INTERVIEW – The Luka State, le groupe du peuple

À l’occasion de leur premier concert parisien (complet) le 18 septembre dernier au 1999, on a rencontré The Luka State. Après un génial premier album (« Fall In Fall Out ») sorti en janvier dernier et un premier concert complet, on aura l’occasion de les retrouver aux Etoiles en janvier 2022. On leur a donc demandé de nous parler un peu d’eux autour d’une bière.

Est-ce que vous pouvez vous présenter ? Qu’est-ce que le « Luka State » ? 

Conrad : Nous sommes un groupe de rock britannique originaire du nord-ouest de l’Angleterre et composé de quatre membres. On écrit des chansons pour nous et on est juste ravis que des gens kiffent notre musique. On est de la classe ouvrière anglaise, on est passionnés et je pense que ça se ressent dans notre musique. Le nom du groupe signifie un état d’esprit positif. Un état d’esprit positif où tu vas toujours de l’avant et tu laisses le passé derrière toi. On a une expression en Angleterre, « tunnel vision » (vision étroite, mettre des œillères) où on est juste complètement concentrés sur une seule chose, et The Luka State c’est ça. C’est un état d’esprit dans lequel tu es complètement plongé dans ce que tu fais. 

Ça marche alors ? 

Lewis : Je crois, ouais. (rires)

Conrad : (rires) On est assis ici avec toi, non ? 

Comment décririez-vous votre album ? 

Conrad : L’album parle du début de la vingtaine, dans une ville ouvrière du Nord de l’Angleterre où il n’y a pas grand-chose à faire, une sorte d’ennui et un sentiment d’isolation qui t’oppresse. On a trouvé du réconfort dans le fait d’attraper nos instruments, écrire de la musique et la jouer ensemble. Beaucoup de ces chansons parlent d’avoir la vingtaine et de venir d’un endroit où le rock & roll devient ton sauveur et le fait d’être dans un groupe de rock est le but suprême. (s’adressant à Lewis : ) Et toi ? 

Lewis : Non, c’est tout à fait ça. On vient d’une petite ville où il n’y a pas grand-chose à faire. 

Dans vos paroles, vous passez beaucoup de temps dehors à fumer des cigarettes et penser aux filles !

Conrad : Ouais, tout à fait ! 

Lewis : Ouais, et on avait besoin de trouver quelque chose d’autre à faire !

Conrad : Ouais, notre monde tourne autour de la musique, du foot et … des filles, ouais. (rires) Je pense que n’importe quel jeune originaire de … Enfin c’est quelque chose de national je pense ! 

C’est votre premier concert en France ou en dehors du Royaume-Uni ? 

Lewis : Non, on a fait des petites tournées européennes mais avant ça, la seule fois où on a joué en France, c’était chez des gens. Il y a eu un moment où on a juste posté un message, si les gens voulaient qu’on vienne jouer pour leurs soirées, on venait jouer. Puis quelqu’un de Paris nous a contacté donc on est montés dans le van, on est venus et deux mois plus tard on jouait à Paris.

Conrad : Avant, enfin avant le concert au 1999 demain, on est passés à la télé pour Taratata, mais on n’a pas encore réellement fait de concert pour l’instant, donc c’est plutôt excitant d’être là et de faire ça. Que notre premier concert à Paris soit complet, c’est un rêve, on ne se serait jamais attendus à ça.

Il est encore un peu tôt, mais vous pensez jouer dans des festivals français ?

Conrad : Oui, bien sûr la saison des festivals est terminée pour cette année mais on espère pouvoir jouer dans le plus de festivals français possibles l’année prochaine !

Vous en connaissez déjà certains ? 

Conrad : hmm.. Rock en Seine 

Lewis : Lollapalooza ? 

Conrad : On est juste impatients de jouer n’importe où ! 

Lewis : On jouera n’importe où on nous autorisera à brancher nos instruments !

Conrad : Je suis sûr qu’on jouera dans quelques festivals l’année prochaine ! 

Est-ce qu’il y a des groupes britanniques qu’on ne connaît pas forcément et qu’on devrait découvrir ? 

Lewis : Il y’en a quelques-uns qui apparaissent en ce moment … Il y a un groupe qui s’appelle Kid Kapichi, ils commencent à être connus. Mais on rencontre plein de groupes sur la route, c’est bien, la scène anglaise redevient un peu rock. On a eu quelques années où il y avait seulement du grime, du rap, des trucs comme ça … 

Oui, par exemple The Lathums, ils ont fait beaucoup de promo et leur tournée est complète avant la sortie de leur album. Est-ce que vous pensez qu’il s’agit juste d’une phase, ou qu’on assiste à un retour de la musique rock ? 

