Review : Kaiser Chiefs – Education, Education, Education & War

Cinquième album attendu comme le retour aux sources de Kaiser Chiefs, Education, Education, Education & War reste un opus pamphlétaire offrant au passage une avalanche de tubes pop-rock.

 

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Un peu de plus de deux ans après le dispensable The Future is Medieval, Kaiser Chiefs repart sur les routes et les ondes avec un cinquième effort, près de dix ans après Employment, l’un des albums cultes des années 2000. Annoncés dès lors comme l’un des porte-paroles du rock anglais, surfant sur les cendres de la britpop, les Kaiser Chiefs ont porté trois années durant cette étiquette, devenant un groupe de rock incontournable. Jusqu’à le trou noir, et un quatrième album raté, parce qu’incohérent. Plus tard, on apprendra le départ du batteur et compositeur Nick Hodgson, provoquant dans le groupe une véritable remise en question. Aujourd’hui, plus qu’une résurrection (le groupe est trop jeune pour ce terme), ce 5e opus illustre la rébellion d’un groupe qui a décidé de reprendre les choses en main après avoir laissé les jeunes pousses fleurir dans le paysage britannique. Il y avait un statut à défendre. Ou à reprendre, après tout.

 

kaiser chiefs

 

Pour cet Education, Education, Education & War, Kaiser Chiefs sort à nouveau les griffes. Les textes restent incisifs, les mélodies soignées, à la fois profondément rock (à coups de riffs salvateurs) ou lyriques, donnant des hymnes que l’on apprécie un peu plus à chaque écoute. Ouvert d’une manière assez lourde par The Factory Gates où Ricky Wilson s’époumone et apporte une certaine rage au micro, les gars de Leeds répondent subtilement à l’appel du commerce, d’abord par Coming Home, retour aux sources dont les sons semblent taillés pour la FM autant que le refrain, efficace et un brin répétitif. Ensuite par Misery Company, morceau absolument jouissif, plus heavy de part ses riffs salvateurs.

 

 

Ce 5e album n’en reste pas moins un opus engagé (à l’instar du titre, une référence à un célèbre discours de Tony Blair auquel a été apposé le mot « guerre »), comme Kaiser Chiefs l’a souvent été, telle une marque de fabrique. L’héritage punk d’une génération qui a aussi grandi à cheval sur les derniers émoluments de la new wave et les cartons commerciaux de la britpop, des enfants du thatchérisme et voix du 2.0. Il n’y a donc rien de surprenant à voir les Kaiser Chiefs jouer les dénonciateurs. Les hommes de l’ombre, ces entremetteurs, épinglés dans Ruffians on Parade (et son refrain entêtant), l’hymne personnifié (My Life), The Factory Gates ou encore Bows & Arrows montrent bien que Kaiser Chiefs n’a rien perdu de sa verve. Au summum de ce postulat, le morceau Cannons, où derrière ses synthés et sa rythmique tubesque, on retrouve les commentaires empreints d’apocalypse et d’Histoire, avec la voix du formidable Bill Nighy. A la fois de l’audace et de l’excès, tout ce que Kaiser Chiefs retrouve, comme aux premières heures.

 

 

Bien fourni en morceaux remarquables, Education, Education, Education & War s’avère séduisant à la première écoute. Une fluidité appréciée, des rythmes enthousiastes, des paroles cinglantes et des refrains pop-rock très travaillés. On a retrouvé un Kaiser Chiefs créatifs, capable de passer d’un Meanwhile up in Heaven hyper accessible dans sa mélodie et ses élans vocaux (qui rappelle que Ricky Wilson a été jury de la saison de The Voice UK), à Roses, un morceau très mélodieux terminé par des choeurs façon 30 Seconds to Mars. Autant dire que Kaiser Chiefs veut séduire un public plus large, tout en obtenant satisfaction chez leurs fans et autres amateurs de rock. Challenge réussi selon vous ?

 

LA NOTE : 8,5 / 10

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