Réussite totale pour la seconde édition du Lollapalooza Paris

Après une première édition auréolée de succès, le Lollapalooza revenait poser ses valises à l’Hippodrome de Longchamp le temps d’un week-end. Récit.

Toutes considérations monétaires et commerciales mises à part, la première édition de Lollapalooza avait été un excellent moment, seulement plombé par des horaires de passage bien trop contraignants, ne cessant de se chevaucher. Pour cette édition 2019, les organisateurs ont décidé de se racheter: tout d’abord, en étalant une programmation éclectique et équilibrée, et ensuite en accordant des horaires de passage complémentaires aux artistes, permettant aux festivaliers de profiter d’un concert dans son intégralité sans en rater un autre.

C’est donc à un rythme soutenu que s’est déroulé notre week-end à l’Hippodrome de Longchamp, courant sans cesse entre les 2 imposantes Main Stage et l’Alternative Stage pour ne pas rater une miette des sets des nombreux artistes ayant répondu présent. Retraçons ensemble ce week-end de folie.

 

Jour 1: Just can’t get enough

C’est sur les coups de 16h15 que nous arrivons dans l’enceinte du Lollapalooza Paris, très familier, à l’exception des deux Main Stage aux positions désormais légèrement différentes; détail qui aura son importance plus tard dans le week-end…

Mais pour l’heure, il est temps de retrouver le Black Rebel Motorcycle Club. Rugissements de guitare, batterie précise, le trio fait grimper la température en balançant les singles Beat the Devil’s Tatoo et Berlin. Les quelques nouveautés (King of Bones, Spook) font elles aussi leur petit effet, mais sur le finish retour aux sources de Spread Your Love et Whatever Happened to My Rock ‘n’ Roll (Punk Song) que la formation remporte tous les suffrages. Puissant.

Il est aussi question de guitare et de puissante batterie quand Kaleo démarrent leur set sur l’autre Main Stage du Lollapalooza. La bande d’Islandais, menée par le séduisant Jökull Júlíusson, fait carton plein avec un set calibré et équilibré, lâchant malicieusement les chevaux lors d’un dyptique Hot Blood/No Good dévastateur. C’est évidemment le surpuissant single Way Down We Go qui clôt la performance, non sans être passé par un Vor í Vaglaskógi rappelant les origines de la formation dans un délicieux vent de fraîcheur.

Retour à la seconde Main Stage: Bastille montent sur scène pour une performance en prévision de leur très attendu troisième album. Il n’en sera question que vers la fin de l’heure de set du groupe avec un Quarter Past Midnight forcément fédérateur; le reste du temps, Dan Smith et sa troupe délivrent un set aux allures de best-of ultra-efficace, jonglant avec malice entre les titres de Bad Blood et Wild World. De Good Grief à Icarus, de Bad Blood à Warmth, sans oublier la formidable reprise de Corona, Rythm of the Night, Dan Smith tient la foule en haleine avec une constance et une énergie admirables, ne s’accordant que quelques rares pauses pour respirer. C’est sur Pompeii que le set se conclue, avec les chœurs repris en force par une foule conquise.

Pas le temps de souffler; on se retourne tout juste que Kasabian empoignent guitare et basse et font rebondir le public du Lollapalooza avec le surpuissant Ill Ray (The King). C’est donc un autre concert best-of qui nous attend avec ce slot de Kasabian: Underdog, Club Foot, Eez-Eh, L.S.F., Switchblade Smiles, Vlad the Impaler, … Kasabian déroulent leur set avec énergie et assurance, provoquant de nombreux sauts de foule et sing-along au passage. Si le single You’re In Love With a Psycho déçoit, il est contrebalancé par un Bless This Acid House funky et frénétique. L’hystérie se clôt forcément sur un Fire en deux temps énergique en diable, qui emporte le public dans un ultime surpuissant geste. Rien à dire, les hits de Kasabian sont toujours aussi délicieux à déguster en live.

