Le Palmarosa, un festival d’une herbe un peu trop fraîche

Retour sur cette journée du dimanche 20 août.

Montpellier, domaine de Grammont. Sur le papier, l’affiche pop/rock est plus que belle. Le public sudiste ne s’y trompe pas et répond présent, n’en déplaise aux mauvaises langues. La si belle région, trop souvent snobée dans les tournées, a besoin d’événements de la sorte : le Palmarosa Festival est une aubaine.

On commence la journée avec Osiris, groupe de reprises d’Oasis. Fuckin’ in the Bushes retentit, les cinq marseillais investissent la scène. Les plus grands tubes des frères Gallagher seront entonnés : Rock ‘n’ Roll Star, Live Forever, Champagne Supernova… et bien évidemment un passage obligé par la doublette Wonderwall et Don’t Look Back Anger. Les parties guitares sont maîtrisées à la perfection, la batterie puise dans le catalogue live (SupersonicWembley), la basse discrète de Guisgy plus que bien maîtrisée (par un certain Eric Di Meco…) et les parties chant laissées dans des mains de maître et ce avec l’attitude qui va avec sans pour autant entrer dans le piège de la caricature. Les premiers albums des Mancuniens sont privilégiés, et le public y trouve son compte : les paroles sont scandées, telle une madeleine de Proust retrouvée, et une émotion surprenante nous monte titre après titre. Il faut dire que certains titres ne sont ni joués par Liam ni par Noel, on profite donc avec plaisir ! Par ici pour notre interview !

La journée se poursuit avec Izia et La Femme. Certes français et non britanniques, on se permet tout de même de vous partager quelques mots ; ce sera notre secret ! Tout d’abord, Izia (vue pour la troisième fois de l’été) a récité sa partition habituelle connue sur le bout des doigts : des titres déjà de base très bons encore mieux proposés sur scène, une énergie unique, des musiciens de qualité et un dernier album qui nous fait croire à une montée en tant que tête d’affiche dans quelques années. Un constat partagé avec La Femme, qui pourrait du fait du retour de Clémence Quelennec continuer encore et encore à nous impressionner. Malgré une setlist éclair (on vous en parlera à la fin…) les titres choisis sont un continu de dynamite qui ne fera jamais redescendre la pression. Les nouvelles chanteuses ont une prestance galvanisante et les petits nouveaux derrière leurs instruments sont convaincants. Reste à voir comment Sacha et Marlon vont construire les prochaines années d’un des meilleurs groupes français sur scène.

Passons à Franz Ferdinand, peut-être le groupe d’outre-Manche le plus présent dans l’hexagone cet été (quatrième fois pour Sound of Brit !) Bien plus efficaces en festival qu’en salle, les Écossais vont faire ce qu’ils font le mieux : enchaîner les tubes, avec une énergie toujours aussi débordante. Les petits nouveaux sont performants, mis dans de bonnes conditions par Alex et Bob. Au programme : No You Girls, Michael, This Fire, Evil Eye… et bien évidemment le mythique Take Me Out, sans doute le plus gros banger de rock indé des années 2000. À quelques kilomètres de la ville natale de sa dulcinée, Kapranos est en pleine forme, et poursuit sa quête du B2 français avec brio. Les sourires sont partagés, la nuit tombe au fil du set, et l’heure de set prévue est le temps idéal pour ne pas être trop gourmands. On notera enfin quelques surprises : Build It Up, Knock Knock, et même Glimpse of Love. Franz Ferdinand live en 2023, ça donne quoi ? Eh bien, en festival, ça donne quelque chose de toujours aussi superbe !

Pour finir cette soirée avant le closing de ce cher French 79, voici venir alt-J. Difficile de passer après la performance dans le superbe cadre des Nuits de Fourvière, mais plus qu’appréciable de voir le trio dans une région qu’il apprécie (Deadcrush : « Anna, Anna, Anna, Anna L’Arlésienne« ). 5ème fois pour ma part de mon album préféré (l’occasion de vous proposer l’article Qu’est-ce qu’un excellent album ?), encore une occasion de prendre le temps de comprendre ce qu’il manque sur scène. La setlist, pourtant bien choisie, a tout pour plaire. Mais voilà, les versions ne pas toutes maîtrisées, des ajouts peu convaincants sont proposés, et des approximations brouillons vont contrarier l’écoute. Les voix sont mieux, mais parfois trop marmonnées. La batterie paraît parfois assourdissante, les détails guitaristiques négligés : des titres comme ceux là doivent comme pour Radiohead être dans le souci du détail. On passe tout de même un excellent moment à entendre toutes ces pépites, avec une mention TB au duo Chicago/Philadelphia.

Alors oui, la musique c’est très bien, encore faut-il qu’il en soit tout autant du cadre. Et c’est là que les problèmes arrivent : pas de réseau, queues interminables, déconsigne limitée, perche et drone sur des concerts entiers, set trop court (45 minutes pour La Femme, au lieu de 75 au Foreztival par exemple), équipes trop peu préparées et expérimentées, stationnement difficile, et surtout un positionnement de la scène discutable (soleil, répartition du monde, clash avec la seconde). Le directeur du festival viendra tout de même sur la scène pour s’excuser des temps d’attente entre alt-J et French 79. Il faut dire qu’organiser un festival en indé avec une si belle affiche est un pari extrêmement difficile : on ne peut jeter la pierre et ne pas croire que les prochaines éditions apprendront de leurs erreurs. Des festivals comme les Charrues ou les Eurocks n’étaient pas parfaits sur leurs premières éditions (bon, on n’était pas nés, mais on suppose hein). De plus, les grands événements pop/rock dans le sud sont trop rares notamment depuis la fin des Voix du Gaou, et on veut croire au Palmarosa. Alors, à l’année prochaine avec une meilleure organisation ?

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