Cala Mijas : soleil, sable et musique pour clôturer la saison festivalière

Un festival à quelques pas de la plage avec des têtes d’affiches telles qu’Arctic Monkeys ou Liam Gallagher ? Le Cala Mijas festival l’a fait et je n’étais qu’obligée d’y aller. Journal de trois jours à écouter le meilleur du rock britannique sous la chaleur du sud de l’Espagne. 

On se retrouve la veille de septembre à Malaga, et c’est à quelques kilomètres que le lendemain aura lieu la première édition du festival espagnol. 

Personne ne sait à quoi s’attendre. C’est en effet la première édition du Cala Mijas, la communication est très minime et tout ce que nous savons se limite presque aux noms des artistes présents. Alors que certains parlent d’un remake du Fyre Festival, d’autres savent qu’ils vont vivre le weekend idéal pour dire adieu à l’été et aux palmiers. Beaucoup d’artistes britanniques ont fait le chemin, mais beaucoup de festivaliers britanniques sont aussi venus profiter du petit prix de Cala Mijas et des derniers coups de soleil. 

Jeudi 1er septembre

La journée s’ouvre en beauté avec Crawlers. Le groupe originaire de Liverpool offre une prestation enflammée et échauffe une foule déjà présente. Entre nouveaux et anciens morceaux, la leadeuse Holly Minto apporte la touche Merseyside au rock de Crawlers. On comprend pourquoi le groupe a récemment signé chez Polydor. C’est avec le hit « Come Over (Again) » que le quatuor termine son set, avec une foule chantant le morceau qui reste si vite en tête. 

Après un crochet devant The Lathums, on s’impatiente de voir Inhaler, que l’on avait interviewés à leur passage à Paris il y a quelques mois. On les avait déjà repéré.e.s dans la queue à l’entrée du festival, les fans du groupe irlandais sont on fire. Pancartes, t-shirts, on n’arrive à peine à croire que l’on assiste à un set de fin d’après-midi. A leur habitude, c’est sur du A$ap Rocky qu’Inhaler fait son entrée sur scène, avant de faire résonner les premières notes de « It Won’t Always Be Like This ». Les sauts de la foule commencent à brasser le sable et on ressent enfin l’esprit festival – la bière et la musique n’étaient peut-être pas suffisants ? Les sonorités estivales de Inhaler nous plongent d’autant plus dans nos quelques jours de pause au soleil et on ne voit pas le temps passer juqu’à « My Honest Face », qui clôture le set. 

On court à la main stage, où Blossoms font résonner les riffs que nous avons tant chantés depuis 2016. Alternants entre leurs morceaux de leur album éponyme, mais aussi ceux de ‘Foolish Loving Spaces’ et de ‘Cool Like You’ sans oublier leur dernière sortie ‘Ribbon Around the Bomb’, Blossoms en a pour tout le monde. C’est grâce à la performance du hit des années 80 « Don’t You Want Me », originellement chanté par The Human League, que le groupe rassemble le public de tout le festival en un chant commun avant de terminer en beauté avec « Charlemagne » que personne n’a oublié. 

On y est, il ne reste plus qu’à attendre Arctic Monkeys. La tête d’affiche de la journée – voire même du festival – a fait venir des fans de tous les coins de l’Europe, et même du monde. On y croise des personnes venues de Corée, mais aussi d’Angleterre et particulièrement de Sheffield, ville phare dont ils sont originaires. Une production de scène minimaliste causée par la petite taille de la scène, on retrouve le quatuor dans leur forme brute. Après une ouverture sur le légendaire ‘Do I Wanna Know’, Arctic Monkeys enchaine sur une setlist non pas surprenante mais toujours agréable. Peut-être un peu trop de AM et pas assez des premiers opus mais on apprécie l’effort de ressortir pour cette tournée des tubes pas joués depuis quelques années, notamment « That’s Where You’re Wrong » et « Potion Approaching ». On retrouve le groupe avec une énergie de cohésion et un fort désir de la scène qui entraîne un Alex Turner plus talkative que d’habitude, et des échanges avec la foule assez inhabituels pour le groupe connu pour sa timidité. 

Le concert ayant lieu un peu moins de deux mois avant la sortie de leur septième album The Car, Arctic Monkeys teasent leur LP avec une nouvelle chanson, « I Ain’t Quite Where I Think I Am » – à ce jour toujours pas sortie. Le rituel de fin avec « R U Mine? » termine 90 minutes de hits.

