Focus sur Drenge

Les frères Loveless proposent un premier album grunge et désabusé.

 

 

drenge-cover

 

Eoin et Rory Loveless sont  les frères qui composent le duo Drenge: la petite vingtaine, originaires de Castleton, banlieue de Sheffield de 650 âmes, terreau propice à l’ennui et au désespoir, ils ont d’abord écumé les pubs du nord de l’Angleterre où ils joueront leur musique fulminante avant de sortir leur premier album intitulé Drenge le mois dernier.

Inspirée par le cinéma danois de Lars Von Trier et Thomas Vinterberg, la musique de Drenge -« garçons » en danois- déverse le temps d’un album, vils sentiments et rancœurs acerbes, tintés d’un humour noir dépité.

« People In Love Make Me Feel Yuck », le premier titre, donne le ton: rafale misanthrope d’adolescent blasé, le duo guitare-batterie balance sur les histoires d’amour ratées, alors que le titre suivant « Dogmeat », crasseux atrabilaire, dépeint à coups de riffs coléreux  un portrait abrupt du genre humain. « I Want To Break You In Half » ne s’enquiert d’aucune politesse et assène en 1 minute 51 une décharge sans concession, aussi directe que le titre le laisse penser. Car la musique de Drenge a cette particularité propre à l’adolescence de ne se soucier d’aucune déférence: le son est brut, viscéral. Eoin Loveless déclare à ce sujet qu’il préfère voir du sang et de la sueur dans les concerts plutôt que des types tenant un portable dans une main et une pinte de bière bio dans l’autre.

Mais réduire la fratrie Loveless à duo d’adolescents mal élevés, nourris au grunge et grattant leurs 6 cordes frénétiquement serait une erreur: leur musique prend une tournure plus mature, avec un fond de blues (« Backwaters ») et des paroles qui se révèlent délicieusement piquantes (« I don’t want to make love to you », « Gun Crazy »). « Face Like a Skull » titre où l’influence de Nirvana se fait le plus sentir, tient plus du brûlot que du refrain de Lithium.

« Let’s Pretend » titre sombre et traînant de 8 minutes, aux paroles gonflées à l’humour noir causant presque le malaise, trouve son pendant désabusé dans la ballade nonchalante « Fuckabout » qui vient clore l’album, et qui n’est pas sans rappeler l’écriture d’Alex Turner.

Drenge aura dans cet album dressé un portrait réaliste et sans complaisance d’une génération où l’ennui, le désarroi et la rage sont denrées quotidiennes, mais avec assez de lucidité et d’humour pour ne pas tomber dans le misérabilisme.

 

Pour preuve, la vidéo de Dogmeat, comme un cliché animé de Martin Parr, tournée dans les rues de Sheffield:

 

 

Drenge sera en concert dans le cadre du festival Les Inrocks:

-le 8 novembre à Nantes (Stéréolux/la Fabrique)

-le 9 novembre à Bordeaux (Rock School Barbey)

-le 10 novembre à Paris (la Boule Noire)

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