Novella – Change of State

Deux ans après Land, Novella offre son deuxième effort, intitulé Change of State. Résultat : un franc pas en avant vers un son plus prononcé, plus assumé, d’autant plus psychédélique. Toutefois, un retour volontairement intime, puisqu’ancré dans une époque qui n’est pas la sienne. 

Etrange projet que Novella. En 2015, le groupe sortait enfin son premier album, Land, sorte de pamphlet noisy et psychédélique qui apportait son vent de fraîcheur dans le genre. Cette année, Novella revient un poil plus grand, certainement plus fort. Change of State assume un propos : celui, naturellement, du changement, de l’expérimentation… mais pas tant que ça. Ce deuxième album est (heureusement) plus abouti que son prédécesseur. Son principe est d’autant plus neuf qu’il est rétrograde. Forcément, on pense à TOY, qui avec leur troisième album Clear Shot (notre review), avait aussi foulé ce chemin sacré. Enregistré comme les albums cultes de Sonic Youth, en passant par l’âge d’or du rock psyché de la fin des 60’s, Change of State, est un hommage à cette musique d’antan, qu’il tente de ranimer.


L’album s’ouvre sur Does The Island Know et tient son fil rouge bien tendu jusqu’à Seize The Sun. Celui d’une production d’une réminiscence folle des limbes d’America, voire des premières productions de Tame Impala. C’est-à-dire qu’il est rare d’écouter un album où la batterie demeure si discrète, cachée volontairement derrière un tableau de deux guitares lui aussi peint par un instrument maître : la voix. Ce dernier, joker d’un jeu bien intriguant, apparait inopinément au coeur de chacun des morceaux. Parfois, la voix laisse aux instruments le plaisir de rugir, mais tout en douceur (Seize The Sun, Elements), parfois, elle surplombe l’ensemble (Four Colours, Change of State). 

Change of State offre aussi son lot de ballades, comme Desert, qui semble annoncer une tempête, qui se rapproche, se rapproche… « Until the end » cantonne la voix, avant un solo mélancolique. Rien y fait, le build-up n’était qu’un mirage, puisque l’album ne sort jamais de ses gonds. En restant bien concentré autour de ce son « timide », Novella ne prend pas le risque du hors-sujet (il est pourtant parfois bienvenu !). A Thousand Feet en est l’exemple parfait. Le morceau le plus long de Change of State, mais aussi celui qui inaugure la seconde partie, retrace le même schéma… Ou presque. Thun est empli de rage. D’une maîtrise folle, le morceau représente l’album en 5 minutes. Le refrain, explosion où les riffs poursuivent l’écho de la voix, sonne diablement juste. Vient finalement le regret.

Puisque Change of State a beau être un second album plus mature que ce grand frère (dit comme ça, c’est forcément paradoxal), il n’en demeure pas moins frustrant. Le coup de génie est encore à définir pour Novella, qui grandit à sa propre vitesse. Si perdure le crescendo que le groupe continue d’emprunter depuis le début de sa carrière, on donne notre main (ou oreille) à couper que l’avenir n’en sera que plus resplendissant.

Tracklist

Does The Island Know

Change of State

Desert

Elements

A Thousand Feet

Thun

Come In

Four Colours

Side By Side

Seize The Sun

Nos morceaux favoris : Change of State, Thun, Seize The Sun…

La note : 7/10

 

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