Villette Sonique 2018 : Mogwai, Jon Hopkins, Flamingods… nos coups de coeur

Du 25 au 30 mai, la nouvelle édition des Villette Sonique nous a présenté un line-up prestigieux et éclectique. Nous y étions 

James Holden

James Holden avait la lourde tâche d’ouvrir les hostilités en attendant les rouleaux compresseurs Mogwai et Jon Hopkins, héros de la soirée. L’anglais a heureusement réussi à tirer son épingle du jeu et à bluffer une grande halle de la Villette encore amorphe en ce début de soirée.

Ainsi, James Holden est venu bien accompagné : batteur, percussionniste, trompettiste et saxophoniste, tous les 4 sont là afin d’apporter une touche organique aux nappes synthétiques du DJ anglais. Et la symbiose fonctionne : aux transes hypnotiques délivrés par James Holden s’ajoutent des batterie et percussion en pleine synergie et des cuivres à pleurer, délivrant une nuance bienvenue et faisant corps avec le mur de sons qui s’offre à nous.

James Holden se veut alors être le messie d’une transe anarcho-tribale irrésistible qui emporte vite une Villette impressionnée. Il faut généralement quelques secondes à la machine Holden pour se lancer et laisser ses Animal Spirits aller à ses expérimentations, sans jamais perdre de vue la recherche d’une harmonie constante. Après 45 minutes, cette intense communion nous laisse sur les rotules, prêts à accueillir les titans Mogwai.

Mogwai

C’était ce que nous attendions le plus de cette édition. D’abord par-ce qu’il est rare de vivre l’expérience Mogwai sur scène, et aussi par-ce que leur dernier album, Every Country’s Sun nous avait plutôt plu. En douze morceaux, soit presque 1h45 de set, le groupe a transporté son public, sans pour autant le transcender. Puisque si Hunted By A Freak a ouvert le concert timidement (le son n’était pas excellent), on regrette un master générale plutôt en deçà des capacités de Mogwai. Le son était ample, parfois saisissant (Party in the Dark, Remurmered, Mogwai Fear Satan) et Mogwai a distillé son concert des morceaux les plus récents (en boudant la magnifique bande-originale de la série Les Revenants). Aujourd’hui, le quintet n’a plus rien à prouver, si ce n’est continuer à perdurer l’héritage du post-rock qu’il aurait lui-même instauré.

Même si la performance n’a pas été la plus impressionnante, la puissance sonore du groupe, son aura indéniable, son sens de la structure et sa tenue scénique auront suffi à tenir en haleine le public de la Villette Sonique.

Jon Hopkins

On n’imaginait pas Jon Hopkins et ses seules platines passer après la tornade Mogwai, et pourtant. Venu défendre Singularity, le DJ anglais a livré un set tonitruant et sans concessions.

Faisant part belle à son dernier effort, le musicien enchaîne sans ciller des titres comme Singularity, Emerald Rush et Neon Pattern Drum. La galette Singularity est évidemment de mise, malgré une construction un brin répétitive, proposant une montée en puissance dans une première moitié logiquement suivie par explosion et un déluge de basses. La recette propose heureusement quelques bienvenues variations dans son sein afin de ne pas laisser s’installer la monotonie.

Bien aidé par un light-show efficace et une scénographie aux impressionnantes animations, Holden frôle le trop-plein de Singularity avec Everything Connected ; juste le temps pour revisiter ses anciennes compositions, pour le plus grand bonheur du public. Open Eye Signal, Collider, Magnets, … Gageons que les caissons de résonance ont tapé dans les oreilles des spectateurs bien longtemps après la fin du show proposé par Jon Hopkins, décidément comme pas deux.

Flamingods

C’est par cette agréable après-midi ensoleillée que la formation s’est produite sur la scène de la Prairie du Cercle Nord. Guitare, batterie, claviers, voix éthérées : la grande messe Flamingods pouvait débuter.

Partagé entre Bahreïn et l’Angleterre, le groupe profite de cette multiculturalité pour profiter un mélange garage et virtuose où les mélodies trouvent en leur sein l’énergie et la beauté suffisantes pour irradier et laisser ses interprètes jammer dessus avec une énergie et un plaisir communicatif.

Jamais avares, les musiciens nous remercient régulièrement de notre présence et de leur plaisir d’être ici, pour mieux par la suite délivrer des compositions entraînées et inspirantes, poussant les plus motivés à tenter de timides pogos dans l’inerte foule. Le concert attend évidemment son sommet avec un ultime morceau/jam d’une quinzaine de minutes, frénétique, hypnotique, implacable. Le groupe s’en va comme si de rien n’était ; nous restons, nous, sous le choc.

Kelly Lee Owens, électro(n) libre  

Parfois, un festival est l’occasion parfaite pour découvrir des nouvelles figures, qui peu à peu deviendront grandes. Et on donne nos oreilles à couper que Kelly Lee Owens en fait partie. La musicienne, qui a sorti son premier album éponyme l’an dernier. Munie d’un panel de platines, elle nous a impressionné d’un concert puissant et surtout jamais ennuyant.

Très communicative, Owens possède sa scène, donc son public. Entre Spaces et Keep Walking, le concert change sans cesse de visage : aux abords de la transe, tout vire finalement dans de l’électro expérimental en constante évolution. Une touche par-ci par-là et le morceau se dessine un nouveau visage. Owen pianote, tape de ses baguettes sur des pads, programme des boucles… et surtout : elle chante. Et sa voix est profonde, angélique. Inoubliable ? Sûrement, et ça donne surtout envie de se remettre dans cet album, tête la première dans son univers.

Hookworms, 

Venu défendre son quatrième album Microshift, Hookworms a fait irruption sur la scène du Périphérique avec énergie. Fondé sur des bases noise, le groupe a su s’en détacher et espacer son répertoire de différents genres, tous autant tapageurs : garage rock, un peu de psyché, et un sérieux attrait pour l’électronique.

Sur scène, cette folle diversité se ressent jusqu’à la moelle, chaque morceaux étant taillé pour correspondre à cette formule (même les plus anciens, qui s’incorporent à merveille). Sans jamais nous perdre, Hookworms prend son pied sur l’immense Negative Space, qui propulse Static Resistance jusqu’au grand final. Ce déraillement de guitares nous convient, et engendre la bonne dynamique pour le reste de la journée.

 

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