Gorillaz en patron pop au Festival de Nîmes

Un groupe d’exception… dans un lieu d’exception.

Vendredi 17 juin 2022, 19h. Nous voici arrivés dans la belle Nîmes, pour un festival implanté depuis tant d’années dans le paysage culturel français : le Festival de Nîmes. Un incontournable, notamment du fait de programmations de qualité chaque année. Mais ce qui est unique ici, c’est le lieu : un concert dans les magestueuses Arènes de Nîmes, on a connu pire comme cadre !

Avant d’entrer dans l’arène (oui celui-ci était très facile), nous décidons de nous imprégner du lieu en faisant le tour complet à l’extérieur de l’enceinte. 7 vans noirs arrivent alors, les portes s’ouvrent, et on vous donne en mille qui en sort… Damon Albarn ! Ah, la chance SOBienne… On se sent comme privilégié de partager quelques brèves salutations avec le britannique, même si ce n’est la première fois.

Nous prenons alors donc place dans cette superbe enceinte, après avoir eu en une fraction de secondes (non vraiment, c’est à noter) de quoi se rafraîchir auprès d’un vendeur ambulant. Les festivaliers sont déjà présents en masse pour vivre une sublime première partie, en la personne de la grande Fatoumata Diawara. Quelle présence sur scène, quelle énergie ! Un début de soirée idéal qui a ouvert l’appétit au public.

Un peu après 22h, après une ola magnifique lancée par le public, l’écran géant dévoile les prémices de The Static Channel. Après un petit générique, les 13 musiciens du soir entrent sur scène, dont notre cher Mister Albarn tout de rose vêtu. M1 A1 est lancée, le spectacle est lancé. Un premier « bonsoir » est lâché, pour enchaîner avec Strange Timez et son Robert Smith en lune sur l’écran. Une version bien plus remuante en live, avec un Damon déchaîné sur sa Fender.

Last Living Souls prend alors la relève, démontrant une belle complicité entre le guitariste et le bassiste. Damon continue à arpenter la scène, jusqu’à commencer à aller au contact de la crash. Au tour alors de l’électro pop Tranz, permettant aux derniers hésitants de la fosse de finir par lâcher des premiers sauts. Difficile de résister à une telle qualité de son proposée par le festival !

Le mot Aries apparaît alors sur l’écran, qui lancera ensuite cette basse de Peter Hook reconnaissable entre mille. Dans ce si beau cadre à guichets quasi fermés mais avec une fosse où il y a de la place pour bouger et respirer, c’est un réel plaisir. Damon ratera le début, mais demandera instantanément le pardon du public. Pour se rattraper, de petits pas de danse sont effectués au début de 19 2000, pour ensuite dévoiler ses gambettes sur version plus soft.

Durant tous ces titres et jusqu’au bout, l’écran est toujours parfaitement synchro, ce qui nous fait subliment voyager avec les dessins de Jamie Hewlett. De nouveau dans la foule, bien surveillé par son compagnon habituel à la crash qui ne le lâche pas d’une semelle, Albarn va attraper une pancarte, la signer alors qu’il est en déséquilibre, et la rendre au propriétaire. Improbable !

Il remonte alors sur scène, saisi son mélodica, et balance Tomorrow Comes Today pour détendre tout ça. Les lumières des Arènes habillent si bien ce titre, comme tous les autres. Les deux guitaristes viennent se coller au leader à la fin, démontrant que le roi Damon établit toujours de bonnes relations avec les artistes autour de lui, en toute simplicité comme il l’a toujours été.

S’ensuit Rhinestone Eyes, à l’ambiance verte puis rouge et son bridge incroyable en live. Encore un bain de foule, scandant des « I can’t hear you » pour exciter tout le monde, et regardant le ciel en chantant« falling from the sky » . Cracker Island offre une partie vocale de ping pong entre le chanteur et les 5 choristes, à la gauche d’un batteur qui montre tout son talent. La signature Gorillaz, évidemment.

Puis, lumière sur Damon au piano en solo pour le début de O Green World qui montera en puissance petit à petit, avec les « oh oh oh » du public. Un exemple parfait des titres orchestraux que peut proposer le groupe. Au tour alors de Pirate Jet où Damon demande aux gens de bouger les petites mains en l’air. Le titre s’habille d’images qui dénoncent la pêche des cétacés, avec des bateaux Greenpeace en action.

Et pendant ce temps Damon monte dans les gradins, se balade, avec juste son bras droit habituel sans aucune sécu, debout sur le muret prêt à tomber (genre vraiment, on a eu peur), qui envoie des coups de poing dans le vide. Une version tellement mieux en live ! Pour à la fin ajouté, dans un français honorable : « je suis très touché merci merci, j’aime France, c’est vrai c’est vrai ».

