Spectres – Condition

Sales, crasseux, effrayants; Spectres reviennent donner vie à votre pire cauchemar avec un deuxième album filant adrénaline et frissons. Écoute et critique.

Les 4 garçons de Spectres sont passés tristement inaperçus avec Dying, premier album de post-rock-noise sombre et mature frappant tant par son identité affirmée que par son artwork. Auréolés d’un succès critique à défaut de commercial, la formation revient en reprenant les même recettes: artwork cauchemardesque, musique lancinante et visions d’horreur. Qu’en penser alors?

Tout d’abord, la musique de Spectres n’est pas accessible pour tout à chacun. Sur un ton résolument toxique et destructeur, les cymbales se fracassent, les guitares se fondent dans des océans de réverbérations, le chant est pessimiste et noyé dans l’amas de violence sourde qui émane de la musique du groupe. Condition semble être là pour fournir la bande-originale de nos pires cauchemars, disséquant nos peur primaires par des structures torturées afin de mieux nous déstabiliser. Condition est un album, de par son genre, cauchemardesque et exigeant.

Pénétrer dans l’univers de Spectres est donc infiniment complexe mais ô combien gratifiant. Les paysages sonores que créent le quatuor font écho à un imaginaire rarement vu auparavant et s’assurant une identité unique et follement créative. L’écrasante ouverture de The Beginning of an End laisse présager du meilleur, et tient un pari pour la suite: Condition se construit de remarquable façon, entre long titres expérimentaux, à l’image de Dissolve et Colour Me Out, et singles percutants et efficaces, comme Neck et Rubber Plant.

Spectres font preuve d’ingéniosité et de créativité absolument remarquables tout au long de ce 2ème effort qui épate par son intelligence. Rien n’est laissé au hasard, et Condition regorge de pépites de conception, osant le risque de pistes instrumentales destructrices amenant de réelles pépites avec grâce et souffrance. Mais au-delà de sa brillante structure, Condition brille par sa composition.

La recette est sensiblement la même pour chaque titre, mais les 4 musiciens parviennent à jouer des codes et les retourner pour créer de soniques thèmes hantés et fascinants. Là ou le groupe s’amuse à prendre son temps via larsens et autres inconfortables sonorités, il va également s’amuser à balancer de pétrifiants singles taillant dans le gras avec un plaisir jouissif presque maladif visant à nous briser le crâne pour mieux nous retourner le cerveau. Incomparable.

Tenter de décrire le son de Spectres au-delà de cet assemblage digne d’un pur cauchemar se révèle compliqué tant le langage du groupe appartient au domaine de l’irréel et du surréaliste, au domaine de l’inconscient et des peurs de tous âges. Spectres sont là pour hanter vos jours et vos nuits, et jamais frisson d’effroi n’aura été si bon. Vous êtes prévenus.

 

Tracklist

The Beginning of an End

Rubber Plant

Dissolve

Neck

A Fish Called Wanda

Welcoming the Flowers

Colour Me Out

End Waltz

Coping Mechanism

Nos morceaux préférés: The Beginning of an End, Rubber Plant, Neck, A Fish Called Wanda, Welcoming the Flowers

La note: 9/10

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