Ca sera le musicien anglais Bonobo qui clôturera en beauté la première journée de la scène principale et des artistes britanniques de Cala Mijas avec un set rassemblant toutes les influences découvertes au fil de sa carrière musicale. 

Vendredi 2 septembre 

A l’image du rythme de vie espagnol, la première journée s’est finie pour la majorité des festivaliers aux alentours de 4h et on ne retrouve que très peu de monde sur le site du festival avant 19h. Le vendredi commence avec un DJ set de Joe Goddard, membre de Hot Chip – qui joueront d’ailleurs quelques heures plus tard. Les bangers résonnent dans l’espace electro du festival, aménagé avec du son à 360 degrés, procurant une expérience auditive de qualité même en extérieur. Les headliners de la grande scène ce soir sont aussi britishs. En effet, ce sont les Chemical Brothers qui enflammeront le Cala Mijas à 23h, après la venue de l’Australien Nick Cave & the Bad Seeds. Le duo originaire de Manchester s’est fait un nom dans les années 90 et ils sont toujours autant attendus. Je suis encore une fois étonnée d’une aussi bonne qualité audio pour la première édition d’un festival en extérieur qui cumule 4 scènes sur une superficie plutôt limitée. Des morceaux de toutes leurs époques et une foule qui se prend au jeu d’un nom électronique en tête d’affiche, c’est ce qu’il fallait pour rendre leur performance tout aussi iconique que Kraftwerk, sur la scène à quelques pas. 

Il faudra attendre 2h pétantes pour voir Hot Chip. Est-ce leur choix de jouer si tard alors qu’ils sont en formation de groupe ? Aucune idée, mais ça marche. Le mélange entre electro et rock, entre synthés et guitares, c’est ce qui caractérise Hot Chip. Seulement deux semaines après la sortie de leur dernier album Freakout/Release, on attend impatiemment de l’entendre directement des artistes et c’est sans surprise que la foule y est réceptive. Le morceau qui aura servi de titre d’album nous donne envie de danser et de tout oublier : c’est la force de Hot Chip. 

Il est déjà assez tard, et on en profite pour se reposer avant la dernière journée musicale. 

Samedi 3 septembre

C’est la dernière soirée, et ça se ressent ; la fatigue pique et les jambes aussi. Le samedi commence tout doucement pour nous avec James Blake. L’artiste anglais ne déçoit pas et comme à son habitude, il propose un set full live. Il oscille parfaitement entre le piano-voix émotionnel et ses fortes inspirations plus electro dignes de clubs. Cette dernière partie marche cependant beaucoup moins en extérieur qu’en salle, lorsque nous l’avons vu à la Salle Pleyel par exemple. Il semble le savoir puisqu’il privilégie la performance de morceaux tels que « The Limit to Your Love » et « Love Me in Whatever Way ». 

C’est Liam Gallagher qui suivra James Blake, cette fois-ci sur la grande scène. Sans surprise, ce dernier rentrera avec une moue désagréable et une attitude agressive qui ne semble pas décevoir les fans d’Oasis – ou de sa moitié. Liam partagera sa setlist entre projet solo et hits inoubliables du groupe de britpop légendaire. Malgré le manque considérable de respect pour sa foule, Liam Gallagher fermera le festival en laissant le sourire sur les lèvres de la foule nostalgique. 

Notre soirée, et ces 3 jours se finiront dans le carré electro avec Daniel Avery. Personnellement auparavant très peu renseignée sur son travail, le set de 2h restera dans ma mémoire comme un événement majeur du festival. Il en fallait beaucoup pour me faire rester jusqu’à 4h en ce dernier jour et Avery l’aura fait. Un live de qualité accompagné par la sono immersive de la scène, j’ai perdu toute notion de temps et de lieu. Il ne reste plus qu’à attendre sa venue parisienne le 26 novembre à l’Élysée Montmartre. 

Cala Mijas restera une première édition réussie, mais il faudra tout de même conscientiser le manque crucial de parité dans la programmation, d’autant plus dans la programmation British. On retrouve quelques noms part ci part là, beaucoup sur la scène gratuite à la plage le matin mais très peu dans l’événement principal. 

Récit et photos par Laurine Payet.

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