Crédits : Sam Crowston / The Lathums

Pourquoi il faut se jeter sur la tournée française des Lathums

Les nouveaux chouchous de l’indie poprock seront de passage en France début juin prochain.  

« Si tu veux mettre une pièce sur un groupe taillé pour écrire la prochaine décennie, mise tout de suite sur The Lathums. » C’est ainsi et sans détour qu’on vous incitait à foncer sur les chouchous de notre liste des Ones To Watch en 2020. Les quatre lads d’une petite vingtaine de piges n’ont pas arrêté de nous charmer l’oreille, single après single, tant la maturité de leur son, la justesse de leurs mélodies, et leur côté DIY sont prometteurs. 

On ne manquait déjà pas d’arguments quand on vous les a présentés dans notre Qui Es-Tu dès la fin de l’été. Ce n’était donc qu’une simple confirmation qu’on est venus spécialement chercher lors de leur passage à Londres la semaine dernière. Bref, de quoi vous ramener les ultimes arguments pour vous convaincre de vous jeter sur leur tournée française, prévue pour début juin et qui vient d’être annoncée :

LES LATHUMS SERONT DE PASSAGE…

  • le jeudi 04/06 — Supersonic Club (Paris, 75) (c’est gratuit!)
  • le vendredi 05/06 — Le Poche (Béthune, 62) 
  • et plus si affinités… 

La France, les Lathums l’avaient d’ailleurs placée au coeur de leur dernier single, Fight On. Ce dernier évoque la résistance française sous l’occupation nazie, et vise à rappeler que la répression est aujourd’hui susceptible de prendre d’autres visages.

Crédits : Cécile M / Sound Of Brit

Qu’est ce que ça donne en live?

Notre review du concert du 13/02/20, à Omeara (Londres)

Caché dans une ruelle sous un pont du quartier de Soutwhark, se trouve un tout petit caveau en pierre, Omeara. On est instantanément charmés par le cachet de l’endroit. On le sait déjà, il est peu probable que les Lathums rejouent à nouveau dans une si petite salle à l’avenir, et on se sent privilégié d’être dans l’intimité de ce club londonien. Le guichet est fermé ce soir (les billets se sont arrachés en moins d’une heure) et déjà s’entrechoquent les bières des jeunes Anglais amassés près de la scène, visiblement aussi impatients que nous. 

Les premières parties donnent le ton de la soirée

Classes à tous points de vue, les Lathums prennent le parti de ne pas annoncer leur heure de passage afin que la foule se déplace suffisamment tôt pour encourager les premières parties. Chapeau pour la belle initiative. Ce soir là, ce seront Louis Croft (le prochain Jake Bugg, venu de Nottingham) et Dirty Laces (un rock de garage nerveux de Manchester qu’on vous présentait ici) qui auront le privilège de préchauffer la salle. Ces derniers s’illustrent dans une énergie indéniablement mancunienne — dirty dans l’intention peut être, mais avec une construction musicale très propre qui révèle une rythmique efficace et des talents vocaux certains. 

L’audience ne s’arrêtera pas vraiment de danser après le départ des Dirty Laces sur scène, et continue de s’enlacer, s’entrechoquer, s’égosiller au son de Slide Away d’Oasis ou de Mardy Bum des Monkeys. Quand on est Français et qu’on a l’habitude des timides foules parisiennes, on ne peut qu’être conquis par la vigueur de ces Anglais chauffés à bloc. 

Be ready for the time of your life

21h15, les lumières s’éteignent. Sur leurs réseaux sociaux, les quatre de Wigan avaient prévenus leurs followers, il fallait préparer le concert en écoutant Caravan Of Love des Housemartins
Il y a quelques mois encore, les Lathums complétaient justement leurs sets dans les bars locaux par des reprises d’Oasis, des Arctic Monkeys… C’était avant de sortir leur délicieux EP éponyme. Désormais, plus de places aux réécritures live des grands qui les ont inspirés, c’est avec leurs propres chansons que les Lathums entendent séduire leur public. Pas de reprise de Caravan Of Love inscrite sur la setlist, donc. Ce sera en fait le magnéto d’entrée sur scène du groupe. Très bon choix, tant les paroles de Paul Heaton  (« be ready for the time of your life ») s’avèrent prémonitoires. Attention, grosse claque ahead.  

