Yak

INTERVIEW – Yak : « La seule chose avec laquelle le groupe n’a jamais eu de problème est la musique »

De passage au festival lyonnais de la Messe de Minuit, le groupe Yak est venu défendre son second effort, Pursuit of Momentary Happiness.

C’est sur un canapé, dans une loge décorée avec audace par un papier peint au style baroque, que nous entamons notre discussion avec Elliot Rawson et Vincent Davies, respectivement batteur et bassiste du groupe Yak.

Merci de nous recevoir ! C’est votre première fois à Lyon ?

Elliot Rawson : Pour Vincent oui, mais pas pour moi, j’étais venu en 2016 avec notre ancienne formation en première partie du groupe The Last Shadow Puppets, aux Nuits de Fourvière. C’était un peu surprenant de voir des coussins voler à la fin des concerts !

Oui, c’est une tradition à Fourvière, semble t-il héritée de l’Empire romain… Mais parlons du présent : nous avons pu écouter votre prochain EP, Am I a Good Man, qui sortira d’ici peu. Je l’ai trouvé un peu plus psychédélique que d’habitude.

E.R. : J’imagine que le mot psychédélique est aujourd’hui utilisé pour dire coloré, inhabituel. Je suis peut-être un peu vieux jeu, lorsque j’entends le mot psychédélique je pense directement à Pink Floyd, donc je serais tenté de dire que nous ne sommes pas dans le registre psychédélique… Mais il est vrai que nous avons essayé de faire quelque chose de communicatif.

Si vous deviez décrire Am I a Good Man en quelques mots, que diriez-vous ?

E.R. : Musicalement, nous avons commencé l’enregistrement de cet album au label de Jack White, Third Man Records, et nous l’avons terminé à Londres. Nous l’avons réalisé à différents endroits, et on peut ressentir cela en écoutant Am I a Good Man et notamment par les deux reprises que nous avons mises dedans.

Vicent Davies. : C’est vrai que pour revenir sur le côté psychédélique et communicatif de l’album, cela est sans doute fortement induit par deux réinterprétations de vieilles chansons. Nous avons réellement essayé de rafraîchir ces chansons en expérimentant, afin qu’elles puissent avoir leur place de nos jours tout en gardant l’idée de l’oeuvre originale.

Vous étiez à la poursuite du bonheur temporaire pendant votre second album (Pursuit of Momentary Happiness). Diriez-vous que vous êtes heureux maintenant ?

V.D. : L’idée est que le bonheur est temporaire, il ne peut pas être permanent. Et la vie est justement la recherche de cette sensation volatile.

E.R. : Nous avons eu quelques moments difficiles au début du groupe et de nombreuses occasions de tout laisser tomber, avant l’arrivée de Vincent. Notre bassiste originel, Andy, a quitté la formation pour se marier avec sa femme. Cela a pris un peu de temps, nous avons rencontré Vincent et il nous a beaucoup aidé à remettre le groupe sur la route de la scène. On peut jouer avec beaucoup de personnes sans que rien ne se passe, mais il suffit d’une personne pour que tout change, et le reste est arrivé assez rapidement. C’était comme un nouveau groupe.

Cet album était facile à produire ?

E.R. : Musicalement oui. La seule chose avec laquelle le groupe n’a jamais eu de problème est la musique. Tout le reste a posé problème, tant au niveau du temps, que de l’argent, des contraintes… Les préoccupations du 21ème siècle en soit.

C’est le problème de l’industrie musicale, on tend souvent à oublier qu’il y a des humains dans les groupes et qu’ils doivent justement faire avec ces préoccupations du 21ème siècle comme vous venez de le dire…

V.D. : C’est plutôt dur de réunir les gens sur une longue période, et même dans un groupe de trois personnes.

E.R. : Nous n’avons pas mis beaucoup de temps à faire cet album, mais il a par contre fallu beaucoup de temps avant d’arriver à réussir à se réunir pour faire cet album. Parfois il faut vivre, avoir des hauts et bas, avant de pouvoir écrire.

Vous avez un nouvel album en préparation ?

E.R. : L’EP a été écrit sur les routes pendant notre dernière tournée. Nous avons eu finalement que très peu de temps et l’avons consacré à l’enregistrer à Nashville, Londres et plusieurs villes entre les deux. Mais on pourrait se décider à en écrire un nouveau, avant que les préoccupations dont je parlais plus tôt ne se mettent en travers de notre chemin.

Vous étiez la première partie de Foals un peu plus tôt cette année. Comment se passait la cohabitation avec Yannis Philippakis et son groupe ?

E.R. : C’était vraiment amusant. Parfois on tourne avec de gros groupes, ils restent dans leurs grandes loges et nous dans nos petites loges. Mais Foals était vraiment accueillant avec nous, on a vraiment passé de bons moments. Oliver a déjà joué avec Yanis et Jimmy le guitariste a vraiment encouragé le reste du groupe à nous appeler, ce qui rendait les rapports moins professionnels et plus naturels. Je pense que le courant est plus passé avec leur public qu’avec d’autres pour lesquels nous avons fait la première partie, qui nous ont pas réellement appréciés.

Comme lesquels ?

V.D. : Nous l’avons oublié, ou sans doute ne pouvons-nous pas réellement en parler ! Des fois le public vous déteste.

C’est un dur rôle que celui de première partie.

E.R. : Oui, c’est plutôt difficile de prendre conscience de cela lorsque l’on fait son premier concert. Et après on se demande comme on va faire pour tenir encore trois mois, mais finalement tout rentre en ordre au cours du temps.

Être adoubé par NME comme le groupe le plus captivant d’Angleterre, c’est beaucoup de pression ?

E.R. : Je pense que nous sommes un bon groupe, mais ce que NME pense m’importe finalement peu ! C’est plutôt flatteur mais NME n’est qu’une marque, je préfère être le groupe favori des personnes qui nous écoutent. Mais certaines personnes nous connaissent grâce à NME, du coup ça devient compliqué…

Vous passez du bon temps en France ?

V.D. : Il se passe quelque chose d’assez intéressant en France avec le groupe, l’accueil est très bon.

E.R. : La France nous réserve le meilleur accueil, avec celui de l’Angleterre.

C’est quelque chose qui revient souvent lorsque l’on parle avec les artistes britanniques, la France aime réellement la musique provenant d’Outre-Manche…

E.R. : Pourtant vous avez d’excellents groupes, comme Flavien Berger, The Psychotic Monks, Sheraf, Mr. Oizo,… Le Royaume-Uni aime aussi beaucoup la musique française. J’en parlais justement avec des amis il y a quelques jours, l’industrie musicale est réellement différente entre nos deux pays. En France la musique est plus subventionnée et mieux traitée, alors qu’en Angleterre la concurrence est plus rude et les artistes luttent. Mais la lutte, c’est finalement ce qui fait de bons artistes, non ?

Merci beaucoup de nous avoir accordé votre temps !

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