Wild-Beasts-en-concert-à-la-Gaité-Lyrique-à-Paris-le-jeudi-13-octobre-2016

Wild Beasts fait grimper la température de la Gaîté Lyrique

Venus défendre un 5ème album débordant de sonorités éclectiques et de rythmes aguicheurs, les britanniques de Wild Beasts ont fait leur preuve sur la scène de la Gaîté Lyrique. Récit. 

Quel magnifique cadre que celui de la Gaité Lyrique. Cocon sonore au sein d’une superbe structure, économe de toute barrière, ce petit bijou esthétique offre un cadre parfait pour tout artiste s’y produisant. C’est ainsi que vers 20h, le public se presse doucement pour entrer dans la salle et attendre Wild Beasts et leur première date française dans le cadre de leur tournée Boy King. Album tranchant nettement avec les collections de morceaux proposés par le groupe jusque-là et déboussolant les fans, il y a beaucoup à prouver en live ce soir pour le groupe. Mais avant de laisser la place à la formation britannique, c’est le duo anglo-français Postaal qui s’avance vers 20h30 sur la scène de la Gaité Lyrique derrière 2 élégantes installations lumineuses représentant les deux « A » du nom du groupe. 

postaal-interview

Tous deux encapuchonnés, les jeunes hommes s’échauffent timidement avant de lancer un premier titre d’une efficacité folle à la délicieuse montée en puissance. Majoritairement électro, les compositions s’agrémentent de touches de clavier bien senties, de chant aux influences hip-hop bien senties et de batterie électronique au pad venant efficacement dynamiser l’ensemble. Le duo délivré ainsi un répertoire vraisemblablement inconnu du public mais réussit souvent à faire mouche. Ainsi, si certains morceaux tombent un peu dans le piège d’une facilité de composition électro-pop, certains rythmes ou éléments sonores sont suffisamment bien amenés pour attirer notre attention. On n’oubliera pas non plus la risquée ouverture en français d’un des titres, ensuite balayée par une rythmique efficace. Très heureux d’ouvrir pour Wild Beasts, les deux artistes déroulent leur set avec un plaisir communicatif et s’esquivent après un dernier titre qu’on aurait aimé entendre durer un peu plus longtemps. Vient alors l’heure pour les roadies de déménager la scène et d’installer l’équipement de la tête d’affiche de la soirée. Pédales, claviers, micros, setlists: tout est en place, et c’est sur les coups de 21h30 que le concert démarre. 

Pas d’entrée en scène tonitruante: tout d’abord, ce sont les lumières qui disparaissent avec discrétion, et le volume sonore qui monte. Un morceau d’une tendre délicatesse résonne dans nos oreilles, porté par une voix féminine qui semble de vouloir l’antithèse de ce que propose Wild Beasts sur son nouvel effort. Le morceau s’achève, le public applaudit, impatient; mais le moment n’est pas encore venu. Une plage ambiante vient envelopper nos tympans, et devant nos yeux, ce sont les panneaux lumineux qui prennent délicatement vie, troquant leur noir mortuaire pour un rouge chaleureux, de plus en plus prononcé. Le crescendo semble alors prendre la forme d’un astre rayonnant, entourant le visage de la pochette du dernier album de la formation,  trônant bien centré au fond de la scène. C’est seulement là que les 4 membres du groupes montent sur scène sous les applaudissements du public, pour démarrer avec la piste ouvrant Boy King: Big Cat.

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Tendu, d’une sensualité folles prêt à exploser à chaque instant, Big Cat fait son effet et fonctionne parfaitement en ouverture du concert. Le public réagit timidement, malgré l’indéniable groove émanant de ce titre. C’est ainsi que le groupe va délivrer un set d’1h20 parfaitement équilibré entre nouveaux titres, 8 au total, et anciens morceaux, provoquant à chaque fois une très forte réaction du public. Le concert navigue alors entre groove sensuel et enflammé et moments superbes et aériens avec des constructions très expérimentales. Parfois, la fracture se ressent, par exemple en ouverture avec l’enchaînement Big Cat et We Still Got the Taste Dancin’ On Our Tongues, et elle ne se ressent parfois pas, comme en clôture avec ce superbe Celestial Creatures, et l’incursion du charismatique leader Hayden Thorpe au sein de la foule pour une céleste outro, et le classique All the King’s Men. Les anciens titres, déjà rodés en live depuis de nombreuses années, fonctionnent toujours autant, mettant le public en transe et provoquant les hurlements des fans les plus aguerris. Les titres de Boy King, eux, se révèlent être de véritables bombes, incendiant instantanément la Gaîté Lyrique. On se souviendra encore longtemps de ce Tough Guy, d’une puissance folle, et de ce Alpha Female en conclusion du premier set et cet hallucinant et surpuissant solo. Les sonorités de la formation se mêlent et créent une sensation unique, mur de son à la fois aérien et sonique. Ben Little, discrètement caché sur le côté gauche de la scène, délivre une guitare d’une précision et d’une puissance ahurissante. Tom Fleming répond à Hayden avec une voix qui sait se faire à la fois douce et redoutable, et derrière sa batterie, Chris Talbot délivre des rythmiques asymétriques intelligemment construites et épousant les contours de chaque chanson avec élégance. Bed Of Nails est d’une beauté tétanisante, et Get My Bang vient ouvrir le rappel d’une façon explosive, avec cette alchimie fonctionnant toujours entre un rythme débordant de fureur mais se contenant tout du long pour délivrer quelques touches explosives.

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Le groupe s’éclipse alors sur All the King’s Men, remerciant chaleureusement le public français de cet accueil. Le public, lui, après 1 courte heure et 20 minutes de set, en veut encore, réclamant à corps et cris d’autres morceaux de précédents albums (The Fun Powder Plot, à tout hasard). Mais que nenni, Wild Beasts ont clôt leur performance. Pour 5 albums, 1h20 de set paraît certes bien court; la performance du quatuor s’est cependant révélée impeccable de bout en bout, et seuls les fans les plus aguerris repartent avec un arrière-goût amer. Les autres repartent avec le souvenir d’un excellent concert, et la preuve qu’un groupe peut s’essayer à de nouvelles sonorités avec succès, tant en studio qu’en live. Beaucoup de groupes devraient retenir cette leçon, Wild Beasts l’enseignent maintenant avec aisance.

http://wild-beasts.co.uk/

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