Audace et ovations: Everything Everything retournent la Maroquinerie

L’excellent A Fever Dream d’Everything Everything se devait d’être vécu en live pour mesurer correctement le potentiel de la formation. Récit. 

C’est comme si on les avait quittés hier. Nous avions laissé le quatuor Everything Everything au Trabendo il y a 2 ans, après un excellent set faisant la part belle au fantastique et imparable Get to Heaven. Saut dans le temps donc, et tricherie géographique: nous nous rendons cette fois à la Maroquinerie, où sur les coups de 21h une foule compacte s’est doucement amassée, ne pressant pas vers les premiers rangs. De la lumière vinrent les ténèbres, et des ténèbres vinrent Everything Everything. 

À l’image du Trabendo, nous nous étions préparés à un set merveilleux, audacieux et techniquement parfait. Ce à quoi nous ne nous étions pas préparés en revanche, c’était aux cris de joie et autres éructations qui n’ont cessé de jaillir tout au long du set de la formation, et ce de plus en plus fort. De simple outsiders méconnus, Everything Everything se sont ainsi transformés en l’espace de 4 albums en une référence alternative implacable, pour le plus grand bonheur de tous. Foule impatiente, groupe prêt à en découdre: Knight of the Long Knives déferle sur la Maroquinerie. 

À l’inverse d’il y a 2 ans, le groupe ne jouera pas son dernier album en intégralité, préférant mixer nouveautés parfaitement intégrées, singles jouissifs et anciens titres merveilleusement bienvenus. Ainsi, si l’époustouflant Desire nous a soufflé, si l’excellent Big Game nous a renversé avec son surpuissant solo, nous avons également été accueillis par un Get to Heaven dansant à souhait, un Cough Cough fédérateur en diable ou encore un MY KZ, UR BF épileptique et particulièrement plaisant, seul rescapé de Man Alive. De quoi ravir tous les fans, des plus anciens aux plus récents, reprenant tous les morceaux en chœur. 

Et force est de constater que sur scène, Everything Everything délivrent une performance impeccable, accompagnés d’un fidèle musicien additionnel vivant intensément le concert. Les riches arrangements et les somptueuses structures se retrouvent reproduites voire sublimées avec un sens du détail ahurissant, aux allures de festin pour les oreilles. Un exemple? Le refrain de Run the Numbers, à la séduisante progression mélodique, ou encore la superbe Choice Mountain, rareté inattendue au charme et à la beauté intacte. 

Sueur, postillons, baguettes brisées et racks qui tombent au sol: le quatuor investit aisément l’espace scénique et rend son concert plus intense et plus vivant, épaulé par des jeux de lumières aux petits oignons. A Fever Dream vient hypnotiser une foule on ne peut plus réceptive, tandis que Don’t Try vient secouer l’assistance avec son délicieux refrain dont on ne peut se lasser. La perle No Reptiles surgit en fin de set, proposant sa linéaire et rampante structure s’épanouissant dans des expérimentations confinant au sublime. Falsettos, rythme acéré et jeu éthéré: tout se referme subitement, et le groupe disparaît. Pour un temps. 

C’est le cœur chaud et le sourire aux lèvres que le quatuor réapparaît sur scène. Le single Can’t Do vient déchainer la salle, et Distant Past se révèle toujours aussi efficace, avec ses couplets tout simplement délirants. La Maroquinerie s’agite comme une seule entité. Quand soudain la formation dégaine son ultime cartouche: Ivory Tower, nouveau titre totalement fou idéalement placé en conclusion. D’apparence inoffensive, le morceau s’électrise vite avec un refrain faisant la part belle aux guitares, jusqu’à un pont à la ligne de basse contagieuse duquel se déploient des immensités rock alternatives. Tout concorde, le public jubile, et soudain tout cesse. Le groupe s’éclipse pour de bon, nous remerciant chaleureusement, jusqu’à la prochaine fois. La foule, elle, crache ses derniers poumons, créant un niveau de décibels rarement entendu dans l’enceinte de la Maroquinerie. Maintenant affirmés et reconnus, les quatresmembres de Everything Everything se sont enfin retrouvés couronnés de succès en territoire français, pour un set que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Plus qu’un excellent moment: une consécration. 

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Setlist Everything Everything @ La Maroquinerie (21/09/2017):

Knight of the Long Knives

Desire

Cough Cough

MY KZ, UR BF

Get to Heaven

Regret

Run the Numbers

Big Game

Choice Mountain

A Fever Dream

Kemosabe

Don’t Try

Spring/Sun/Winter/Dread

No Reptiles

Can’t Do

Distant Past

Ivory Tower

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