Après les bateaux, forcément… Le clip du tube On Melancholy Hill arrive, on récite les répliques connues sur le bout des doigts, pendant que Damon saisit sa guitare folk. Le guitariste va jouer le jeu en mettant un bachi, dans une ambiance bleue marine forcément. Une version peut-être un poil décevante… Mais El Manana au tempo bien calme va rattraper cela, en permettant aux fans les plus fous de se faire entendre en criant « DAMON!!!! »

La nuit est définitivement tombée dans la belle Nîmes, et les lumières et écrans rendent plus que bien. La sécurité, qui a fait les fouilles bien plus poussées qu’à l’habitude du fait du contexte, passe à la barrière distribuer de l’eau à foison. Albarn s’en va pour vite revenir avec un peignoir rose et capuche qui cache son visage. Il tourne le dos au public et tend les bras tel le Christ Rédempteur pour la peu connue Fire Flies.

Kids With Guns retentit alors. Le londonien met un masque donné par un festivalier mais au final rigole et l’enlève. Improvise car il s’est perdu du fait de cette tentative, lâche un « who cares ? » pour finalement transformer les Arènes en karaoké géant à base de « whouohouhou… ». A peine le titre terminé, le voici qui sort une corne de brume géante, intronisant la première guest qui vient chanter sur la fin, et remerciée par un gros câlin. Un final incroyable pour un des meilleurs titres du groupe, pour ne pas dire le meilleur.

Une route apparaît alors sur l’écran, une grosse basse retentit… Au tour de Stylo, avec en guest Bootie Brown. Damon s’efface pour se cacher derrière son piano, et lui laisser toute la lumière. Bruce Willis apparaît alors en fond alors que la plupart de l’arène saute en folie. Car bon, les places assises à Gorillaz, c’est un concept !

La soirée se poursuit avec Désolé et le retour de Fatoumata Diawara, les guests s’enchaînent c’est la grande fête ! Les percus africaines sont de sortie encore une fois. La malienne nous propose de chanter, et bien sûr nous nous exécutons, criant « Désolé !! » Damon s’efface encore quand ce sont les parties de cette grande artiste pour lui laisser tout le devant de la scène. Toutes les Arènes tapent dans les mains comme une seule personne. Le premier crowdfunding surgit, et les deux chanteurs s’enlacent.

Au tour du percutant Andromeda, où les deux hommes aux claviers et machines se régalent. Et quel apport des choristes qui ajoutent de la profondeur ! A noter un superbe final par les percus et batteries. Le bassiste va même se mettre au chant, pendant que le guitariste jouera tout en tournant sur lui-même. Bref un titre qui a démontré toute la qualité du live band !

Damon s’offre alors un repos bien mérité en coulisses, pendant que Dirty Harry surgit afin de rappeler la qualité de la batterie de Gorillaz. L’occasion de tourner un peu la tête pour admirer ce si sublime cadre des Arènes, qui sait s’adapter à tous les publics en proposant un espace PMR. Bootie Brown revient, propose un jeu de scène avec les bras, et le public du Gard est très réceptif.

Deux jeunes hommes bien connus arrivent alors en tout décontraction sur la grande scène, puisqu’il s’agit de.. de.. De La Soul ! Les new-yorkais s’amusent à séparer le public en deux, une moitié pour chaque : l’une crie « Go », l’autre « Rillaz« . Damon revient alors faire l’idiot avec sa couillon avec sa corne de brune, et un rire reconnaissable entre mille… Voici Feel Good Inc ! Le crowdfunding reprend, les « ah ah ah ah ah » et « Feel Good » hurlés. Quelle complicité entre le groupe et Albarn depuis toutes ces années !

Damon poursuit son cours de français en comptant jusqu’à 8, avant de lancer le missile punk Momentary Bliss. Les membres de Slaves et slowthai apparaissent sur l’écran, et propose sans doute le meilleur titre du dernier effort du groupe. Comme si la canicule n’était pas assez forte… Un titre qui met la lumière sur les jeunes artistes britanniques, leur donnant une exposition mondiale. Une grande habitude de Gorillaz que l’on ne peut que reconnaître !

Le final arrive alors. Seul avec son mélodica, pleine lumière sur lui, Damon Albarn envoie les premières notes de Clint Eastwood. Les pogos surgissent ça et là, les paroles sont hurlées, les derniers hésitants sont debout.. Alors que tout semble terminé, Sweetie Irie vient proposer un outro au tempo plus élevé, avec une version reggae bien énergique. Une occasion idéale pour Albarn de faire l’idiot une dernière fois, en rigolant avec ses musiciens. Toute l’arène saute pour cet au revoir et sa pluie de médiators en fosse.

Ah ? Il y a encore des lecteurs après tous ces paragraphes ? Bon, comment synthétiser ces quasi deux heures de set… Gorillaz, en 2022, est une merveille sur scène. Entre les anciens tubes et les superbes nouveautés, la setlist est calibrée, idéale pour des festivals comme le Festival de Nîmes, qui aura su offrir le cadre idéal pour ce concert. Et ce sera forcément le cas pour les prochaines dates de nos représentants : Deep Purple, Sting, ou encore The Smile. Quel programme !

Un grand merci à Annie pour ses photos.

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