Tall Ships – Impressions

Avec Impressions, Tall Ships sort d’une longue tempête musicale et humaine. Tels de vieux marins exhibant leurs nombreux tatouages et autres cicatrices, témoins d’existences tumultueuses ; les musiciens de Brighton se mettent à nus dans ce deuxième opus. A défaut d’être révolutionnaires, leurs nouvelles compositions sont un condensé d’honnêteté et d’émotions.

Quatre ans se sont écoulés depuis la sortie de Everything Touching, une période d’absence durant laquelle Tall Ships a bu la tasse avec l’abandon de sa maison de disques et de son management. Pris dans cette tourmente, le navire aurait même pu sombrer après de maints déboires financiers et créatifs, mais il ne faillait pas sous-estimer la ténacité de nos matelots. Impressions, l’album de l’après tempête, cristallise ce retour avec sa franchise et ses imperfections.

Avec une volonté de ne jamais perdre le nord, nos moussaillons sont devenus phénix le temps de ce disque entièrement auto produit. Renaissant de leurs cendres dans une industrie musicale complexe, les quatre galériens n’ont cessé de tourner et d’écrire avec les moyens du bord. Finalement, à force de persévérance, ils ont rejoint le label FatCat Records accueillant déjà leurs collègues écossais de We Were promised Jetpacks (avec qui une certaine similitude sonore existe).

A l’écoute de ce nouvel essai, l’ambiance est loin d’être au beau fixe. C’est avec une certaine lucidité que ces musiciens, emmenés par leur capitaine et chanteur Ric Phethean, livrent neuf plages bercées entre noirceur et éclaircies synonymes d’optimisme comme pour conjurer le mauvais sort. L’ouverture Road Not Take, morceau calme aux premiers abords, plonge immédiatement l’auditeur dans cette atmosphère brumeuse jusqu’à la rupture où les britanniques jouent avec une spontanéité déconcertante. Cette ligne directrice de tension et de fragilité sera présente tout le long de l’album.

Oubliant son identité math-rock originelle, Tall Ships a musclé sa carrure et s’aventure à plusieurs reprises vers des contrées houleuses. Tout d’abord, le punchy mais agréable Will To Life dérive vers un rock formaté pour conquérir un public plus large. Cette impression se confirme avec le mélodieux Petrichor.

Sur Medications On Loss, c’est l’artillerie lourde qui est de sortie : avec une ligne rythmique, toute en puissance et en avant, à laquelle se confondent synthétiseurs vaporeux, guitares acérées et nappes vocales confuses ; l’ensemble crée une impression d’urgence et noisy rappelant les débuts d’Editors au temps de The Back Room.

En voulant s’affirmant, les anglais ont quelque peu perdu de leur subtilité d’antan au profit d’une production puissante. Heureusement qu’il subsiste des pépites moins démonstratives telles que le dépouillé Lost & Found, avec son introduction au piano rappelant Coldplay à l’époque de X&Y ; Home avec son crescendo et le sublime final Day By Day retrouvant la créativité du premier EP, There Is Nothing But Chemistry Here.

Au final, Impressions est un disque bourré d’ambitions et de débrouillardises. Façonné dans un esprit DIY, ces titres ont la capacité à faire résonance auprès d’une nouvelle audience. A force de naviguer à vue dans le tourbillon de leurs talentueuses références, les britanniques se sont quelque peu égarés mais ont tout le potentiel pour retrouver le bon cap.

 

Tracklisting :

Road Not Taken

Will To Life

Petrichor

Home

Lucille

Meditations On Loss

Sea Of Blood

Lost & Found

Day By Day

 

Nos morceaux favoris :

Road Not Taken, Lost & Found, Day By Day

 

La Note : 7,5/10

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