Two Door Cinema Club @ L'Olympia

Two Door Cinema Club et Circa Waves rallument l’été à l’Olympia

Les Irlandais étaient de passage à l’Olympia de Paris le 23 janvier pour faire rayonner leur pop estivale sur la grise capitale. Avec eux, les brillants Circa Waves. Récit.

Qu’on se le dise, cette décennie 2020 qui commence par une promesse de troisième guerre mondiale, un virus qui sévit en moins de temps qu’il n’en faut pour dire atchoum, et une météo médiocre, ça ne semble présager rien de bon. Janvier : 31 jours. Ressentis : 78. Pourtant, un village peuplé d’irréductibles Gaulois semble résister encore et toujours à l’envahisseur… bienvenue à l’Olympia, un soir de semaine, où l’on s’apprête à rallumer l’été pour deux petites heures au son d’un lumineux Sun de Two Door Cinema Club ou d’un très estival T-Shirt Weather de Circa Waves. 

Circa Waves — une première partie qui a des airs d’headliner

Il est 20h07 lorsque les lumières de l’Olympia s’éteignent. La salle, qui n’affiche pas complet ce soir là, est pourtant déjà bien remplie pour une première partie. Alors que les parisiens bravent la nuit fraîche à pied en ces temps sombres de grève (on exagère à peine), Circa Waves a su ramener les curieux. Si le public n’est, aux premiers abords, de loin pas acquis à l’indie rock des Liverpuldiens, il se dérouillera, chanson après chanson, jusqu’à se laisser joyeusement porter par les refrains faciles d’un Stuck In My Teeth ou du tube de l’été T-Shirt Weather

Circa Waves @ L'Olympia
Kieran Shudall, nouveau chouchou des Français

Pari gagnant

Les Anglais livrent leur riffs avec une aise très agréable, qui nous surprend à chaque fois : pourquoi Diable, avec ce niveau de professionnalisme, n’ont ils pas encore « percé » en France? Leur prestation, quoiqu’un peu mécanique, est digne de ceux qui s’affichent en grandes lettres rouges sur le boulevard des Capucines. Les chorégraphies de Sam Rourke à la basse pourraient à elles-seules tenir le spectacle, tandis qu’on a très envie d’headbanger avec Colin Jones derrière la batterie (mais le public, encore un peu timide, ne s’accorde pas ce plaisir). Certes, on pourrait reprocher au quartet un petit manque de fluidité (les chansons se coupent et peinent parfois à s’enchaîner) et des interactions avec le public un peu convenues (mais les « merci beaucoup » sont livrés presque sans accents, on est charmés). Pour compenser, la bande à Kieran Shudall nous offre l’exclusivité du pop-rock et très bon Be Your Drug, notre extrait favori de Happy, la première partie du double album qu’ils viennent défendre ce soir-là.

Circa Waves @ L'Olympia
Jacqueline oh!

Quelques verres de vin plus tard, c’est Times Won’t Change Me, emmené par un riff au piano conquérant (et qui a le don de vous rester en tête pour une semaine) qui retiendra l’attention du public parisien. Le groupe a choisi de miser sur ses titres les plus énergiques pour gagner l’intérêt et le coeur d’un public venu essentiellement applaudir la pop de Two Door Cinema Club. Enfin l’efficace Jacqueline, dernier single du groupe, a pu surprendre le public autant par sa pêche que par son nom (nul doute que beaucoup y aient vu une dédicace à leurs grand-mères). 

Il faudra revenir!

Si on a été à la Maroquinerie en octobre, on ne peut pas s’empêcher de rester un peu sur sa faim à l’issue du set de 10 titres. Où est le teenage-angstesque The Way We Say Goodbye, le gentil « wall of death » pour célébrer T-Shirt Weather? Sûrement réservés à ceux qui, conquis (ils sont nombreux), se déplaceront pour le prochain headline show de Circa Waves dans la capitale. 

Two Door Cinema Club — pas plus ni moins

A l’entracte, on ne résiste pas au plaisir de goûter aux conversations de nos voisins dans la fosse. Ca parle anglais, espagnol et français.. Visiblement, on n’est pas les seuls à être venus pour reprendre une ration de pop électrique dont on s’était délecté sous 40°C à Rock En Seine l’été dernier. Ceux-ci ne seront pas déçus. 

