Dutch Uncles – Big Balloon

Et de cinq pour la formation venue de Marple ! Dutch Uncles nous présente une nouvelle pastille pop-rock qui carbure dans la simplicité, sans exclure un effet secondaire entêtant. 

Il commence fort. Un riff de basse entraînant, qui donne le « la ». Les voix surgissent, pleines de couleurs, légèrement saturées. Autre corde, celle de la guitare, vient bousculer le premier refrain de Big Balloon. Les rives anglaises sont visibles, indéniables à l’ouie. Une « vibe » qui saura envahir la totalité de ce cinquième album. Si Dutch Uncles s’est toujours comporté comme un électron insaisissable de la scène britpop, son nouvel effort ne prétendra aucun dépassement. Une pierre neuve sur un édifice bien rodé. Vient le single surpuissant Baskin’. Bien dans sa peau, le morceau nous ramène deux ans en arrière, lorsque Franz Ferdinand s’associait au mastodonte Sparks. FFS, ça s’appelait. Pour ne rien vous cacher, Dutch Uncles semble le rejeton parfait de ce super-groupe (qu’on aimerait voir revenir, un jour). La bande de Marple continu son sillon qui les est dédié, armé de sa fameuse fougue. Toutefois, la perle se cherche, sans cesse, dans cet album très (trop) court.

Combo Box fait irruption comme le vilain petit canard… pour son bien. L’explication, la voici : c’est dans ses inspirations que le groupe tire ses plus belles percées. Encore une fois, le souffle FFS fait bon ménage. A cela peut-on rajouter une pincée très Hot Chip, notamment en ce qui concerne la voix suave de Duncan Wallis. Même sensation pour Same Plane Dream. Le morceau tient excellemment bien de son nom. Le rêve, on le vit, on l’entend : « I can’t give up » chante Wallis avant de s’envoler. Naturellement, on s’envole aussi, maniés par une voix aux tremblements contrôlés, à la Morrissey. Le sommet que l’on attendait tant ! Un piano éthéré accorde le chapitre suivant. Achameleon est une ballade sans prétention, où règnent des violons au coeur d’un question-réponse. Les instruments se répondent, impulsés par un choeur crescendo, qui clôt l’ensemble.

La deuxième moitié de Big Balloon tient autant d’ingéniosités que de surprises. Dotés de facilités mélodiques, les morceaux s’enchaînent, sans commune mesure. Efficace. Hiccup respecte le cahier des charges, tout en proposant une déconstruction habile du « hit » formaté. Son côté seventies, Dutch Uncles l’assume amplement. Preuve : Streetlight. Indice : guitare et delay. Le morceau tente même de dépasser les 4 minutes, ce qui est (forcément) le bienvenue. L’initiation du délire pop-rock-funky-psyche qu’est Big Balloon se permet une pause : celle d’Oh Yeah, un peu rétrograde. Tout est pardonné avec Sink et Overton, deux fins bien méritées et agréables. L’une semble plus optimiste et très électro. L’autre détient la médaille de l’expérimentation. Elle s’ouvre sur un synthétiseur pleurant, puis se découvre petit à petit jusqu’à exploser. Mention spéciale à une batterie ultra-efficace.

Big Balloon est un ami plutôt fidèle. Facile à écouter, à appréhender, à retenir, il détient quelques joyaux qui embelliront (on l’espère) votre quotidien musical. Ce qu’il y a de remarquable, dans ce dernier Dutch Uncles, c’est la capacité à proposer un propos global simple, mais teinté de pièces complexes, qui se suffisent à elle-même. Un manque de cohérence, peut-être, mais qui ne fait pas tâche, qui ne choque pas. Dutch Uncles aura sûrement, au fil des expériences, la statuette de la pop britannique, diversifiée et passionnée par les anciens.

Tracklist

Big Balloon

Baskin’

Combo Box

Same Plane Dream

Achameleon

Hiccup

Streetlight

Oh Yeah

Sink

Overton

Nos morceaux favoris : Same Plane Dream, Overton, Streetlight

La note : 8/10

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