24 Juil Musilac 2022 : l’anniversaire des 20 ans en (trop ?) grande pompe
(Pas si) Petit récit de notre édition 2022 de Musilac, du 6 au 10 juillet à Aix-les-Bains.
Musilac, festival savoyard organisé sur les berges du Lac du Bourget fêtait ses 20 ans cette année. Comme d’habitude, le festival reste un arrêt privilégié pour les artistes britanniques sur la route ou sur le retour de l’Italie, un repère de prédilection, donc, pour l’équipe de Sound of Brit. Après 2 ans d’annulation pour une cause bien connue de tous, on était ravi de retrouver nos habitudes sur l’esplanade du Lac. Comme en 2019, on vous raconte nos coups de coeur, aventures et découvertes de cette belle édition 2022, qui sera peut être la dernière du festival.
La scène française, entre découvertes locales et patron.nes de la pop hexagonale
Comme il y a 3 ans, on faisait un peu la gueule à l’annonce de la programmation. La vue de toutes ses têtes d’affiche vues partout ailleurs cet été -on reste persuadé d’avoir vu tous les concerts du futur podium des squatteurs de festival de 2022, classement par le magazine Sourdoreille– ne nous enchantait guère. Mais où était-donc passée la personnalité de la programmation de Musilac ? Finalement, on a fait comme d’habitude, on s’est penché sur les petits noms sur le bas de l’affiche pour trouver notre bonheur.
La première nouveauté de 2022 concernait le tremplin pour la scène locale, avec les deux premiers créneaux de la Scène Korner réservés chaque jour aux groupes de la région. Si le principe du vote par le public (la popularité sur un site internet d’un groupe n’équivaut pas à la qualité de sa proposition artistique) et la sélection bancale (5 puis finalement 10 sélectionnés) nous ont rendu perplexes, l’intention reste louable. Coup de coeur de cette édition 2022 : Gwizdek avec sa pop poétique.
On a également adoré retrouver Lilly Wood and the Prick (instant nostalgie sur les titres tirés de leur album Invicible Friends de 2010) et leur énergie intarissable, égalée uniquement par le duo Terrenoire. Les stéphanois ont fait le spectacle, transposant leurs textes chargés en émotion sur la scène avec efficacité.
Côté têtes d’affiche pop, les shows de -M-, Mika et Clara Luciani étaient certainement les plus impressionnants, avec des scénographies portant le concert dans une autre dimension, celle du spectacle. Là encore, on y a retrouvé des setlists sous forme de best-of, de celles qui galvanisent la foule, ravie de pouvoir chanter chaque ligne de chansons devenues classiques.
Le contingent britannique en grande forme
Alt J, l’ouverture onirique
Premier nom qui nous avait convaincu de venir à Musilac, le trio de Leeds d’Alt J était au programme de la journée d’ouverture du mercredi. Leur album The Dream avait plu à toute la rédaction cet hiver. Et c’est avec grand plaisir qu’on a retrouvé tant les titres de ce nouvel opus, que les tubes de An Awesome Wave. A leur habitude, ils ont délivré un concert efficace et sobre, mais d’une redoutable efficacité pour nous propulser dans leur univers onirique. L’un des meilleurs moments de ce festival !
Sam Ryder, the show is on
Le début du jeudi était placé sous le signe du rock britannique. A 17h, ce fut au tour du représentant britannique au concours de L’Eurovision, Sam Ryder, de fouler la scène Lac. Vêtu d’une combinaison argentée à faire pâlir Juliette Armanet de jalousie, il a enchainé ses titres avec beaucoup de vista et l’envie irrésistible de faire le show. Malgré le soleil de plomb de cette fin d’après-midi, l’anglais a réussi à mobiliser le public déjà présent.
Declan McKenna, Beautiful Faces pour un début d’après midi au soleil
Tout de suite après Sam Ryder, c’est Declan McKenna qui enchaînait sur la scène d’à côté. Avec une setlist un peu différente qu’aux Eurockéennes, l’anglais a fait le show avec ses musiciens, jusqu’à complètement se libérer sur les dernières chansons. Encore une fois, ce fut un énorme plaisir de retrouver les titres de son magnifique deuxième album, Zeros.
