir, peu de gens obtiennent ces choses-là. Le vrai amour est rare. L’histoire d’Edwyn peut nous faire beaucoup réfléchir sur le sens de la vie, sur le sens de notre vie tout à chacun. Croire en soi et accepter l’amour des autres voilà peut-être la clé d’une vie heureuse.

 

En guise d’avant-premières, The Possibilities Are Endless est actuellement présenté dans plusieurs salles à travers le pays où en fin de séance Edwyn Collins et Grace, accompagnés des deux réalisateurs, sont présents pour un Q&A. Certaines séances proposent également un petit set acoustique dans lequel Edwyn est rejoint par Carwyn Ellis. Vous pouvez d’ailleurs regarder l’une de ces séances de questions-réponses suivi du set acoustique ICI lors de l’une des projections londoniennes.
Quant à vous, vous pouvez visionnez ce magnifique film sur ITunes depuis le 20 octobre et si vous avez l’occasion d’être au Royaume-Uni cet automne, il serait diffusé dans les salles britanniques à partir du 7 novembre.

 

La bande-originale a été écrite par Edwyn Collins, Carwyn Ellis et Sebastian Lewsley où se mêlent d’anciens titres que l’on peut retrouver sur les albums précédents d’Edwyn (Leviathan, Home Again, Down The Line, Don’t Shilly Shally, I’ve Got It Bad) et des morceaux composés à l’occasion de la réalisation de The Possibilities Are Endless. Une nouvelle fois, le travail remarquable de Carwyn Ellis et de Sebastian Lewsley nous offre une musique profonde complètement en accord avec le film et les sentiments qu’il fait naître. Je ne peux cesser d’écouter One Note Wonder au piano totalement envoûtant.

 

Tracklist de la bande-originale :

– Leviathan (instrumental)
– Quite Like Silver
– Home Again – harmonies
– Home Again
– Quite Like Silver – piano refrain
– Viewed From All Angles
– One Note Wonder – Part I
– Closing Time At The Punk Rock Hotel – 2014 version
– Down The Line
– One Note Wonder – Part II
– Don’t Shilly Shally – 2014 version
– Two Steps Back
– I’ve Got It Bad

 

Note : 10/10
(film & soundtrack)

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