Inhaler - Interview

Interview – Inhaler : « Le rock est en train de revenir, dans un sens »

Ils sont dans la shortlist de la BBC pour le Sound of BBC 2020, ils ont joué dans les plus gros festivals en moins de 2 ans d’existence du gorupe et seulement 4 quelques singles plubliés. On a rencontré, Inhaler, le nouveau phénomène rock tout droit venu d’Irlande.

Le succès est arrivé rapidement pour les 4 gars de Dublin. La sortie de My Honest Face en 2019 a précipité les choses pour Inhaler, avec depuis, des scènes aux 4 coins de la Grande Bretagne des plus gros festivals aux salles de renom. A peine lancés dans le rythme infernal d’une tournée européenne, Inhaler était arrivé le matin même à Paris. Ils avaient joué deux jours avant à Barcelone. Après une journée de repos passée à découvrir Clermont-Ferrand (oui, oui), on les a retrouvé quelques heures avant leur deuxième show dans la capitale parisienne. Attablés au restaurant de La Maroquinerie, on a discuté avec eux de la génération montante irlandaise, de la place des groupes de rock à guitare et de leur premier album prévu pour 2020.

Ryan, Rob, Elijah et Josh d’Inhaler (de gauche à droite)

Être un groupe de rock en Irlande en 2020

C’est la première fois que l’on se voit en interview, donc, question obligatoire : Comment le groupe s’est-il formé ?

Elijah : Nous étions juste une bande de gamins prétendant être des rock stars, nous allions chez l’un et chez l’autre pour jouer ensemble, des chansons et des reprises. Et naturellement, ça s’est transformé en ça !

La génération montante de ces dernières années en Irlande est remarquable (Fontaines D.C., The Murder Capital, Wild Youth, The Academics), quel est votre ressenti d’en faire partie ?

Elijah : C’est incroyable !

Ca vous encourage, donc ?

Elijah : Ouais ! On en encore plus envie de représenter l’Irlande. Pendant un long moment, rien ne se passait. Puis, en grandissant, on a commencé à aller régulièrement en concerts, à découvrir tous ces groupes. Fontaines DC jouaient à ce moment-là dans la même salle que l’on a faite ensuite, qui s’appelle The Workman’s Club à Dublin. On en retire un sentiment d’appartenance et de fierté.

On sent que vous êtes fiers de venir de Dublin, c’est même dans votre pseudo Instagram ! (@inhalerdublin, ndlr)

Elijah : Oui !

Ryan : C’est excitant pour nous en ce moment de voir certains groupes « à guitares » sortir d’Irlande, et nous montrer en quelques sortes à nous et aux plus jeunes groupes que les portes sont maintenant ouvertes ! Le rock est en train de revenir, dans un sens.

Et le public irlandais soutient ce retour des groupes « à guitare » ?

Elijah : Ouais ! Enfin, vous savez, c’est toujours un public assez restreint si on compare avec d’autres genres musicaux comme du hip hop ou de la pop …

Ryan : Les charts !

Elijah : Ouais, les charts ! Mais, finalement, on écrit aussi de la pop. C’est juste qu’on le présente d’une certaine façon -celle que l’on apprécie-. Il y a une évolution dans la façon d’écrire et de composer de la pop, en ce moment. Les frontières entre les styles sont beaucoup moins rigides.

Vous étiez 5ème sur la liste de la BBC pour l’édition 2020 de son « Sound of … », qu’est-ce que ça vous a fait d’être sélectionné ?

Elijah : C’était fou !

Ryan : La BBC n’est pas si suivie en Irlande, on a donc pas tout de suite réalisé à quel point c’était important. Et puis quand on a découvert qu’on était dessus et surtout que beaucoup de nos artistes favoris étaient dans ces sélections ces dernières années (Blossoms, notamment), on était wow.

Elijah : On s’en est aussi rendu compte quand, après l’annonce, notre calendrier est devenu encore plus fou que d’habitude.

Rob : On a dit aurevoir à nos maisons !

Elijah : On ne vit plus à la maison, effectivement (rires). On vit dans un bus.

Un premier album pour 2020 ? Si les concerts le permettent !

Vous avez tourné avec Blossoms, justement, aux Etats-Unis ? Comment ça s’est passé ?

Ryan : Ce sont nos grands frères dans l’industrie de la musique

Rob : Un peu plus âgé !

Elijah : Oui ! Ce sont les premiers à avoir replacé sur le devant de la scène la pop mainstream faite par un groupe avec des guitares et des synthés. On les a découvert à 16 ans, au lycée, et on s’est dit : « C’est super intéressant ». Donc forcément, c’était assez fou d’apprendre à les connaître et de tourner avec eux. Ils sont importants pour nous, c’est sûr.

Ryan : Ce sont de gros bosseurs, aussi.

Quel est le programme pour 2020, du coup ? Le premier album, peut-être ?

Tous : Yes !

Pas mal de concerts aussi ?

Elijah : Oui, aussi ! Ça ne va pas être facile de finir l’album entre toutes ces dates (rires).

Avez-vous fini de l’écrire ?

Elijah : Oui ! Tout est écrit. Bien sûr, on ne sait jamais, une nouvelle chanson pourrait être écrite entre temps.  Tout est là, il faut maintenant l’enregistrer et transformer ça en un album. On a déjà quelques singles de prêts.

