Biffy Clyro fait hurler l’Olympia de joie

Après un Ellipsis soufflant le chaud et le froid, nos amis Biffy Clyro avaient la lourde tâche d’assurer la défense live de ce nouvel effort. Pari réussi?

C’est aux alentours de 18h30 qu’une file déjà conséquente se presse pour rejoindre la barrière de l’Olympia. Le trio Biffy Clyro ne s’est pas produit dans une salle parisienne depuis maintenant 3 ans et leur exceptionnelle date au Trianon pour défendre l’époustouflant Opposites. La tâche est là similaire, mais toutefois plus complexe: Ellipsis est un effort bien moins réussi que Opposites, se classant même parmi les (le?) pires albums du groupe. Pari alors ardu pour le trio que de réussir à mêler leurs nouveaux titres à leurs plus grands hits pour satisfaire tout le monde, fan inconditionné comme nouvel initié; mais ce souci n’est pas de l’ordre de l’immédiat.

Ainsi, avant de tâter à la furieuse énergie live de Biffy Clyro, il faut passer par la case support, aka première partie: ce soir assurée par l’excellent Frank Carter et ses Rattlesnakes. Ainsi, c’est aux alentours de 20h que la formation monte sur scène. Basse, guitare, batterie; très vite rejoints par le charismatique Frank Carter au micro, sur son 31 et le regard fou.

Leur tout nouvel album, Modern Ruin, sorti il y a une semaine et demie, le groupe entame logiquement son set par un titre extrait de ce nouvel album: l’excellent Snake Eyes. Bien qu’un peu timide au début, on sent le public se chauffer au fur et à mesure, réagissant avec conviction aux cris de rages de Frank Carter, à son énergie débordante et à son indéniable aptitude à remplir l’espace scénique. Bien qu’on note une voix sous-amplifiée au début et des chœurs inaudibles, la formation compense ces soucis techniques en délivrant un set d’une efficacité folle.

Frank Carter s’exprime, invective, remercie le crew, couvre Biffy Clyro d’éloges; en bref, sait comment s’y prendre avec le public. Le titre Lullaby le verra se tenir triomphant, porté par la foule, immédiatement suivi par un Wild Flowers majoritairement interprété en voguant sur les bras des spectateurs, le portant tant bien que mal. Le public, bien chauffé, se défoule en multipliant les pogos sur des titres comme Juggernaut ou le vénéneux Devil Inside Me, titres issus de Blossom.

Un incroyable Vampires (titre incontournable de Modern Ruin), et c’est au classique I Hate You de refermer ce set avec une subtilité blues bien plus qu’appréciable. Rarement on aura vu une première partie chauffer le public de façon si efficace, et se montrer autant en communion avec son public: mission accomplie pour Frank Carter & The Rattlesnakes.

 

 

Une petite vingtaine de minutes d’entracte, et la lumière de la salle cède sa place à l’obscurité. Tandis qu’un chant religieux s’écoule dans nos oreilles, le trio s’avance sur scène; le frontman Simon Neil, à l’image de Frank Carter, sur son 31. L’apaisement religieux laisse très vite sa place au chaos: l’introduction de Wolves of Winter, titre d’ouverture d’Ellipsis, se fait entendre, et le groupe déchaîne son rock alternatif sur l’Olympia, ne laissant personne intact. Des pogos se créent déjà, la foule est en perpétuel mouvement: aucun doute, Biffy Clyro est dans la place.

Le groupe se réserve un début de set parfait, mixant les temps fort de Opposites et de Only Revolutions avec le culte Living Is a Problem Because Everything Dies et son insaisissable rythmique, et les titres les plus efficaces d’Ellipsis: Howl, petit plaisir live incontestable, et Friends and Enemies, avec son puissant refrain et ses chœurs accrocheurs. Apparaissent ainsi les classiques Sounds Like Balloons et Victory Over the Sun, toutes deux follement efficaces; et la superbe ballade God & Satan, qui ne peut que nous émouvoir. Le concert atteint un indéniable sommet avec ce combo tout droit tiré de Only Revolutions: Bubbles, titre phare du groupe qui n’a jamais semblé aussi puissant en live, et le trop rare Booooom, Blast & Ruin, qui dévaste tout, premiers rangs, mosh pits, gradin, Olympia, sur son passage. Instantanément culte.