Show et réchauffé

Car c’est un set quasi identique à celui offert au Parc de Saint Cloud en août dernier que les Irlandais sont venus présenter. Même entrée sur scène un peu chelou. Même compte à rebours faussement loupé. Même éternel col roulé de laine orange (what the, and I can’t stress this enough, fuck Alex?!). Identiques lights rouges et bleues (l’écran géant un peu psyché en moins, à notre grand regret) qui plongent l’Olympia dans un univers très 3D. Ces lumières bleues et rouges sont là pour rappeler l’univers graphique de False Alarm, leur dernier opus en date (2019), venu confirmer le virage électro pop entamé avec Gameshow en 2016. Ayant laissé les fans (et notre chroniqueur Hugo) plutôt tiède, TDCC semble en avoir tiré une leçon. Seules quatre chansons de l’album seront jouées ce soir là, noyées par les intemporels hymnes du groupe. 

Two Door Cinema Club @ L'Olympia
et les lumières furent.

Exception à la règle, le show s’ouvre sur Talk, premier extrait de False Alarm, un choix risqué mais percutant. Il faut dire que ce single accrocheur et sautillant, modelé pour les radios, fonctionne très bien comme opener. Il n’en faut pas plus pour que le public fasse trembler d’un même tempo le plancher de l’Olympia : le ton est donné. TDCC semble avoir choisi avec soin les titres de False Alarm qui avaient leur place dans ce set. Mention spéciale pour Dirty Air, dont le jeu stéréo parfaitement exécuté par Sam et Kevin convainc le public.

Two Door Cinema Club @ L'Olympia
Blanc sur rouge, rien ne bouge…

Les tubes à la pelle

Les vieux de la vieille ne seront pas en reste : le trio placera Undercover Martyn en début de set, ici pour rappeler que l’indie pop d’il y a 10 ans a toujours autant sa place sur la scène pop électro de 2020. Nombreux seront ces hymnes pour lesquels le public parisien s’est majoritairement déplacé. L’ovni I Can Talk, l’imparable What You Know ou encore l’inéluctable Bad Decisions… Tous donnent à voir un Alex Trimble assuré, très à l’aise dans sa position de frontman — à des années lumières de la timidité qu’on lui a connu jadis, et loin des passages à vide que le rouquin s’est vu reprocher il y a quelques années. Se distribuant le micro à tour de rôle pour introduire les chansons, on sent que chacun des membres a trouvé sa place hors du confort du studio. Même si l’on ne pourrait pas qualifier la prestation de chaleureuse, encore moins de complice, on apprécie voir ce groupe donner au public ce qu’il est venu chercher. Soit une bonne humeur diffusée en bleue et rouge par des mélodies généreuses et solaires.

Two Door Cinema Club @ L'Olympia
Kevin Baird, très investi dans son show

Merveilleux quoique trop court final

Solaire, c’est ainsi qu’on pourrait qualifier le set des trois irlandais (accompagnés de leur deux tourneurs). Ce n’est donc pas autrement que TDCC aurait pu clôturer son passage sur les planches de l’Olympia : le triomphant Sun finit de réchauffer l’atmosphère déjà bouillante. Le refrain aux couleurs nostalgisantes (and though, it might be too late, what would you say? what would you say? what would you do?) explose au son des cuivres qui réhaussent les derniers refrains. On désespère toujours que les samples de ces derniers soient un jour remplacés par une section cuivre en chair et en os. Véritable cerise sur le gâteau, le titre clôt dans la bonne humeur un très beau concert. On ne peut en revanche que déplorer les salutations très brèves (on sent le trio pressé de regagner les coulisses), et pleurer l’absence d’un rappel, alors que le public n’est pas avide d’applaudissements. Pas plus, ni moins, Two Door Cinema Club a distribué 1h15 de bonne humeur ce soir. Et très brièvement, rallumé un peu l’été.

Déjà nostalgiques? Retrouvez les photos de la soirée dans notre galerie ou la Sound Of Brit Session de Circa Waves avec Times Won’t Change Me en version acoustique.
Encore un peu de lecture? Replongez vous dans notre chronique de False Alarm (Two Door Cinema Club), celle de Happy (Circa Waves), ou notre interview de Two Door Cinema Club réalisée en juin dernier.

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