Inhaler @ LaMaroquinerie, le 3 Mars 2020

Le fait de tourner autant affecte-t-il votre façon d’écrire, de considérer votre musique ?

Elijah : Oui, bien sûr. On découvre de nouveaux groupes, de nouveaux styles. On est toujours en train de grandir, nous-même, nos goûts musicaux évoluent de toute façon.

Rob : Cela nous aide à développer notre son, on joue sur scène tout le temps. On peut aller plus loin avec nos chansons, plus loin que si l’on était restés en studio.

Josh : Ce n’est pas facile d’écrire tout en étant sur la route, mais d’un autre côté cela nous permet de nous concentrer ensemble. Sinon, on se ramollit.

Est-ce que vous changez beaucoup vos chansons après les concerts ? Si vous avez constaté qu’un élément marche mieux ou moins bien ?

Ryan : C’est toujours comme ça que l’on a fonctionné pour juger si une chanson était bonne ou mauvaise. On préfère utiliser la réaction spontanée du public comme critère plutôt que de garder la démo du studio et recueillir les avis.

Elijah : On a joué beaucoup de chansons qui n’étaient pas bien accueillies et on les a laissées de côté ou au contraire choisies certaines pour l’album parce qu’elles ont été acclamées. C’est vraiment une bonne façon de tester les chansons.

Donc vous écrivez en pensant d’abord à la scène ?

Elijah : Non, pas forcément ! On peut d’abord écrire une chanson pour nous, la jouer live et changer des petites parties. On ne fait jamais de gros changements.

On vous a découvert avec ‘My Honest Face’ (comme beaucoup de monde, je suppose ?) et on a remarqué qu’Anaïs Gallagher étaient sur les crédits vidéo et photo du clip ? C’est une amie ?

Elijah : Oui, oui, c’est une amie. Quand on a commencé avec le groupe, on lui a demandé de l’aide pour prendre des photos et des vidéos. Elle est très douée en tant que photographe.
Pour cette vidéo, on voulait représenter la folie qu’est devenu notre quotidien avec la sortie de cette chanson. Il y a plein d’extraits de concerts en Angleterre, en Irlande… Certains viennent d’autres personnes, mais une bonne partie ont été tournés ou photographiés par elle.

Vous aviez joué il y a quelques temps au Point Ephémère, à Paris. Comment ça c’était passé, vous aimez bien être à Paris ?

Tous : Super bien !

Ryan : Le public était vraiment bien ! Ils avaient amené une super énergie !

Rob : Et il faisait à peu près le même temps que maintenant !

Ryan : On est habitué au mauvais temps, venant d’Irlande, en même temps.

Elijah : Ryan et moi nous sommes allés au Lollapalooza ici, il y a deux ans. C’était très cool. Sous le soleil, devant Depeche Mode. Ce sont de très bons souvenirs.

Entre classiques et nouveautés, les inspirations d’Inhaler

Vous avez repris The Jam – That’s Entertainement il y a peu. C’est l’une de vos influences ?

Elijah : On adore ce qu’ils ont fait, mais c’est plus parce que l’on aime cette chanson particulièrement qu’on l’a choisie. On s’est dit qu’on allait essayer !

Ryan : Avec un peu de chance, Paul Weller l’entendra un jour et l’aimera (rires)

Elijah : En tout cas, c’était super sympa à faire. C’est une chanson simple dans sa construction, très classique, il y a plein de façons possibles pour l’interpréter.

Rob : Il y a beaucoup de paroles ! J’étais assez stressé par les paroles.

Ryan : Ce n’était pas si facile à apprendre, finalement (rires).

Ce n’est pas un groupe si connu en France, c’est plutôt intéressant que de jeunes artistes comme vous reprennent des titres des précédentes générations.

Elijah : Les gens nous disent parfois : « c’est bizarre, vous êtes si jeunes et vous aimez des groupes comme The Jam, The Stone Roses, …, des musiques plus vieilles ». Mais par exemple, je suis allé en 2016 à un concert de The Stone Roses et il n’y avait que des jeunes de mon âge ! Il y a donc toujours quelque chose dans ces chansons qui fait écho à notre génération.

Ryan : C’était une expérience religieuse, ce concert. C’était exactement comme si on était dans une Eglise.

Et même si vous écoutez toujours des groupes des années précédentes, est-ce qu’il y a des groupes récents qui ont attiré votre attention ?

Elijah : Fontaines D.C., leur album est juste incroyable. FEET, aussi !

Ryan : Ils étaient notre première partie sur la tournée anglaise.

Elijah : Des gars super gentils, et ils sont incroyables sur scène ! Il y a plein de nouveaux groupes ! On aime aussi le hip hop, d’autres trucs nouveaux, … On écoute de tout, vraiment.

Vous pouvez retrouver le live report de leur concert à La Maroquinerie ICI, ainsi que les photos de la soirée ICI ! Le groupe est à l‘affiche du festival Musilac pour cet été, également.

Un grand merci à Caroline International et AEG France pour l’organisation !

Propos recueillis par Noe Trystram et Claire Desfrançois
Traduction et photos par Claire Desfrançois

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