Conrad : Je ne dirais pas rock. Ils ne sont pas un groupe de rock. Je dirais qu’on a un retour de la musique avec des guitares, et c’est le principal. Du moment qu’il y a des gens qui jouent de la guitare, c’est tout ce qui compte. 

Lewis : C’est une sorte de gros pendule qui se balance. On avait énormément de musique rock et de guitares, puis les gens ont changé et sont allés vers le grime et ce que les gens pouvaient enregistrer dans leurs chambres. Maintenant, les gens veulent revoir quatre mecs en sueur sur scène qui jouent du rock. 

Quelles sont vos influences ? 

Conrad : On partage tous plus ou moins les mêmes influences. En grandissant, ce qui m’a inspiré c’était les Beatles, je suis un énorme fan. Mais j’ai découvert les Beatles puis la musique punk-rock. Et c’est comme ça qu’avec Lewis on s’est rencontrés, on partageait notre amour des Clash, des Sex Pistols, de Jam et tous ces groupes punks américains du début des années 70, les Ramones, tous ces groupes. Étant un enfant à la fin des années 90, le début des années 2000, tu adores Nirvana, il y a Green Day, tous ces groupes américains qui font partie de nos influences. On partage un peu le même mélange d’influences, pas vrai ? 

Lewis : L’un des plus beaux trucs chez nous, c’est qu’on a tous des intérêts qui sont les mêmes, mais on a aussi chacun les nôtres. On n’a pas tous exactement le même état d’esprit quand on écrit, il y en a un qui peut penser « je préfère la musique un peu plus violente comme Nine Inch Nails » et d’autres groupes alors que Conrad préfère la musique à texte et populaire. Donc on fait un mélange de tout ça plutôt que de se borner à « Non, on doit ressembler aux Clash » ou « Non, on doit ressembler aux 1975 ».  

Conrad : On ne pourrait jamais se séparer parce qu’on ne s’entend pas sur nos influences puisqu’on a tous les mêmes influences. Pour un différend artistique par contre …

« Bold » m’a un peu fait penser à Green Day, à l’une de leurs balades !

Conrad : Oh wow, je vais accepter ! Tape-là ! 

Lewis : Oui, ils sont géniaux ! 

Qu’est-ce que vous pensez de la relation entre réseaux sociaux et groupes de rock ? Des groupes qu’on refuse de signer tant qu’ils n’ont pas atteint un certain nombre de followers ? 

Conrad : C’est un mal nécessaire aujourd’hui. 

Lewis : Les deux vont ensemble. En ayant beaucoup d’abonnés, on fait attention à ce qu’on dit de notre famille, en ayant une présence, c’est pour montrer au monde qu’on tient à nos fans. Il y a beaucoup de groupes qui vont avoir un compte mais ce n’est pas eux qui s’en occupent. Sur le nôtre, si on nous envoie un message, la plupart du temps c’est Conrad qui va répondre, ou l’un d’entre nous. On se le partage tous. C’est juste un bon moyen de rester en contact avec les fans, quand les gens se font plus discrets et disent « non ça ruine la musique », je pense que ça pourrait être l’inverse. Il y a beaucoup trop de selfies dans le rock maintenant, mais le fait de pouvoir s’adresser directement aux fans, il y en a qui viennent demain au concert au 1999. On parle à nos fans français depuis des années, bien avant de venir ici. Donc on savait qu’il y en avait et qu’un jour on devrait venir jouer. 

Oasis ou The Beatles ? 

Conrad : (en criant) Oh non tu ne peux pas me demander ça ! C’est horrible. 

Lewis : Je vais être vache et rajouter The Buzzcocks

Conrad : C’est les Beatles. Pour moi, personne ne sera jamais meilleur qu’eux. 

SOB (à Lewis) : Et toi ? 

Lewis : Hmm … C’est compliqué, j’aime bien les deux mais aucun ne fait partie de mes influences principales dans la vie. Ma famille est de Liverpool, donc il y a un peu une envie de m’éloigner de tout ça. Mais après quelques bières, je deviens très liverpuldien et j’ai un fort accent. Mais en même temps, il ne s’agit pas juste d’un lieu, on veut être un groupe pour tout le monde, on veut que tout le monde nous écoute. 

Mais c’était des groupes pour tout le monde …

Lewis : Exactement. Mais en même temps, je suppose que dans ce cas je préfère les Beatles, parce qu’ils ne se sont jamais contentés juste de ça. Oasis était très « Nous sommes Manchester. C’est Manchester. Voici Manchester ». Les Beatles ont évolué et se sont transformés en un truc universel. 

Conrad : Carrément ! The Luka State : un groupe pour tout le monde 

Lewis : Un groupe pour le peuple ! (rires)

Conrad : Le groupe du peuple !  (rires)

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