Bastille – Wild World

L’attente est enfin terminée: le nouveau Bastille est là. Trois ans après un exceptionnel Bad Blood ayant propulsé la formation aux sommets de la scène pop actuelle, l’heure est venue pour nous de se plonger dans ce Wild World, présenté comme une vaste exploration musicale au fil de 19 nouveaux morceaux. Écoute et critique.

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Wild World est donc enfin à notre portée. Après un ingénieux teasing usant du mystérieux service de communication WWCOMS pour échanger avec les fans, après trois excellents singles, après un passage remarqué à Rock en Seine pour présenter en avant-première de nouveaux morceaux inédits , le quatuor dévoile enfin sa nouvelle galette et les 19 pistes qui le constituent. Et avant de se plonger dedans, il convient d’éclaircir un point: Wild World est disponible sous 2 formats, un « standard » composé de 14 morceaux, et un intitulé « Complete Edition », contenant les 19 morceaux susnommés. L’édition Complete se veut alors la forme aboutie de ce nouvel opus, et c’est donc l’œuvre entière dans ses 19 morceaux qui sera critiquée ici.

C’est donc avec excitation que l’on se lance dans l’écoute de Wild World. Un disque qui affiche 19 morceaux au compteur, grande prise de risque dans le paysage pop actuel, le leader Dan disant qu’ils n’avaient pas pu faire de coupes supplémentaires dans l’album pour justifier cette longueur. Il est tentant et aisé de le croire, cependant, écoute après écoute, ses propos ne sont que peu facilement recevables: certes, le voyage que propose Wild World est plaisant, mais il n’est que trop peu varié et dépaysant. Ainsi, nous nous retrouvons pendant plus d’une heure face à des chansons aux structures quasiment identiques, enchaînant systématiquement couplets, montées en puissance et refrains, si l’on met de côté la superbe Two Evils, qui distille elle une ambiance particulièrement émouvante et sombre. Tempérons cependant: comme dit précédemment, Wild World est très plaisant. Les refrains font mouches presque à chaque fois, les rythmes sont très entraînants et la voix de Dan se pose toujours à la perfection. Les cuivres de Send Them Off! sont accrocheurs en diable, la batterie relançant Good Grief ne manque jamais de nous emballer, Lethargy, un des meilleurs morceaux de l’opus, ne peut que retenir l’attention de l’auditeur.

Mais même si ces quelques morceaux se démarquent du lot, force est de constater que Wild World se présente comme une machine pop stadesque trop bien huilée. Refrains sur refrains, les titres se suivent et se ressemblent. La pochette nous montre 2 jeunes hommes assis au rebord d’un balcon de gratte-ciel, contemplant l’immensité de la ville s’offrant à leur horizon: où est la richesse, la diversité suggérée par cette pochette? Où est la prise de risque dans ce deuxième opus, finalement bien moins construit et moins riche que son prédécesseur, Bad Blood? La comparaison avec ce dernier se révèle intéressante dans le sens où sur la ré-édition All This Bad Blood, la formation avait arrangée toutes leurs b-sides de sorte à former un mini-album concept dense, varié et réussi. Sur son successeur, les morceaux exclusifs à la Complete Edition se révèlent somme toute anecdotiques, se fondant dans le reste de l’album, si ce ne sont les quelques étranges expérimentations sonores de Campus et l’inattendue et orchestrale outro de Oil On Water.

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Inutile cependant de détruire inutilement ce nouvel opus de Bastille: on peut saluer certaines expérimentations sonores et notamment l’ouverture de The Currents, la beauté latente de An Act of Kindness et Fake It, le singulier solo de Four Walls (The Ballad of Perry Smith) et l’émotion qui se dégage de Winter of Our Youth. De la même manière, si les samples de dialogues utilisés tout au long de l’album ne tissent finalement pas un fil rouge liant les chansons de l’album entre elles, ils se révèlent être une touche de fraîcheur intéressante au sein des morceaux (avec une pensée pour l’instantanément culte « Come on, relax » de Lethargy)

Que retenir à l’issue de l’exploration de ce Wild World? Un voyage enivrant, entraînant, mais se perdant trop souvent dans les mêmes culs-de-sac, fermant à tort son horizon, se perdant dans une zone de confort qui ne peut qu’entamer notre enthousiasme initial. Wild World est un opus efficace, Bastille reste un groupe important de la scène pop actuelle à suivre absolument, mais espérons que son successeur ne reproduira pas les mêmes erreurs.

Tracklist:

Good Grief

The Currents

An Act of Kindness

Warmth

Glory

Power

Two Evils

Send Them Off!

Lethargy

Four Walls (The Ballad of Perry Smith)

Blame

Fake It

Snakes

Winter of Our Youth

Way Beyond

Oil On Water

Campus

Shame

The Anchor

La note: 6,5/10

Nos morceaux favoris: Send Them Off!, Lethargy, Two Evils, Fake It

On retrouvera Bastille au Zénith de Paris le 2 Février 2017, et vous pouvez commander Wild World juste ici.

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