Fatigués? Il valait mieux na pas l’être à l’approche du set de Travis Scott. « Tous les fragiles, la sortie c’est par là » indique le performer. De là, tous n’est que chaos: hurlements, basses, flammes, mosh-pits, crowd-surfing, … Travis Scott transforme le Lollapalooza en champ de bataille démentiel et résolument homérique. Sur scène, le rappeur saute, court dans tous les sens, invite un fan sur scène et se jette dans le public avec lui du haut d’une tour de sa scénographie. Le tout est chaotique? Peut-être, mais la pure énergie destructrice dégagée par ce monstrueux set emporte toute considération sur son passage; et que dire quand les hits Love Galore et goosebumps résonnent… Travis Scott laisse son public et la Main Stage 2 en pièces; on ne peut alors qu’en ressortir fourbus, épuisés, éreintés, oui, mais heureux.

Il est enfin temps de (presque) souffler: Depeche Mode entament leur set à 21h50 précises. Tandis que le Revolution des Beatles résonne, Dave Gahan, Martin L. Gore et Andrew Fletcher grimpent sur scène et entament un des rares extraits de Spirit, Going Backwards; et on ne peut qu’être immédiatement sous le charme. Dave Gahan, magnétique, implacable, fait encore une fois honneur à son statut de bête de scène, délivrant ses paroles avec précision, passion, justesse et intensité, en n’oubliant pas de marquer le tout de délicieux pas de danse. Le trio prend tout au long du set un malin plaisir à enchaîner tous ses incontournables classiques: It’s No Good, A Pain That I’m Used To, Precious, In Your Room, , Everything Counts, Stripped, … Variant les ambiances, le set atteint un point culminant avec le sublime dyptique Personal Jesus/Never Let Me Down Again, faisant vibrer le festival. Le groupe s’éclipse pour mieux revenir avec une nouvelle salve de hits: Walking In My Shoes, Enjoy the Silence et le rétro Just Can’t Get Enough. Ironique conclusion tandis que le public en redemande encore alors que Depeche Mode quittent la scène après quelques remerciements. Un show royal qui prouve que, presque 40 ans après leurs débuts, Depeche Mode sont toujours aussi incontournables.

Jour 2: We Got the Power

Reposés de cette folle première journée, nous arrivons sur le site du Lollapalooza aux environs de 14h, plus prêts que jamais à en découvre avec une seconde journée qui s’annonce elle aussi intense.

Nous démarrons donc à 14h15 à l’Alternative Stage avec les frenchies de BB Brunes. Efficace, le groupe délivre sous les cris ses plus grands hits (Coups et blessures, Dis-Moi, Stéréo, Lalalove You, J’écoute Les Cramps, Le Gang) avec quelques nouveaux titres issus de leur dernier effort, , Puzzle (Éclair éclair, Terrain Vague). Parfait pour se mettre en jambe.

C’est une toute autre ambiance qui émane de l’Alternative Stage seulement 30 minutes après la fin du set des BB Brunes. Valentin Le Du, ou Vald pour les intimes, monte sur scène devant un public bouillant, en plus des 35°C ressentis. Attaquant avec un Deviens génial électro et délirant, le rappeur marque le début d’une heure de set fou, violent, et parfois technique. Si Bonjour et Selfie font office d’hilarants apartés, Mégadose, Primitif ou Gris viennent remettre le curseur sur une performance plus concentrée et énervée. Vald n’oublie évidemment pas ses plus gros bangers, le public formant de gigantesques mosh-pits à l’annonce d’Eurotrap. L’hystérie est maximale quand Sofiane (Fianso pour les intimes) monte sur scène pour interpréter Dragon, et le tout se clôt dans un flot de vocodeur avec un Désaccordé superbe et fédérateur. « Merci d’être venus nous voir si tôt et par cette chaleur Paris ». Un plaisir.

