The Wytches : « En Angleterre, tout peut être pop, même du métal ! » 

Leurs morceaux font penser aux plus belles heures du dark rock, leur look grunge les fait croire sortis des années 90. The Wytches est un groupe old school car Kristian Bell, Gianni Honey et Daniel Rumsey se sont formés à l’ancienne entre Petersborough et Brighton avant d’ensorceler leur co-producteur Bill Ryder-Jones, le label Heavenly recording, les spectateurs de l’Album de la Semaine et des festivals de l’Isle de Wight et de The Great Escape. Mais qui sont ces sorciers qui aiment désorienter tous leurs auditeurs ? Le point avec le chanteur Kristian Bell, aussi discret que sont tonitruantes les chansons de l’album Annabel Dream Reader

Votre groupe s’appelle the Wytches, avec un Y, pourquoi cette petite fantaisie orthographique?


Il y a longtemps un groupe s’appelait the Witches, c’était celui du bassiste de Nine Black Alps, on les a rencontrés l’an dernier, je les avais déjà vus au Met Lounge à Petersborough dont je suis originaire, c’était terrible! Au début on ne le connaissait pas mais dès qu’on a appris le plagiat on a changé l’orthographe, je crois depuis que le groupe s’est séparé. Notre nom  est assez banal avec aucun sens particulier, après je savais dès le départ que je voulais une appellation en « the », c’est classique, ça sonne bien vintage années 80 comme The Smiths. (rires) L’idée d’avoir un « nouveau nom de famille » et le nôtre c’est Wytches, j’adore !

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Une famille en effet car vous connaissez vos collègues depuis bien longtemps…
Oui j’ai même l’impression d’avoir grandi avec Gianni, ce qui nous permet maintenant d’avoir une communication assez cash, on n’a plus peur de se dire franchement ce qu’on pense. Je le connais depuis 5 ans, on vient de la même ville, on était tous les deux batteurs de groupes métal, du coup on se croisait souvent. On a commencé notre collaboration là-bas, puis on a déménagé à Brighton où on a rencontré Dan suite à une petite annonce toute bête qui disait : « Venez dans un groupe de grunge » sans même nos numéros. C’est le seul qui ait répondu (rires) c’est comme ça qu’il est devenu notre bassiste.

Vous avez vous-même été dans un groupe « the Crooked Canes » que vous avez défini comme très adolescent et presque embarrassant…
Mais ça l’était un peu, rétrospectivement. A l’époque c’était très cool, je susurrais quelques paroles sans vraiment chanter, c’était totalement improvisé, vraiment enfantin mais j’étais si jeune, je n’avais que 16 ans… C’est à cette époque que j’ai vraiment compris ma passion pour la musique. Après les cours, le batteur me conduisait en repet’ avec ma copine et c’est là où je me sentais vraiment heureux, dans cet environnement, cette ambiance …

 

 

Vous venez de différents genres de musique tous les 3 entre metal core, punk, grunge, goth, dark, votre musique est-elle un mélange de toutes ces influences ?
Oh totalement ! Avant Dan (le batteur) était dans un groupe de punk, mais nous participions  aussi à des groupes de métal. Là c’est le  groupe le plus « pop », avec des chansons « mélodieuses » que nous intégrons. Je donne une idée générale pour une chanson et je laisse les autres arriver avec leurs propres idées et « faire ce qu’ils veulent ». Dan veut des notes assez rapides, pour un rythme assez vif punk. Gianni a son propre style de jeu de batterie  et au final tout s’harmonise. Après on aimerait changer de style à chaque album, mais pour l’instant si on veut vraiment mettre notre musique dans une case, c’est du gothique car c’est très sombre, c’est aussi de la heavy !

 

Vous venez de le dire, c’est assez « sombre » et  assez perceptible dans les paroles. Quelles sont vos inspirations?
La majorité du temps j’écris des chansons d’amour… et, l’amour c’est plutôt triste apparemment (rires). Quand j’écris j’essaie de m’isoler un peu et c’est souvent des chansons tristes qui en sortent, je n’en suis pas fier pour autant mais si ça correspond au style du groupe, alors tant mieux (sourires). On s’ennuie assez rapidement de nos propres compositions alors on aime bien se renouveler souvent.

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Ces paroles vont d’ailleurs très bien avec votre façon gutturale de chanter. Mais avant vous étiez batteur, comment vous êtes- vous retrouvé dans ce nouveau rôle de chanteur?
Quand j’ai débuté avec mes nouveaux partenaires, je voulais tout recommencer depuis le début. Avant j’étais batteur dans des groupes qui  s’étaient rapidement séparés… Du coup je me suis mis au chant et c’est sorti tout seul, ma façon de chanter n’a pas été préméditée, je ne me suis pas entraîné des heures devant mon miroir.

