Surpuissant, cathartique: Slowdive au Trabendo

La mythique formation Slowdive se produisait ce 2 Avril au sein de l’intimiste Trabendo pour un retour live explosif et inoubliable. Récit.

L’annonce du passage des cultes Slowdive dans le minuscule Trabendo avait fait l’effet d’une petite bombe au sein de la fanbase du groupe et de tous les amateurs de shoegaze. Plus de 20 ans après la parution de leur dernier album, Pygmalion, et seulement quelques jours après l’annonce d’un nouvel effort studio subtilement éponyme, le quintet revenait donc en terre française pour fournir un show bien loin du format best-of qu’on aurait pu imaginer.

Mais avant la tête d’affiche, c’est le quatuor français Dead Sea qui a foulé le sol du Trabendo en guise d’amuse-bouche. Deux sets de LED disposés derrière une scénographie simple mais soutenue par un épileptique jeu de lumière, le groupe s’est lancé sans appréhension dans une belle demie-heure d’électro aux teintes entraînantes et expérimentales de très bonne facture. Sous l’œil clignotant des stroboscopes, le public rentre peu à peu dans la danse tandis que les 4 musiciens se démènent, entre guitare se reflétant à l’infini, basse sombre et boîtes à rythme oscillant entre la lumière et les ténèbres. Sur cet ensemble déjà convaincant s’ajoute un chant très éthéré (en guise d’introduction à Slowdive?), qui sait laisser sa place pour délivrer des morceaux purement instrumentaux particulièrement efficaces.

Entre deux morceaux, la chanteuse prend le temps de s’exprimer. « C’est un vrai plaisir pour nous d’être là ce soir. On adore Slowdive. Merci de nous écouter ». Encore quelques titres et jolies transitions amenant un changement de tempo bienvenue, et le groupe nous remercie avant de doucement s’éclipser en backstage, laissant les échos artificiels rebondir entre les murs du Trabendo. C’était fort, tant au niveau de la performance que du niveau sonore. C’est sur ces bases que le quintet d’affiche débarque, sur les coups de 21h.

Batterie, guitares, clavier et basse: tout est en place, et sans un mot, Slowdive dégaine un imparable Avalyn d’ouverture. Le titre se construit délicatement, avec des jeux de guitare d’une technicité folle, et finalement c’est le choc: Avalyn explose et revêt ses atours les plus post-rock pour une déflagration sonore et sonique secouant l’assistance et le Trabendo au passage. Dans la pleine maîtrise de leur art, la formation prend le temps d’étirer le morceau, de faire durer cette déflagration pour mieux asséner d’irrésistibles mélodies au public, soutenues par quelques lignes de chant résolument fantomatiques, disparaissant vite au profit du rugissement des instruments. Ce n’est que quand les enceintes cessent de vrombir qu’on se rend compte de ce qu’il vient de se dérouler sous nos yeux. Slowdive sont de retour.

De là, le concert ne faiblit pas, et le quintet dose avec toujours autant de justesse ses moments de retenue qui servent finalement de prélude à de jouissives explosions musicales. Déroulant Catch the Breeze et Crazy For You, Rachel Goswell finit par observer le public et se fend d’une timide intervention tandis que ses confrères se ré-accordent. « C’est bien silencieux! Ça nous fait plaisir d’être de retour à Paris. Voici Machine Gun« . Le culte morceau provoque dès les premières notes des cris de félicité dans l’audience, faisant couler quelques larmes au passage. De titre en titre, Slowdive propose une beauté et une pureté musicale constante, forcément émouvante et envoûtante.

Mais la formation ne se repose pas sur ses lauriers. « Voici Star Roving« . L’intervention sus-nommée aura eu le mérite de mettre le groupe plus à l’aise, n’hésitant plus à communiquer avec le public. Sur scène, le premier extrait du nouvel éponyme album du groupe se révèle encore plus puissant qu’en studio, soutenu par une batterie frénétique. La suite du concert verra prendre vie sur scène Souvlaki Space Station, Alison ou encore la toute fraîche nouveauté Sugar for the Pill. Et le meilleur n’est même pas encore arrivé.

« On ne jouera pas Dagger » répond avec le sourire Rachel Goswell à des fans insistants. Loin de proposer un concert best-of, Slowdive sait exactement où mener son set avec des titres complexes faisant la part belle aux classiques du groupe comme aux nouveautés. Et c’est finalement après 10 titres que la formation propose un doublet écrasant, surpuissant, fou et résolument cathartique dont personne ne se relèvera. Tout d’abord She Calls, d’une intensité sans égal qui laisse éclater une rage instrumentale émotionnelle ne laissant aucun auditeur insensible; et finalement Golden Hair, cette reprise de Syd Barret absolument irréelle. Ces deux titres, au-delà d’une évidente maîtrise technique et musicale, viennent proposer une décharge émotive limpide, faisant résonner les plus séduisants spectres du post-rock et du shoegaze, convoquant les plus beaux pôles de ces univers musicaux pour les réunir dans un torrent splendide allant chercher les émotions les plus enfouis des spectateurs, venant tirer les larmes au coin de chaque paire d’yeux présents dans la salle. Slowdive se retire, le public applaudit, sous le choc.

Mais ce n’est finalement pas sur cet enchaînement d’exception que se conclura l’apparition de Slodwive au Trabendo. Le rappel verra le quintet proposer le titre Slowdive, la nouveauté No Longer Making Time, soutenue par des pads électroniques novateurs et sympathiques, et finalement le culte 40 Days. Tandis que les guitares éthérées se taisent, que les cymbales résonnent et que les ultimes accords s’effacent, la formation nous remercie une ultime fois avant de disparaître pour de bon. Voyage époustouflant et unique, le concert de Slowdive au Trabendo est venu remettre le shoegaze sur le devant de la scène et sous son plus beau jour. On ressort de la salle secoués, émerveillés, et avec une seule et unique envie: revivre cela à nouveau.

 

Setlist:

Avalyn

Catch the Breeze

Crazy For You

Machine Gun

Star Roving

Souvlaki Space Station

Blue Skied an’ Clear

When the Sun Hits

Alison

Sugar for the Pill

She Calls

Golden Hair

Slowdive

No Longer Making Time

40 Days

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