Idles – Brutalism

Brutal. Le seul mot, emprunt d’évidence, qui nous échappe après la première écoute du premier album d’Idles. Le groupe n’y va pas par quatre chemin, si ce n’est celui tracé par les cinq boutentrins les plus enthousiasmant du moment. 

 

IDLES – Festival La Route du Rock – SAINT MALO – Fort de St Père – Scène des Remparts – 2017-08-18

 

Impossible de résister à la cure d’Idles. Un catharsis au sein même du rock qui va jusqu’à s’évaporer dans un incroyable cocktail multi-genre. Le noise sale à souhait, le garage proprement mal rangé… la révolution de l’homme sur sa propre création – la musique -, pour mieux la déstructurer, la « détruire », la remuer en quelque sorte. Cette remise en question, Idles en détient le monopole. Avec ce très attendu premier album, doucement appelé Brutalism, le groupe accompli un travail entamé depuis 2012. Depuis la sortie de Welcome, EP lorgné d’un sentiment juvénile bienvenu, les cinq musiciens ont bien grandi. En une poignée d’années et sûrement plusieurs remises en questions, le groupe ne se sentait pas prêt à officialiser sa discographie d’un premier pilier plus solide que les autres. Brutalism, c’est treize morceaux (non, se nombre n’a jamais porté malheur) possédés par une rage immense, déroutante mais jamais dégoûtante.

De Heel/Heal à Slow Savage, Idles maintient le cap vers une rage constante et d’autant plus engagée qu’elle n’est épuisante. C’est le parti pris du groupe depuis ses débuts : démonter les préjugés, les murs bâtis par les entités supérieures. Le pouvoir des actes, on le sait, les musiciens le détiennent. C’est l’art qui en sort vainqueur. Le rentre dedans jusqu’au boutisme. Well Done détone d’efficacité tandis que Mother dépeint un univers social politique corrompus. « My friend is so depressed » se cantonne avec émotion dans 1049 Gotho, tandis que les guitares dérivent vers l’aigu. Baisse de régime pour Divide & Conquer, où le groupe se permet d’instrumentaliser son récit en prenant son temps. La reprise de l’urgence s’émet à nouveau dans les plus petits Rachel Khoo et Benzocaine, qui peinent à faire de l’ombre à Stendhal Syndrome, qui traite d’une phobie bien particulière ; celle de l’art, de se projeter dans une oeuvre et s’y perdre. Une remise en question, où plutôt une mise en abîme intéressante, puisque le morceau est surprenament court. Idles aurait-il peur de se perdre dans son propos ? White Privilege rattrape le groupe sur le thème de l’inégalité qui lui est cher, tandis qu’Exeter s’épanouit dans l’irrévérence en proposant le refrain le moins sexy de l’album mais le plus jouissif.

On ne peut oublier cette étrange respiration finale qu’est Slow Savage. Idles se transforme dans l’expérimental en un sauvage beaucoup plus humanisé, Frankenstein de lui-même. Dans la lenteur de l’instrumentation, on y discerne une, voir deux ouvertures vers l’avenir. Avec Brutalism, Idles semble avoir mis cartes sur table en remettant en question sa propre existence, au sein d’une société qui possède les pires tares. En proposant un album engagé et mature, le groupe a aussi fait la prouesse de rester dans une logique d’efficacité ; si bien qu’on ne s’ennuie jamais. Well done. C’est en critiquant notre époque contemporaine baignée dans la facilité que le groupe pond, malgré lui, un album emprunt par le divertissement. Affaire à suivre pour Idles, qui n’est jamais paresseux de provoquer l’émeute rock dont nous avons tous besoin.


Tracklisting

Heel/Heal

Well Done

Mother

Date Night

Faith in the City

1049 Gotho

Divide & Conquer

Rachel Khoo 

Stendhal Syndrome

Exeter

Benzocaine

White Privilege

Slow Savage

Nos morceaux favoris : Mother, Well Done, Heel/Heal, Divide & Conquer, White Privilege, Exeter…

La note : 8/10

 

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