Jon Fratelli se confie à Sound of Britain

De passage à Paris pour promouvoir son nouvel album, Jon Fratelli a eu l’amabilité de consacrer un peu de son temps pour répondre à nos questions.

Voici ses réponses.

 

jonfratelli

 

Vous avez commencé la tournée, vous avez déjà joué des concerts au Royaume-Uni, vous avez aussi joué dans des festivals (devant des fans d’autres groupes) mais pour la première fois, vous serez de retour dans les salles européennes, devant vos propres fans qui vous attendent depuis 5 ans, comment te sens-tu à ce propos ?

On est très enthousiastes, rien que par le simple fait de jouer. Juste jouer, c’est ce qui m’impatiente le plus. Les festivals c’est bien, ils peuvent être géniaux quelquefois. Mais on est un peu anxieux avec ça parce qu’on est jamais sûrs de comment ça va se passer. Heureusement la plupart du temps ça se passe bien. Des fois on a même de très bonnes surprises. Le seul truc qu’on ne sait jamais, c’est si on aura de la chance ou pas : s’il y aura du monde ou pas. Mais ça donne l’occasion de se relaxer. Et dans ce cas on joue juste pour s’éclater parce qu’on rien à prouver à personne, on n’a personne à convertir, je suppose qu’ils le sont déjà, donc c’est gagné d’avance. On aura 6 ou 7 semaines de tournée et c’est ce qu’on sait faire de mieux.

 

Est-ce que ça te donne de la pression ?

Non au contraire, c’est facile. On doit juste donner tout ce qu’on a pour jouer. Mais c’est simple, on sait le faire, on joue et on apprécie la réaction des gens à qui on plait.

 

Je suppose que votre concert à Glasgow devait être extraordinaire. As-tu des impressions différentes quand tu joues dans ta ville ?

Pas vraiment… Bon, on n’a jamais fait de mauvais concert à Glasgow, c’est toujours bien. Mais il y a tellement de bons endroits où jouer. On a vraiment eu de bons concerts. C’est toujours excitant, tu n’es jamais à l’abri d’une surprise. Y a certains endroits où tu t’attends à avoir une mauvaise ambiance et au final c’est tout le contraire !

 

Parlons de l’album, dans We Need Medicine, on retrouve l’énergie de Costello Music et la mélodie de Here We Stand. Est-ce que l’enregistrement, cette fois-ci était différent des autres ou était-ce comme l’enregistrement d’un premier album ?

C’était vraiment si on commençait une nouvelle fois. On ne devait faire plaisir à personne d’autre que nous. Personne ne s’attendait à l’enregistrement d’un album donc on était libres de faire ce que l’on voulait. Et tout ce qu’on voulait faire, c’était s’amuser. Et aussi ce qu’on voulait c’était un album qu’on pouvait jouer en live, parce qu’on avait du mal à adapter les albums précédents en concert. Par exemple, quand on s’est réunis, on a pas vraiment réussi à jouer des morceaux du 2e en live. Il fallait faire en sorte que ça n’arrive pas une seconde fois et faire un album taillé pour le live. Le fait qu’on ait mis que 3 semaines pour l’enregistrer montre qu’elles sont faciles à jouer et qu’elles marchent très bien en live.

 

Quelques morceaux de We Need Medicine ressemblent beaucoup à ce que tu as fait en solo, je me trompe ?

Je sais pas, c’est la même personne qui les a écrites donc c’est fort possible !

 

Peut-on dire que votre pause t’a finalement aidé dans l’élaboration de ce 3e album ? En quelque sorte, reculer pour mieux rebondir.

Je pense pas que cela ait eu des conséquences, musicalement parlant. Sans aucun doute personnellement. On avait besoin de temps pour s’aimer de nouveau et la seule solution à ça, c’était de ne pas se voir. Musicalement ça n’a pas eu d’effet. Bon, bien-sûr le temps fait ça tout seul : il peut changer la façon dont tu écris, les choses que tu écris, mais même si ça change, c’est pas en permanence. Donc oui, le temps doit un peu avoir une influence, mais j’espère pas tant que ça.