 

 

Mais si l’on précise que le groupe se réserve un début de set parfait, c’est que la suite dudit set est moins brillante. Le show subit ainsi une terrible baisse de régime par un enchaînement impromptu de 4 titres du, rappelons-le, très moyen Ellipsis: les poussives On a Bang et Herex (qui ont le mérite de remuer un peu le public grâce à quelques ponts metal sauvant tant bien que mal le désastre) et les ennuyeuses et convenues Medecine et Re-Arrange (qui remporte sans difficulté le titre de morceau le plus ridicule composé par le trio à ce jour). Même à force de bonne humeur et de volonté, la pilule à du mal à passer, et le live du groupe se retrouve entaché de ce réel passage à vide qui marque en plus une toute nouvelle tournure inquiétante pour le son de Biffy Clyro.

La barre est heureusement relevée pour la suite du set: Glitter and Trauma, bien que moins impressionnante qu’au Trianon, vient nous rappeler les premières amours du groupe, et les inimitables Moutains, That Golden Rule et Many of Horror viennent assurer leur lot d’émotions, de pogos, de larmes, de cris du chœur, de bras jetés en l’air, de crowd-surfing. La machine écossaise est lancée, et réalise indéniablement ses meilleurs tirs groupés avec les titres extraits de Only Revolutions. Au milieu de cette perfection sonore, on dénote tout de même un Flammable oubliable (Ellipsis, toujours) et un In the Name of the Wee Man, b-side d’Ellipsis qui se révèle (surprise!) d’excellente facture, structurant sa composition en 2 parties et garantissant des mosh-pits déchaînés en bout de course. Indéniablement la bonne surprise de ce concert.

 

 

Vient déjà l’heure du rappel, et donc de Simon, seul sur scène, torse nu avec sa guitare acoustique et son micro, pour délivrer une performance toute en nuances et irrésistiblement belle de Machines. Les couplets des chœurs résonnent avec force dans le public, les larmes sont sur un fil ténu, prêtes à tomber à tout moment. Mais pas de temps pour le pathos: le groupe enchaîne avec un Animal Style déchaîné, qui nous convaincra définitivement que le dernier effort du groupe souffle systématiquement le chaud et le froid. Et l’heure de la clôture est déjà arrivée: les notes de Stingin’ Belle résonnent en force, les paroles sont reprises par un public acquis à la cause du groupe, et l’outro, rythmée par des mélodies de cornemuse, voit un circle-pit fou se refermer sur lui-même, provoquant des chocs d’une violence folle que personne n’est prêt d’oublier. Le groupe ne manque évidemment pas de chaleureusement nous remercier, distribuant médiators, setlists et baguettes de façon généreuse, avant de quitter la scène pour de bon.

Que penser alors de cette performance de Biffy Clyro à l’Olympia?

Si, sur certains titres, on n’aura jamais entendu le trio aussi énergique (on se remet encore doucement de cet irréel Bubbles), l’apport d’Ellipsis reste à prouver, portant de sévères coups à un set sinon brillamment énergique et maîtrisé. Un autre évident regret est le trop-plein de ce dernier opus, faisant disparaître de la setlist le culte The Captain, sacrifié au prix d’un banal Re-Arrange ou Herex. De quoi faire froncer les sourcils des fans de la première heure.

Mais qu’importe qu’Ellipsis soit un opus douteux et que ses morceaux pâtissent à la prestation live du groupe: en-dehors de cela, voir Biffy Clyro en live reste une expérience folle et intense, avec une technicité et un sens mélodique sans égal aptes à nous porter vers des nirvanas de rock alternatif. Plus que trois mots à dire, à répéter, à hurler: Mon the Biff!

 

Setlist

Wolves of Winter

Living Is a Problem Because Everything Dies

Sounds Like Balloons

Biblical

Victory Over the Sun

Howl

God & Satan

Bubbles

Booooom, Blast & Ruin

Friends and Enemies

Black Chandelier

On a Bang

Re-Arrange

Herex

Medecine

Glitter and Trauma

Mountains

In the Name of the Wee Man

Flammable

That Golden Rule

Many of Horror

——

Machines

Animal Style

Stingin’ Belle

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