Pochette de l'album (What's The Story) Morning Glory? d'Oasis, 1995.

Il y a 25 ans… (What’s The Story) Morning Glory? d’Oasis

Un quart de siècle déjà nous sépare de ce jour béni où le second album d’Oasis remplissait les bacs des disquaires. Porté par les intemporels singles Wonderwall, Don’t Look Back in Anger ou encore Some Might Say, l’album a inspiré toute une génération de musiciens. 25 ans après, on se rappelle. Avec quelques anecdotes.

1995, année dorée de la britpop. Dans les charts s’affrontent les deux grands rivaux du genre : Blur et Oasis. Dans les studios, la bagarre oppose Noel et Liam Gallagher. L’enregistrement de l’album se fait alors en deux temps, interrompu par la violente rixe qui éclate entre les deux frères. Pas étonnant, donc, que le disque sonne très rock’n’roll, quoique ses arrangements plus variés offrent un rendu légèrement moins brut que Definitely Maybe, premier opus du groupe, d’un an son cadet.

‘Morning Glory’ est à ce jour toujours le plus grand succès commercial du groupe avec plus de 22 millions de copies vendues à travers la planète. Un foyer sur 5 en Grande-Bretagne en possède une copie. A l’époque de sa sortie, la critique n’est pas unanimement acquise à sa cause (dénonçant notamment le recours à la technique de matriçage, avec une très forte compression, qu’elle estime responsable d’une certaine « course au volume » inutile) mais devra sans conteste concéder que l’opus représente l’album phare du mouvement britpop. Il occupera une place centrale dans les influences de tous les disques pop et rock sortis dans les années 1990 et 2000.

L’album continuera de faire dresser Oasis sur la première place du podium des meilleurs groupes des années 1990, après un premier album qui a fait sensation auprès de toute une génération. Pour Noel Gallagher, Definitely Maybe évoque le fait de rêver d’être une star de la musique alors que (What’s the Story) Morning Glory? évoque celui d’être réellement une star de la musique.

Quelques anecdotes que vous ne connaissez sûrement pas

Et la lumière fut

Si un quelconque Dieu a créé la Terre en 7 jours, la bande aux frères Gallagher détient un autre record : celui d’avoir créé l’album en 12 jours seulement. La session d’enregistrement a d’abord due être interrompue suite à une bagarre de Noel et Liam, ce dernier ayant ramené au studio des lads rencontrés dans un pub et interrompant intempestivement le travail en cours de Noel sur Don’t Look Back In Anger. Cet épisode violent aura valu l’intervention d’une batte de cricket et résultera en un bras cassé pour Liam. Trois semaines plus tard, comme si le titre de la chanson en question jouait lui aussi un rôle dans cette bagarre, les frères enterrent la batte de guerre et la session reprend sans aucune amertume. L’album est bouclé en moins de deux semaines : une chanson par jour, c’est du jamais vu ! Owen Morris, producteur de l’album, décrit cette deuxième session comme « la moins stressante et la plus joyeusement créative » qu’il ait connu dans toute sa carrière de producteur. Il déclare dès la fin de la session que l’album va tout balayer sur son passage, et que ce sera le Never Mind The Bollocks de la décennie. L’album des Sex Pistols est par ailleurs la première inspiration de Noel Gallagher encore de nos jours.

Une jaquette qui fascine

Comme tout album culte, son titre et sa jaquette y sont pour beaucoup. Le titre est tiré des paroles du single Morning Glory, signifiant en français… l’érection matinale. La pochette quand à elle est signée Brian Cannon, directeur artistique historique du groupe. On y voit un homme de dos qui marche dans une rue éclairée au petit matin (c’est Brian Cannon lui-même), alors qu’arrive en face de lui un autre homme (Sean Rowley, un DJ londonien). Sur la gauche, un homme se tient de profil et masque son visage avec un objet : c’est Owen Morris, producteur de l’album, qui tient le master de celui-ci à la main. Boom. La photo a été prise à Soho, à Londres, quartier célèbre pour ses nombreux disquaires indépendants.

Une chanson retirée par crainte de représailles

Comme toujours chez Oasis, on retrouve beaucoup, beaucoup, (beaucoup!) de références aux Beatles et à d’autres artistes anglais de la fin du 20e siècle. « Il n’y a strictement rien de révolutionnaire dans les chansons de Noel Gallagher, qui recyclent des plans piqués aux Beatles, aux Kinks, aux Jam et aux Stones » commente le journaliste spécialisé Gilles Verlant, « mais le savoir-faire se mue en réel talent quand il s’agit de transcender ses sources pour créer une musique universellement acceptée« . Ce génie n’étant pas toujours reconnu, la chanson Step Out a été retirée de l’album au dernier moment. En effet, elle présente une telle ressemblance avec Uptight (Everything’s Alright) de Stevie Wonder que le groupe et son management on dû y renoncer face aux menaces de poursuites judiciaires pour plagiat.

Un album d’Oasis qui appartient un peu aussi à The Verve, The Jam et les autres

La sortie annoncée du single Roll With It provoquera un événement resté dans les annales de la musique britannique. Blur, mis au courant de la date de sortie du single, décidera de retarder celle de Country House d’une semaine pour que les deux tracks se retrouvent rivaux le même jour. C’est ainsi que débute vraiment la fameuse ‘Battle of Britpop’, relayée très largement par les médias et tabloïds britanniques et du monde entier et censée illustrer les tensions entre la classe ouvrière du Nord (côté Oasis) et la classe moyenne du sud du pays (côté Blur). Country House gagnera la première place dans les charts, mais Blur admettra plus tard que s’ils ont gagné la bataille, c’est Oasis qui aura gagné la guerre.

Plus discrets à cette époque, The Verve tente de tracer son chemin dans ce bouillonnement Britpop. La chanson Cast No Shadow a été écrite par Noel dans le train qui l’amenait au pays de Galles et évoque les difficultés d’un jeune homme à exprimer ses sentiments profonds. Elle est dédiée à Richard Ashcroft, la voix des Verve : « il semblait toujours ne pas être heureux de ce qui se passait autour de lui, parfois en essayant de trop bien faire. J’ai toujours eu l’impression qu’il était né au mauvais endroit, qu’il essayait de dire de belles choses qui sortaient mal de sa bouche« . Richard Ashcroft, flatté, était néanmoins gêné par la chanson, notamment à cause de ses complexes sur son apparence très maigre. »Je n’arrive pas à savoir si cela veut dire que je suis une sorcière, un vampire ou que je suis incroyablement maigre et fin pour qu’il penses que je n’ai pas assez de masse corporelle pour être capable de projeter une ombre ?!« . Noel semblait plutôt vouloir faire un compliment à son ami, estimant qu’en tant qu’artiste livrant ses émotions dans ses chansons, Ashcroft laissait les gens voir en lui comme s’il était transparent, sans ombre.

Autre personnalité ayant inspiré la musique des années 1990, Paul Weller (The Jam) rejoint le groupe pour y jouer les solos de guitare et les choeurs dans l’incomparable Champagne Supernova. C’est aussi lui qui assurera les parties d’harmonica sur deux les deux interludes instrumentaux de l’album.

Pour approfondir encore votre connaissance sur le sujet, Oasis a sorti hier un mini-documentaire réalisé dans les studios d’enregistrement, où Noel Gallagher commente l’album et son influence sur les générations futures. Poursuivez votre lecture en vous intéressant au troisième album en préparation de Liam ici, ou reprenez un shot de cynisme aigri avec Noel qui donne son avis sur Ed Sheeran et Taylor Swift.

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