09 Juin TINALS 2019, Jour 3 : Fontaines D.C. doublement adoubés et le show fou de Shame
Ultime jour à l’iconique festival This Is Not A Love Song, véritable événément découvreur de talents, où auront notamment brillé Shame, Fontaines D.C. et Scarlxrd.
C’est donc munis de notre plus belle couronne à fleurs, élément semble t-il incontournable du TINALS, que nous avons arpenté pour la dernière fois -du moins cette année- les allées du festival. Il faut dire que l’événement a gagné, au fil des années, ses lettres de noblesses – notamment grâce à son esprit résolumment indépendant et son ambition de défricher la scène musicale, idées réaffirmées au cours de cette édition.
Peu de temps pour profiter des activités cette fois-ci, car la journée s’annonce remplie et éprouvante. D’autant plus que Fontaines D.C. est programmé à deux reprises au cours de la soirée. Retour sur l’ultime coup de maître du festival, sous le soleil couchant de Nîmes.
Le calme avant la tempête.
MorMor était l’un des artistes immanquables de cette dernière soirée de festival. Nous remarquerons la clairvoyance dont a fait preuve le festival en le programmant, semble t-il pour son unique date française cet été. Récemment adoubé par la critique, le canadien n’a en effet pas déçu son auditoire. Envoûtant la salle par sa voix, caractéristique de sa musique, l’artiste s’est même laissé aller à certaines improvisations avec son groupe. Mais malheureusement, impossible de consommer son set en entier, car la soirée va être mouvementée et se produit Genesis Owusu, artiste estival à souhait, dont le style n’est pas sans rappeller celui d’un certain Andre 3000.
La tempête viendra de l’autre côté de la Manche.
Les irlandais de Fontaines D.C. sont souvent comparés, non sans raison, à Shame. Il est vrai que le groupe, à l’ascension rapide et maîtrisée, et se bonifiant au gré des représentations, a tout pour faire penser à leurs voisins britanniques. Et les irlandais ont la hargne, car ils vont se produire à deux reprises dans la soirée. La première fois sur l’une des scènes principales du festival, et la seconde fois dans le patio du Paloma, à hauteur de spectateurs et dans une ambiance résolument intimiste. Bien que le groupe ait sorti son premier album le 12 avril dernier, nombreux étaient les spectateurs massés à l’occasion des deux représentations, parfois avec une certaine retenue les paroles chantées par Grian Chatten.
Conscients que la soirée ne fait que commencer, nous nous permettons une courte pause au concert des montpelliérains de Rinôçérôse. Malgré une certaine répétitivité des musiques jouées par le groupe, nous remarquerons un réel changement d’ambiance lors de l’arrivée des showmen Bnann Watts ainsi que de Jessie Chaton.
Et la pause était justifiée car la tempête commence à se faire sentir. Les plus méfiants protègent enfants et verres de bière – les plus endurcis s’apprêtent à jouer des coudes pour se frayer une place jusqu’à l’oeil du cyclone. Et vu qu’il est de tradition de donner des prénoms aux tempêtes, nous l’appellerons Shame. Ouvrant sur Another, court mais efficace extrait de leur prochain album, le groupe que nous avions notamment interviewés lors d’un précédent passage dans le sud de la France a déchaîné les foules amassées pour l’occasion. Notamment porté par son charismatique frontman ainsi que par son énergique bassiste -c’est le moins que l’on puisse dire-, le groupe semble lui aussi s’être bonifié au fil des représentations. Quelques extraits de son prochain album plus tard, sans doute plus sages que ceux issus de Songs of Praise, le groupe a toujours la même facilité à déchaîner les éléments, les badauds et parfois même les fans alcolisées tentants de se frayer un chemin sur scène.
Après avoir pris place dans le club du festival, démarre le concert du rappeur britannique Scarlxrd. D’une efficicacité redoutable, celui qui selon notre rédaction avait livré une des meilleures prestations du Sziget l’année dernière a renouvelé l’exploit, retournant littéralement un club de 350 places, remplis à ras bord pour l’occasion. Nous regretterons malgré tout que le rappeur se contente de mettre l’ambiance sur ses musiques enregistrées en studio, au lieu de réellement les chanter. Ultime test pour les quelques festivaliers restants dans les allées du festival, depuis quelques heures désertées par les familles venues avec leurs enfants, le groupe Johnny Mafia a eu la difficile tâche de conclure le festival. Le groupe n’a jamais joué devant autant de monde, nous indique son chanteur – une belle histoire pour les nouveaux espoirs de la scène garage rock française, et une belle conclusion pour un festival qui fait de la promotion de la musique indépendante son objectif.
Au final, le festival qui fêtait cette année son septième anniversaire a tout d’un grand. Ayant attiré plus de 18.000 spectateurs, qui pour une grande partie d’entre eux sont venus dans le sud de la France pour l’occasion, parfois avec leurs enfants, l’événement a fait honneur à sa volonté de revenir aux fondamentaux. Reste à savoir si le festival souhaitera s’aggrandir, notamment sur l’aérodrome environnant, ou bien si il souhaitera garder sa dimension humaine. Une seule chose est sûre : nous serons là pour en parler.
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