Au niveau de la musique, il y a une certaine mélancolie de Joy Division mélangée à l’énergie des Cramps, ce sont vos sources d’inspiration privilégiées ou vous avez d’autres groupes-phares?
Avant tout, je dirais « the Doors ».  Ils ont leur son propre et à l’époque il étaient vraiment alternatifs avec leur façon de déstructurer leurs chansons, The End est une chanson tellement dingue! Et Jim Morrison … Sinon Nirvana bien sûr et The Horrors, ces merveilleux song writters de rock garage comme Bright Eyes. Tout cela date un peu mais ce sont les premiers groupes sur lesquels je suis tombé petit avec Rush ou Deep Purple que j’écoutais avec mon père… un pur sentiment des années 70.

 

Souvent vos chansons sont deux grattes, une rythmique et un chanteur, est-ce cela la définition de la musique efficace?
Au début, Mon meilleur pote Marc était le bassiste puis guitariste des Wytches mais il n’a pas voulu nous suivre à Brighton, il fera sans doute parti du deuxième album. Ce n’était donc pas forcément une volonté d’être uniquement 3. Après je ne pense pas que l’efficacité soit le principal but de la musique. A la base, on ne pensait même pas rencontrer un public, on voulait juste créer notre propre univers. On n’avait jamais pensé au succès, on voulait faire des concerts mais on ne pensait pas être signé par un label … Cela est arrivé après deux ans d’existence seulement. D’ailleurs dans l’album, certaines chansons datent du temps des Crooked Canes.

 

Cet album a été d’ailleurs co-produit par Bill Ryder-Jones des Coral, comment la collaboration s’est-elle passée?
On s’est rencontré à Londres avant un concert, on a tout de suite parlé musique, on a alors réalisé qu’on aimait le même jeu de guitare, il m’a avoué avoir écouté notre musique et qu’il voulait nous donner un coup de main. On a alors enregistré deux titres dans une église à Liverpool et quelques mois après, on est allé à Toe Rag Studio à Londres avec peu de pré-productions mais on a tout enregistré en une semaine, il a joué sur quelques morceaux. Il a suivi nos idées et a vérifié que tout le côté concret pouvait marcher car nous étions novices dans le domaine. On va sans doute encore collaborer dans le futur. (sourires) 

 

Pourquoi le choix de ce studio si connu et le label Heavenly recording?
On avait déjà fréquenté dans des studios digitaux mais cela n’allait vraiment pas. Notre manager nous a alors parlé de Tog Rag Studio et nous a proposé de nous y amener pour rencontrer son staff. On y est allé vraiment naïvement, on ne savait pas que les Cribs ou les White Stripes avaient enregistré là-bas. C’était un endroit merveilleux, avec un matériel rêvé pour faire un premier album. On a tout enregistré dans des conditions de live, le son était magnifique ! Notre label n’a pas peur de sortir les albums en format vinyle ni de sortir un disque en édition très limitée, c’est très sympa d’être sur un label qui encourage un telle créativité.

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Votre album est aussi très reconnaissable à sa pochette assez colorée mais mystérieuse. Qui est-ce?
C’est un masque mortuaire. C’est assez bizarre, j’en avais eu l’idée chez notre ami Sam qui a fait notre artwork. Il avait un livre sur la cérémonie mortuaire avec des photos sur fond noir et je me suis dit qu’on allait faire la même chose. Et puis un jour on traînait dans sa chambre et il y avait ce masque vert. Alors il l’a repeint et pris la photo avec un appareil ancien. J’aime ce côté étrange et cette esthétique terriblement attirante. On ne voulait absolument pas d’une pochette en noir et blanc, trop classique.

 

Vous avez joué à l’album de la semaine de Canal +, comment cela s’est-il passé?
Oh très bien, on se sentait terriblement calmes avant de rentrer sur scène et pourtant c’était notre première performance mondiale à la télé, c’était bizarre. J’avais regardé les sessions des Dead Weather, Arctic Monkeys, Drenge, Nick Cave. C’est super, car en Angleterre, il y a bien l’émission de Jools Holland mais c’est seulement pour un ou deux morceaux. Là, on avait droit à une émission entière et en plus elle est branchée rock. L’Angleterre réserve moins de place à cette partition pop et rock, tout est mélangé dans une soirée et puis au final à peu près tout est pop, il suffit d’avoir un refrain entraînant, donc même du métal peut être pop (rires). 

 

 

Vous avez joué dans beaucoup de festivals : Leeds, Reading, Isle of Wight, The Great Escape, Field day festival, SXSW, Y Not Festival, quel fut le plus impressionnant?
On a joué dans un festival qui s’appelait Reverence au Portugal, il y a 3/4 ans il y avait beaucoup de groupes de métal, c’était tellement cool. D’habitude, on est programmé dans des festivals indie et on a peur de marquer sévèrement notre singularité sur scène car notre musique est si différente de celle des autres formations. Là, il y avait GraveYard, fantastique, Red Thangs, c’était un super festival. On était logé dans un hôtel avec tous les autres musiciens et à la réception on se sentait du coup un peu comme à la maison !

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