 

Collaborer avec Lou Hickey (dans Codeine Velvet Club) t’a offert une nouvelle expérience. Cela t’a-t-il donné une certaine inspiration ?

Pas vraiment, mais faire des albums très certainement. Plus tu fais d’album, plus ça t’aide, c’est certain. Je ne veux pas devenir producteur (ndlr : Jon a produit We Need Medicine), ça ne m’intéresse pas. Mais je veux vraiment arriver au point où mon album sonne comme je l’avais imaginé. Mais ces 3 dernières années m’ont bien aidé pour faire cet album, je savais comment faire pour qu’il soit comme je le voulais. Produire des albums n’est pas ma vocation, mais pour le moment c’est la manière la plus simple pour moi d’obtenir ce que je veux sur les bandes d’enregistrement.

 

« On avait besoin de temps pour s’aimer de nouveau et la seule solution à ça, c’était de ne pas se voir »

 

Et quelles étaient les premières chansons que tu as composées pour We Need Medicine ?

This Old Ghost Town est la première que j’aie écrite. Les autres sont venues par la suite en faisant des concerts. Sachant qu’on jouait beaucoup de chansons du premier album, et presque pas du deuxième, on savait plus ou moins ce qu’il nous fallait pour celui-ci.

 

Parle-nous du processus de composition : comment choisissez-vous quel morceau garder, quel morceau jeter ..?

On a sorti 11 chansons sur l’album, on n’en a enregistrées que 12 parce que, même si j’en ai écrites plus que ça, je n’ai pris que des morceaux qui me plaisaient. Je n’ai pas pris de chansons qui me plaisaient pas parce que je ne voulais pas laisser l’opportunité à d’autres de les aimer (rires). Donc on n’a enregistré que des morceaux qui marchaient totalement.

 

Barry et Mince interviennent-ils dans la composition des morceaux ?

Non. C’est pas parce que je ne les laisse pas faire, c’est juste que je n’ai jamais écrit de morceau avec quelqu’un d’autre dans toute ma vie. Je ne saurais pas comment faire. Les gens me demandent de le faire mais je ne le fais pas. J’ai donc tendance à écrire par moi-même. Les morceaux que j’écris ont l’air de coller au groupe, donc bon. Je suis certain que ça les fruste un peu, mais ça peut marcher. Ca marche pour moi en tout cas.

 

Sais-tu s’ils sont satisfaits ?

Je ne leur ai jamais demandé. Mais je sais que c’est pas très démocratique, je n’y ai jamais réfléchi en réalité. Mon rôle a toujours été d’écrire. Si j’étais un batteur, le mien serait alors de faire de la batterie. Je m’en sors bien à écrire des chansons donc je continue de le faire. Ce qu’on joue correspond bien avec ce que j’écris et ce que j’écris correspond bien avec ce qu’on joue… Il est possible que je change… Je suis pas sûr.

 

Cette année a été marquée par la sortie des albums de Primal Scream et de Franz Ferdinand représentant pour ces deux groupes un grand retour après plusieurs années, vous avez également sorti votre album cette année. Quel effet cela te fait-il de participer à cette génération très créative et populaire de groupe écossais ? As-tu d’ailleurs un sentiment d’appartenance à cette génération ?

Pas vraiment. Je connais pas tant de gens que ça, je ne les écoute pas très souvent, du coup je peux pas tomber sur d’autres musiciens ou d’autres groupes. Il n’y a pas de raison particulière, je ne veux pas les offenser, je sais où ils habitent, je sais où ils vont boire mais je ne me sens pas connecté avec eux dans ce sens là et je ne l’ai jamais vraiment senti. D’ailleurs, je ne me suis jamais considéré comme un musicien écossais, je suis pas vraiment nationaliste tu vois.

 

« Mon rôle a toujours été d’écrire. Je sais que ce n’est pas très démocratique »

 

Parmi les albums qui sont sortis récemment, lesquels préfères-tu ? Est-tu d’ailleurs intéressé par les dernières sorties ou préfères-tu rester dans tes classiques ?

