Marillion – F E A R (F*** Everyone And Run)

Il est inutile de présenter Marillion, fameux groupe de rock progressif britannique né à la fin des années 1970. Désormais porté par la voix du chanteur Steve Hogarth, le groupe est reconnu pour la complexité de ses morceaux. Toutefois, les compositions de Marillion sont aussi teintées de pop-rock et demeurent accessibles, de par leurs mélodies chantantes.

 

F E A R est le dix-huitième album du groupe, qui expérimente déjà l’autoproduction et le financement participatif en ligne par les fans depuis plusieurs années.

Il semble porteur de tout un concept, contant et racontant des merveilles. Il se distingue par sa grande poésie et son univers particulier. En effet, les différentes chansons apparaissent comme des êtres à part, au sein desquels chaque instrument joue un rôle singulier pour les faire s’animer et prendre vie, pour notre plus grand plaisir. Le groupe est coutumier de ce genre d’albums concept, comme le souligne par exemple le très bon Marbles sorti en 2004; mais il n’empêche que F E A R reste très accessible au plus grand nombre et facile à écouter, même pour les novices en rock progressif.

 

F E A R s’ouvre avec une splendide oeuvre subdivisée en cinq parties: El Dorado. Tout d’abord, Long-Shadowed Sun nous transporte avec ses bruits d’oiseaux et ses guitares acoustiques égrenant de somptueux arpèges. La voix est calme, nous sommes transportés avec douceur dans l’univers du groupe qui nous ouvre les portes de son opus. Vient ensuite The Gold, présentant une ambiance plus sombre. La voix semble lointaine, les sons électroniques créent une ambiance feutrée. Mais quand arrive le refrain, grandiose avec toutes ses richesses dans l’arrangement, on se retrouve immédiatement en plein rêve, avec des images en tête, les oreilles emplies d’un hypnotique solo de guitare.

Nous sommes maintenant arrivés à la troisième partie de El Dorado: Demolished Lives. Il s’agit d’une agréable transition, porteuse d’une ambiance particulière. Mais l’histoire continue avec FEAR et son riff mystérieux, plus sombre et quasi-angoissant. La voix est suave et chuchotée, puis se casse. Mais le riff perdure, entêtant et extatique, avant de céder sa place à des arpèges de guitare, composés de notes aux intervalles originaux. Arrive la cinquième et dernière partie de El Dorado: The Grandchildren of Apes. L’ambiance est douce, la voix, perdue dans les aigus, est calme. Les accords se succèdent agréablement. L’issue du morceau apparait toutefois plus sombre et laisse planer un audacieux suspense.

 

Le concept se poursuit avec une nouvelle oeuvre: The Leavers, en cinq parties également. Elle débute avec Wake Up In Music et sa magie portée par ses arpèges, et une dynamique allant crescendo. Les accords sont surprenants; le morceau est énergique et cohérent: en effet, il existe une certaine symbiose entre les instruments. La voix d’Hogarth est toujours si expressive et on prend plaisir à écouter l’histoire qu’il nous conte. La place est ensuite laissée à The Remainers et ses chuchotements mystérieux; avant d’arriver à Vapour Trails In The Sky et son caractère grandiose et son arrangement riche et planant qui nous donne envie de nous laisser tout simplement porter.

The Jumble Of Days, quatrième partie de The Leavers, commence avec douceur, avant un passage transcendant très mélodique, exploitant parfaitement les nombreuses pistes de guitare. Le morceau est également nuancé car il y a ensuite un retour à un arrangement plus simple, avec piano et voix, avant de terminer en apothéose avec des roulements de batterie, des choeurs et des glissendi au piano. The Leavers est clos par One Night, qui semble porteur d’espoir.

 

Enfin, une troisième et dernière création nous transporte: il s’agit de The New Kings, qui se découpe en quatre morceaux. Vient tout d’abord F*** Everyone And Run, titre éponyme, marqué par ses jolis aigus et son arrangement agréable. Puis arrive Russia’s Locked Doors et ses arpèges de guitare, très mélodiques. Il y a toujours une aussi belle richesse dans les sons et dans l’univers. Ensuite, A Scary Sky laisse planer un agréable suspense, avant que n’arrive Why Is Nothing Ever True? porté par son son saturé, et exploitant parfaitement la batterie. Surgit un surprenant changement de clé, révélateur de l’intelligence dans la composition dont fait preuve le groupe. C’est un monde à part entière, un délicat ensemble où chaque mélodie s’imbrique.

 

Outre ces trois monuments en plusieurs actes, F E A R présente aussi trois morceaux qui les entrecoupent: Living In FEAR et son refrain grandiose; White Paper qui semble marquer un renouveau dans l’histoire; et Tomorrow’s New Country, qui apparaît comme un joli épilogue au merveilleux récit qui nous a été livré, et que nous avons hâte que le groupe nous présente en live durant sa tournée mondiale à venir. Seul bémol éventuel à cette jolie oeuvre, son côté un peu trop « sage » et « simple » à notre goût, et l’absence de morceaux avec des rythmes impairs complexes.

 

 

Tracklisting:

El Dorado (i) Long-Shadowed Sun

El Dorado (ii) The Gold

El Dorado (iii) Demolished Lives

El Dorado (iv) F E A R

El Dorado (v) The Grandchildren Of Apes

Living in F E A R

The Leavers (i) Wake Up In Music

The Leavers (ii) The Remainers

The Leavers (iii) Vapour Trails In The Sky

The Leavers (iv) The Jumble Of Days

The Leavers (v) One Tonight

White Paper

The New Kings (i) Fuck Everyone And Run

The New Kings (ii) Russia’s Locked Doors

The New Kings (iii) A Scary Sky

The New Kings (iv) Why Is Nothing Ever True?

The Leavers (vi) Tomorrow’s New Country

 

Nos morceaux favorisLiving in FEAR, The New Kings

 

LA NOTE: 8/10

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