Direction la Main Stage 2 maintenant pour notre premier set UK de la journée: Dua Lipa, accompagnée de ses musiciens et chorégraphes, monte sur scène pour un set pop délicieusement rafraîchissant. Démarrant avec un irrésistible Blow Your Mind (Mwah), la chanteuse fait tout au long de son heure de set preuve d’un charisme renversant, ne s’arrêtant de chanter que pour encourager des cris et sing-alongs ou pour nous remercier de notre présence. Dua Lipa a également la bonne idée d’interpréter ses featurettes, dévoilant alors de gargantuesques nappes électroniques sur One Kiss (de Calvin Harris) et Scared To Be Lonely (de Martin Garrix). Mais c’est finalement les compositions personnelles de la chanteuse qui emportent tous les suffrages, avec un rappel implacable enchaînant les hits IDGAF et New Rules. La pop UK ne pourrait mieux se porter.

Un coup d’oreille au rock des Stereophonics ne nous convainc pas, nous préférons donc rejoindre l’Alternative Stage pour découvrir ce que propose le talent Rag’n’Bone Man sur scène. Grand bien nous a fait: accompagné d’un live band aux petits oignons, Rory Graham propose sur scène de nombreuses variations et réinventions de ses titres, ne se contentant pas de rejouer la carte du studio. Il y a toujours quelque chose de neuf à trouver dans chaque titre, et la voix du chanteur se pose avec justesse et puissance sur un ensemble éclatant. Après un Skin débordant d’émotions, le chanteur clôt son set sur l’incontournable Human, prolongé pour l’occasion et bénéficiant d’une section étendue permettant à sir Graham de rapper avec une technicité et une fluidité impressionnantes. Peu convainquant en studio, Rag’n’Bone Man s’est révélé être la bonne surprise de cette édition du Lollapalooza. Chapeau.

C’est avec une appréciable distance que nous observons le set de Noel Gallagher et ses High Flying Birds. Confiant, l’ex-Oasis ouvre le set avec trois titres de son dernier album studio, Who Built the Moon?. Le musicien remonte ensuite dans le temps en égrenant les singles In the Heat Of the Moment et Dream On, pour finalement arriver aux titres que tout le monde attend: ceux d’Oasis. Et le public sera servi: Little By Little, Whatever, Half the World Away, Wonderwall et Don’t Look Back in Anger sont repris avec force et intensité par un public qui n’attendait que ça. Noel Gallagher clôturera sa performance en reprenant les Beatles le temps d’un All You Need Is Love sous forme de sing-along géant, avant de sortir de scène sous de forts applaudissements. Nostalgique à souhait.

Leur nouvel effort Palo Santo étant sorti tout récemment, il était temps de retrouver Years & Years sur l’Alternative Stage, parée d’une scénographie assez impressionnante. Olly Alexander et sa bande nous accueillent alors dans l’univers de Palo Santo avec un puissant Sanctify d’ouverture. Claviers, batterie, chœurs, le groupe se permet même la présence de 4 danseurs qui se lancent dans d’habitées chorégraphie avec un sir Alexander jouant sur tous les fronts. Le groupe nous ramène alors à l’époque de leur premier effort, Communion, pour interpréter Take Shelter, Shine, et un Eyes Shut au piano, véritables joyaux étincelants sous le soleil du Lollapalooza. Attachant frontman, Olly Alexander communique, chante, danse, sans jamais s’arrêter. Les nouveaux titres font leur petit effet en live, que ce soit If You’re Over Me ou Palo Santo; mais il est malheureusement temps pour nous de nous éclipser…

On ne pouvait se résoudre à rater l’entièreté du set de Nekfeu. Nous arrivons donc à 20h05, 25 minutes avant la fin programmée de son set (ce détail aura son importance). Le rappeur a démarré son set avec 10 minutes de retard nous dit-on (ce détail aura également son importance). Qu’importe: à notre arrivée, Nekfeu est discret, entouré de ses confrères de S-Crew et L’Entourage, évitant soigneusement tout le matériel solo du fennec. On aurait peut-être mieux fait de rester à Years & Years… Heureusement, le rappeur lance son hit Tempête et encourage le public à former de gigantesques cercle pour lancer de dévastateurs mosh-pits; consigne appliquée à la lettre par des festivaliers prêts à en découdre. La Main Stage 1 étant perpendiculaire à la Main Stage 2, nous marchons vers cette dernière pour nous positionner pour The Killers tandis que Nekfeu envoie Egérie. 20h30, 20h35… Nekfeu se lance dans une première puis seconde interprétation de Saturne, et ne semble pas vouloir quitter la scène, insistant pour jouer son set en entier malgré son retard.

