Review : Band of Skulls – Himalayan

Pour leur 3e effort, Band of Skulls changent de producteur et basculent définitivement dans un blues rock qui devrait séduire le public américain. A-t-on perdu pour autant le trio ?

 

Band Of Skulls en concert au Trabendo, Paris, le 3 avril 2014

 

Exit Ian Davenport, l’homme aux manettes des deux premiers albums de Band of Skulls, l’excellent et acclamé Baby Darling Doll Face Honey, et Sweet Sour, bienvenue à Nick Launay, que l’on connaît notamment outre Atlantique pour avoir produit Nick Cave ou encore Arcade Fire. Avec Himalayan, le virage américain ne se dessine pas seulement dans une production plus homogène et aboutie, mais également dans les influences évidentes de ce troisième album, dont quelques élans rappellent que les Black Keys ou Queens of the Stone Age n’ont pas été loin des Band of Skulls ces dernières années (les Anglais assuraient leurs premières parties). Si Band of Skulls veut assurément se montrer plus ambitieux dans leur musique, tutoyer les sommets, Himalayan peut-il leur permettre de décrocher le jackpot ?

 

band of skulls himalayan

 

Séduire le public américain, c’est l’obsession de nombreux groupes britanniques. Pendant près de 40 ans, faire déplacer les foules hors de New York ou Los Angeles pour une formation de la perfide Albion relevait de l’impossible. Dans la dernière décennie, des formations comme Coldplay, Muse ou plus récemment Arctic Monkeys ont réussi l’exploit. Non sans en payer le prix pour certains aficionados. Alors forcément, quand Band of Skulls affiche ce rock bluesy qui ferait vibrer plus d’un rockeur de l’Amérique sudiste, on se dit que le risque est sacrément couillu.

 

 

Qu’on ne puisse s’empêcher de voir les Black Keys derrière Brothers & Sisters, Gary Clark Jr ou Queens of the Stone Age (Josh Homme a déjà frappé chez les Arctic Monkeys pour un virage réussi) derrière des riffs comme ceux I Feel Like Ten Men, Nine Dead and One Dying ou de Toreador et sa virée rock, cuir de sortie. Reste l’implacable tandem formés par Russell Marsden à la guitare et Emma Richardson à la basse, et dont les voix vont parfois se croiser pour former une mélodie délicieuse, sur des rythmes plus galvanisants (Toreador) ou bien apaisés (You Are All That I Am Not). Un élément indéboulonnable de la touche Band of Skulls, dont le blues est ici une évidente référence. Il n’empêchera pas le rock d’évoluer avec classe et sobriété.

 

 

Des déflagrations rock avec un sens racé de la mélodie, Band of Skulls sait y faire dans ce domaine, à l’instar de la géniale Heaven’s Key. Le groupe s’autorise quelques sorties de routes fort appréciables dans ce road-trip américain, que ce soit avec Hoochie Coochie ou bien la douce ballade Cold Sweat portée par une Emma Robertson vocalement et émotionnellement très juste. Les guitares efficaces de Himalayan transportent, les rythmes chaloupés de Nightmares et I Guess I Know You Fairly Well ou encore l’émouvant Get Yourself Together viennent parfaire un album sobrement éclectique, marqué de l’empreinte américaine à la production, mais par un génie de composition et d’intelligence musicale signe du duo Marsden / Richardson.

 

LA NOTE : 8,5 / 10

 

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