Skunk Anansie, charismatique et fédérateur
Le groupe de rock alternatif de Londres, Skunk Anansie, a ensuite réveillé le public de Musilac. Grâce à sa présence charismatique sur scène et un petit passage dans la foule pour galvaniser les gens déjà présents aux barrières, Deborah Dyer a produit l’un des meilleurs concerts de cette édition. Pour leur tournée anniversaire des 25 ans, ils ont offert un set en forme de cadeau, autant pour eux que pour le public. On a retrouvé une grande majorité de leurs titres les plus connus, avec une multitudes de singles de leurs différents albums. Un set des plus fédérateurs.
Bob Vylan, entre hip hop et punk hardcore
Moins connu de nos radars rock que les autres noms britanniques de cette affiche, le duo Bob Vylan (oui, oui, il y a un jeu de mot) était sur la scène Korner dans la soirée du samedi. Dans un mélange de punk hardcore avec du hip hop et du grime, les deux compères dénoncent sans filtre les injustices sociales de la Grande-Bretagne, avec les codes du rap. Ils nous ont rappelé leurs collègues américains de Fever 333 dans l’intention scénique.
Fun fact, ils ont tellement d’énergie qu’une scène où ils ont joué depuis cet été s’est cassée pendant leur concert.. Quand on vous dit que leur show casse des briques.
Metronomy, right on time
Dimanche, jour de clôture, et surtout jour de Metronomy, dont le sigle Right on Time aura squatté nos méninges un certains temps après la sortie de leur album, Small World. On est d’autant plus heureux de les retrouver que la journée n’était pas particulièrement placée sous le signe des artistes rock.
Qui dit festival, dit généralement setlist équilibrée. Leur concert n’a pas dérogé à la règle, avec un bel équilibre entre Love Letters, Metronomy Forever, Small World, The English Riviera, Pip Paine et Nights Out. D’un début de show très pop, on a petit à petit glissé vers un univers rock avec des tendances psychédéliques, jusqu’au finish sur You Could Easily Have Me. Les musiciens ont terminé sur un jam rock décoiffant, à l’énergie contagieuse.
C’est donc en fredonnant le refrain de Love Letters et prêt à faire la fête jusqu’au bout de la nuit qu’on fait le tour des scènes pour le final de Musilac 2022 avec The Chemical Brothers.
The Chemical Brothers, l’électro dans une autre dimension
Le duo mancunien de The Chemical Brothers était donc prévu en fin de festival, pour une quasi clôture électro puissant. Ils n’ont pas déçu, autant soniquement que visuellement. Sur des scènes avec des caissons de basse supplémentaires par rapport aux autres soirs, les DJ ont proposé une fin de soirée enivrante, de celle qui fait oublier les 5 jours passés sous le soleil à écouter près de 71 artistes. Leurs créations visuelles projetées sur l’écran géant derrière eux donnent corps à la musique, pour toujours plus d’intensité dans leur concert.
Mais aussi …
On a beaucoup parlé des britanniques de Musilac -forcément-, mais on n’oublie pas également les prestations spectaculaires de Rilès, Angèle ou Orelsan côté rap, ou encore la pop solaire de Parcels qui nous a accueilli dans les premiers concerts du mercredi.
Au moment du bilan, cette édition 2022 de Musilac nous aura offert de très beaux moments. Entre les découvertes Bob Vylan, les prestations d’Alt J et Metronomy ou encore la clôture sur The Chemical Brothers, les britanniques auront assuré le show. Aussi, on aura été touché par l’atmosphère détendue, le cadre idyllique près du Lac du Bourget et l’accueil chaleureux de l’organisation.
Au lendemain de cette édition, pourtant, le festival se réveille avec la gueule de bois. Avec un déficit supérieur à 1 million d’euros pour 2022, le dirigeant de Rémi Perrier Organisation (RPO) était dubitatif sur la tenue de Musilac pour 2023. Pas d’annulation officielle pour l’instant, mais on croise forcément les doigts pour que le festival puisse fêter sa 21ème édition en 2023. Cette édition anniversaire, avec ses 5 jours et ses têtes d’affiches françaises ronflantes mais pas forcément fédératrices, était peut être celle de trop.
Toutes les photos de l’édition 2022 sont disponibles ICI
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