21h40. Tandis que Nekfeu ne lâche pas la Main Stage 1, The Killers débarquent tout sourire sur la Main Stage 2 et attaquent avec un Mr Brightside démentiel ayant pour frontale ambition de clôturer le set prolongé de Nekfeu; une battle absurde démarre alors, les basses du set de Nekfeu vibrant avec force tandis que la formation américaine interprète avec passion son titre culte, repris en force par une horde de fans qui n’attendaient que ce moment. Un duel pas vraiment fair pour le fennec, vous vous en doutez. A l’issue de cette improbable et mythique ouverture, Nekfeu joue toujours sur la Main Stage 1; c’est durant l’interprétation de The Man que ses basses s’éclipseront pour laisser complètement la place à The Killers, pour ce qui s’avérera être le meilleur set du festival.

 


Maître en la matière, la formation menée par un Brandon Flowers charismatique en diable a livré 1h20 de pop-rock d’arène d’exception, enchaînant hits sur hits avec une énergie et un bonheur communicatifs, engageant sans cesse le public dans leur performance. Somebody Told Me, The Way It Was, Smile Like You Mean It, … Sir Flowers invite même un fan (répondant au doux nom de François) sur scène pour interpréter la batterie du titre For Reasons Unknown, fan ensuite félicité par la foule à grand renfort de « François du monde! ». The Killers donnent leur meilleur en enchaînant All These Things That I’ve Done, When You Were Young et Human, jonglant entre explosions de confettis et pluie d’étincelles, pour finalement reprendre un Mr Brightside d’abord porté par le public puis repris dans son entièreté une ultime fois. Il fallait y être pour le croire.

C’est encore en transe que nous observons le légendaire Damon Albarn fouler la Main Stage 1 en compagnie de son live band pour porter haut et fort l’étendard de Gorillaz. Il est là aussi question de machine à hits; bien que mettant en avant le reste du répertoire de la virtuelle formation (M1A1, Rhinestone Eyes, Last Living Souls, le tout récent Tranz), c’est évidemment sur les incontournables hits que le public s’enflamme. On Melancholy Hill, Stylo, Feel Good Inc., Dirty Harry, Clint Eastwood, … Si l’on peut déplorer l’absence de nombreux guests, laissant des bandes sonores et animations faire le job, on ne peut que concéder à Albarn sa volonté de fournir un show total, n’hésitant pas à se précipiter vers la foule dès le troisième morceau, et bien accompagné par un live band impeccable et riche. Des guests comme Little Simz, Jamie Principle et Bootie Brown viennent heureusement prêter de la voix, mais c’est la conclusion du set qui nous prend par surprise. Interprétant We Got the Power, single du mitigé Humanz, Gorillaz est rejoint sur scène par Jenny Beth (frontman des Savages) en personne, ainsi que Noel Gallagher! Une sorte de réunion Oasis/Blur qui a fait et fera parler plus d’un, mais dont il n’était pas question le temps de ce fort moment de communion. Ce set de clôture de Gorillaz était à l’image de son créateur: prolifique et fédérateur.

S’améliorant en qualité, en organisation et en ambiance, cette édition 2018 du Lollapalooza parisien a transformé l’opération mercantile en rendez-vous éclectique indispensable, proposant des performances inédites et uniques en festival français. Le public était au rendez-vous, et gageons qu’avec de tels prémices, ce Lollapalooza parisien ne va désormais pouvoir que prendre encore plus d’ampleur. Rendez-vous l’année prochaine…

 

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