Passenger – Young As The Morning Old As The Sea

Passenger nous revient avec son huitième album – le 7e en solo – une très belle œuvre où Mike Rosenberg nous emmène dans un voyage intérieur intimiste.

 

 

Sept ans après la séparation de son groupe dont il a gardé le nom de scène Passenger, Mike Rosenberg lâche un septième album studio intitulé Young As The Morning Old As The Sea. Un très bel intitulé à l’image des titres qui le composent. Quatre ans après l’incontournable All The Little Lights, le jeune anglais originaire de Brighton and Hove vient en effet de signer un superbe opus, marqué par les inquiétudes d’un homme à peine marqué par le succès, un magnifique spleen parfait pour démarrer l’automne.

Intimiste à tous les égards, Young As The Morning Old As The Sea est une invitation aux voyages. D’abord dans la personnalité attachante de Passenger, mais également une virée dans les grands espaces, où la liberté chère à l’artiste s’illustre par des compositions d’une beauté sincère et touchante. Lui, petit être humain au coeur d’une immensité, a posé des mots sur cet étrange sentiment, opposant le matériel à la nature, le vrai au faux, le virtuel à la réalité.

Fidèle à sa marque de fabrique, Mike Rosenberg continue d’explorer des thématiques dont il aime se faire l’analyste-psychologue. Il parle d’amour sous toutes les coutures, à l’image de la sublime Somebody’s Love nous expliquant qu’on a forcément besoin de se sentir aimer, chose qu’il avait presque oublié de son point de vue d’artiste nomade. Epaulé de Birdy, il se fait sensible en plein spleen romantique pour Beautiful Birds, peut-être le seul morceau réellement « dépressif » de cet opus.

 

Passenger ne chante pas du joyeux, il lorgne pourtant vers l’espoir avec Anywhere ou la très touchante avec Young as the Morning Old as the Sun. Entouré d’un nouveau groupe, il sublime des mélodies folk finement étudiées sur des textes fédérateurs, parlant du temps qui passe (Everything, premier titre réussi donnant le ton à l’album), la solitude (The Long Road). Sans perdre de vue l’aspect acoustique qui a fait sa marque de fabrique et ce pour quoi il est acclamé aux quatre coins du monde au cours de buskings (des apparitions imprévues et concerts sauvages dans des rues), l’artiste a réussi à garder la simplicité de ses mélodies et l’intelligence de ses textes, tout en ajoutant ces touches qui feront mouches (les chœurs et la guitare spleen-esque de saloon sur The Long Road). Autant d’ingrédients qui vont sublimer plutôt que dénaturer, là où d’autres tels que James Bay ont échoué en passant d’artiste solo, guitare sous les bras, à un groupe, perdant l’âme de superbes compositions.

 

 

Mais la perfection, Passenger l’embrasse sur Fool’s Gold, morceau qui parle de désillusion à cœur ouvert sur une mélodie typique. Embrayant sur Home, le dernier titre de l’album, Mike conclut sur une ultime composition crève-cœur et intense, d’une beauté enivrante. 10 morceaux après le début de ce voyage criant de vérité et d’humilité, Passenger prolonge le plaisir dans une version deluxe avec pas moins de six titres dans leurs versions acoustiques et une émotion toujours plus forte.

Au fond, avec ce septième album solo – le huitième si on compte celui fait avec son groupe avant leur séparation en 2009 – Passenger semble exploiter jusqu’à épuisement un filon qu’il a découvert juteux avec Let Her Go. Pourtant, là où le type pourrait recycler et lasser, il continue d’écrire et composer avec la même âme qui l’avait amené à gagner de quoi se nourrir, dehors, dans la rue, il y a des années de cela. Depuis ces temps difficiles, Mike a connu le succès, fait gagner quelques millions d’euros à son label. Mais son état d’esprit est resté intact, et cet album, d’une beauté intimiste irrésistible, est là pour le prouver.

 

 

Tracklist :

Everything
If You Go
When We Were Young
Anywhere
Somebody’s Love
Young As The Morning Old As The Sea
Beautiful Birds (feat. Birdy)
The Long Road
Fool’s Gold
Home

 

Nos morceaux favoris : Fool’s Gold, Somebody’s Love, Home, Everything

LA NOTE : 9,5 / 10

 

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