Plutôt rester dans mes classiques je pense. Je sais que c’est vraiment ennuyeux, en tout cas ça peut le paraître, mais j’ai toujours la même collection de disques depuis que j’ai 15 ans, elle n’a pas changé et je ne la vois pas évoluer. Avant je m’en inquiétais, je me disais qu’il fallait peut-être me mettre à la page, mais au final je n’en ressens pas le besoin. Je me sens bien à ce niveau-là. Tu vois c’est une grosse collection, ça me prend beaucoup de temps pour tout écouter, donc je ne vois pas la nécessité de l’élargir.

 

Comment te sentais-tu quand tu jouais des morceaux des Fratellis en solo ?

Je les jouais parce que je savais qu’il y aurait des gens qui aimeraient bien les écouter. C’est moi qui les écrites donc il n’y avait pas de problème à les jouer.

 

Quand as-tu pensé que c’était une bonne idée de se reformer ? As-tu vu ou recontacté Mince ou Barry avant cela ?

Non, on ne s’est pas appelés. Il y a juste un jour où je me suis dit « Tiens, pourquoi ne pas rejouer ensemble ? », je leur ai demandé, ils ont tous les deux répondu « Oui » et on a rejoué ensemble. Ce fut comme pour la séparation : on a juste arrêté, c’était pas un drame. Et là on a recommencé à jouer ensemble, aussi simplement qu’on s’était séparés.

 

Quand on écoute votre album, dès Halloween Blues, on a l’impression que vous ne vous êtes jamais séparés. Peut-on parler d’alchimie ?

Ca doit être ça. J’avais oublié à quel point on jouait bien ensemble et qu’on allait bien ensemble. Le fait qu’on soit un trio doit y être pour beaucoup aussi, mais j’en suis pas sûr. Puis aussi, on a joué tellement temps ensemble que la façon dont l’un joue correspond à celle des autres. C’est bien de jouer avec d’autres gens, mais c’est avec ce groupe que j’arrive jouer le plus facilement et le mieux possible.

 

Y a-t-il un artiste pour lequel tu rêverais de faire la première partie ?

Avant on faisait des premières parties, on a fait par exemple celle de The Police dans leur tournée des stades aux Etats-Unis. Je pense pas qu’on ait été une très bonne première partie. Je préfère jouer devant 100 personnes qui viennent nous voir que des milliers de personnes venues pour quelqu’un d’autre. Mais, personnellement, si un groupe comme les Stones avait besoin d’une première partie, je ne dirais pas non, juste pour les voir jouer. Mais en général, les premières parties, c’est pas trop notre truc.

 

Quels morceaux préfères-tu jouer en live ?

Ca change tout le temps mais si tu demandes aux autres, ils te diront certainement les nouvelles : c’est celles qu’on a jouées le moins et c’est celles qu’on a le plus hâte de jouer.

 

Je sais que ça remonte à pas mal de temps, mais gardes-tu de bons souvenirs de ta dernière visite en France ?

J’ai surtout aimé l’avant dernière, celle en 2007 à l’Elysée Montmartre. C’était génial, on s’en souvient encore.

 

La Maroquinerie (ndlr : les Fratellis y seront de passage le 5 décembre) est également un bon endroit pour jouer.

J’imagine. Après, on est juste contents de pouvoir jouer !

 

Une question plus légère : Vous avez signé 4000 vinyles avec Barry et Mince, qu’as-tu pensé de cette expérience ?

Bah qu’il y en avait 3000 de trop (rires). Mais après tout, des gens les ont achetés donc on est plutôt contents de ça. Ca a pris beaucoup de temps, mais on avait visiblement rien d’autre à faire (rires).

 

Pour finir, un mot pour nos lecteurs ?

Pour ceux qui viennent nous voir, on en est ravis. On est vraiment content de retourner sur scène parce que c’est une très bonne façon de passer son temps !

 

Encore merci Jon

 

 

 

 

 

 

 

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