Crédits : Sam Crowston / The Lathums

Alors que la batterie de Ryan Durrans commence par installer un tapis de mystère, éclate enfin le vertigineux riff de Villainous Victorian. La liesse est instantanée. Le titre, offrant un classic rock sévère yet dansant, est impeccable en opener. Il révèle déjà la maîtrise live de ces quatre garçons qui livrent, tous, un jeu très assuré. Alors que le public s’embrase dans les « ay ay ay » à l’apogée du refrain, les Lathums gardent une humilité concentrée qui ne les quittera plus. Cette humilité que certains auraient pu interpréter comme une forme de timidité (ils ont 20 ans et c’est leur première tête d’affiche, rappelons-le) s’avère en fait être de la classe à la britannique. Purement, et simplement.

Une flopée d’hymnes

Fight On, le prochain track, n’est sorti que depuis deux semaines. Deux. Immense est notre surprise de pouvoir le lire sur toutes les lèvres et s’incarner dans tous les poings qui s’élèvent de la fosse. C’est là qu’on comprend l’envergure du phénomène Lathums : chaque chanson sera un nouvel hymne pour le public.

La force de la performance des Lathums réside à bien des endroits, mais on est tentés de citer la puissance vocale d’Alex Moore son frontman en premier lieu. On est scotchés par l’aisance du jeune homme qui, caché derrière ses lunettes rondes, n’hésite pas à aller décrocher sans effort des fins de phrases dans le registre des aigus. Son grain de voix enjoué et vibrant, et sa performance déjà très franche accompagnent un ton pourtant sévère qui plaquent les mélodies dans le fond de votre estomac. C’est bluffant. Et nous ne sommes visiblement pas les seuls à être retournés par sa puissance vocale : alors que résonne l’ultime refrain de Crying Out, le souffle du public se coupe, et les regards ahuris se croisent. « On est en train de vivre un moment historique » se lit sur tous les visages présents. Sans exagération.

Crédits : Sam Crowston / The Lathums

Deux inédits prometteurs seront les bienvenus dans la setlist. Le public suit volontiers ses chouchous, mais il réservera un accueil encore plus particulier à The Great Escape. C’est le single qui a révélé les Lathums sur la toile. On assiste à une exultation touchante dans le public, alors que les uns montent sur les épaules des autres. Gravity feels like a forgotten force to me, et pour nous aussi : si le public avait pu soulever l’épais plafond de pierre ce soir-là, il l’aurait fait. Il lancera des « up the fucking Lathums » (un dérivé de leur étrange slogan Up Fük Lätum), d’encouragement et d’impatience entre chaque chanson, que Ryan accompagnera généreusement de sa grosse caisse.

Bluffant.

La fin du set offrira un Artifical Screen tiré en longueur par les solos virtuoses de Scott Concepcion. Le lead guitariste nous aura charmés tout du long par ses riffs stratosphériques qu’il incarne avec une force tranquille et souriante dans la classe de sa raincoat aux revers tartans, nous laissant croire que son jeu serait presque facile. Le concert s’arrêtera sur cette high note là — nous laissant avec une seule déception : ne pas avoir pu apprécier visuellement le jeu de la batterie, trop reculée dans l’alcôve de la scène. Le section rythmique est remarquable, et incarnée par le bassiste Johnny Cunliffe et le batteur Ryan Durrans : elle aurait mérité d’être mise d’avantage sous les projecteurs.

Crédits : Sam Crowston / The Lathums

Un peu sonné, chacun tente de retrouver ses affaires éparpillées au sol et ses esprits dispersés dans l’air bouillant. On sort de ce concert complètement bouleversé d’avoir pu se faire les témoins d’un phénomène naissant. Believe the hype. Les Lathums sont excellents. Et il faudra continuer d’écrire leur légende au Supersonic à Paris le 04 juin (les détails ici), et au Poche de Béthune le 05 juin (les détails là, les tickets ici) prochains. Pour rien au monde on ne loupera ça!

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